Les signaux sont au rouge. La campagne cotonnière 2013-2014 risque bien d’être catastrophique. Au plus haut sommet de l’Etat, on en est conscient quand bien même on tente toujours de maquiller la vérité.
Sur le terrain, les intrants sont disponibles. Les producteurs ont fait ce qu’ils peuvent en termes d’emblavure. Mais hélas ! Il ne pleut pas. Les pluies sont aussi rares que les crottes de caïman. De Malanville à Zogbodomey en passant par Karimama, Kandi, Banikoara, Ségbana, Péhunco, Kèrou, Ségbana, Sinendé, Djougou, Savalou, Glazoué, Ouèssè, Savè…il ne pleut toujours pas. Les prières et autres libations n’y ont malheureusement rien changé. Cette situation qui commence déjà par inquiéter les producteurs pourrait compromettre dangereusement les résultats qu’escompte le Gouvernement pour le compte de cette campagne cotonnière. Et comme le Chef de l’Etat ne veut rien assumer seul, il a déjà trouvé le bouc émissaire : les changements climatiques. La croix ne sera donc plus portée par Patrice Talon, mais par le ciel qui n’a pas fait tomber suffisamment de pluies pour arroser les champs. Cela paraît bien curieux que ce soit maintenant que le Chef de l’Etat s’en rende compte ; alors que depuis des années, des études ont révélé que le Bénin est soumis à des perturbations climatiques qui ne nous autorise plus à nous aventurer dans la production de certaines spéculations agricoles. Il suffisait au Chef de l’Etat et aux cadres qui l’entourent de maîtriser ces réalités pour comprendre qu’il y a une période pour produire le coton ; et que lorsque cette période passe, il est inutile de faire du forcing. Question rouge : quels résultats veut-on vraiment avoir lorsque ce n’est que la semaine écoulée que le Directeur général de la Sonapra a mené une opération d’évacuation des engrais des magasins de l’Ocbn à Parakou vers les producteurs ? En tout cas, entre ce que les ministres ont constaté sur le terrain et dont ils ont rendu compte au cours du séminaire gouvernemental des 19 et 20 juillet 2013 (voir extrait ci-dessous) et ce que le Chef de l’Etat lui-même constate depuis quelques jours sur le même terrain, il y a vraiment de quoi s’inquiéter pour la suite. Même s’il pleut aujourd’hui comme ce fut le cas hier soir à Parakou, on ne peut plus rattraper le temps perdu pour espérer que les semences vont germer pour combler les attentes.
Extrait conseil des ministres des 19 et 20 juillet 2013
Les Ministres se sont réunis en séminaire gouvernemental les vendredi 19 et samedi 20 juillet 2013 sous la présidence effective du Président de la République, Chef de l’Etat, Chef du Gouvernement.
Le séminaire gouvernemental a connu la participation des membres de la Conférence de Cabinet du Président de la République, des Directeurs Centraux du Ministère de l’Economie et des Finances, du Directeur Général de la SONAPRA, des Directeurs centraux et Coordonnateurs de projets du Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche.
Les travaux ont porté essentiellement sur :
• le compte rendu des tournées gouvernementales effectuées du 12 au 16 juillet 2013 pour évaluer la mise en place des intrants coton et vivriers dans toutes les communes du Bénin ;
• l’examen de la mise en œuvre de la stratégie de réforme 2013-2016 de l’administration douanière et portuaire.
De la synthèse des comptes rendus présentés par les Chefs des délégations ministérielles, il ressort que d’importants problèmes minent encore le bon déroulement de la campagne agricole 2013-2014 en cours. Il s’agit entre autres :
- de la baisse de la pluviométrie ayant créé par endroits des poches de sécheresse s’étendant parfois à plus de 20 jours dans certaines localités ;
- de la mise en place tardive des intrants, en l’occurrence ceux destinés aux vivriers ;
- du retard de paiement des frais de fonctions critiques tant aux producteurs qu’aux agents d’encadrement créant ainsi de la démotivation chez ces acteurs ;
- de la variation ou de l’augmentation fantaisiste des prix de cession des produits de traitement et des semences ;
- de l’indisponibilité des GPS rendant impossible l’évaluation fiable des superficies emblavées, faussant de ce fait les statistiques ;
- l’indisponibilité des appareils de traitement ;
- le non-paiement des transporteurs ;
- le faible taux de germination des semences ;
- l’absence d’infrastructures de stockage.
(…)
Fait à Cotonou le 20 juillet 2013
Le Secrétaire Général du Gouvernement,
Eugène DOSSOUMOU