Le chef de l'Etat affiche pourtant sa ferme détermination à faire aboutir ses réformes économiques dont la réalisation objective sera, à coup sûr, salutaire pour notre démocratie. En suspendant tout son gouvernement, le président de la République vient certes de poser un acte courageux, mais il traduit aussi l’expression d’un cuisant échec des actions menées par toute l’équipe gouvernementale. Il n'est certainement pas aisé de faire à l'étape actuelle, un bilan des actions menées par ce gouvernement que le chef de l’Etat vient de suspendre en entier hier. Cependant, un bref tour d'horizon permet de relever quelques points qui peuvent permettre de justifier cette décision par le fait que le pays traverse une crise économique d’une grande ampleur. La carte de visite du Bénin comporte plusieurs mentions.
Au nombre de ces mentions, on note : la mauvaise gestion du secteur du coton, le Programme de vérification des importations-Nouvelles générations, les procès et la gestion des scandales. Au plan politique, social comme économique, d’importants dossiers, aussi sensibles les uns que les autres, ont marqué le quotidien des Béninois ces derniers mois. Tout ceci s’est caractérisé par la mévente des femmes des marchés, la souffrance quotidienne des populations, la dégradation de l’environnement des affaires, la fronde sociale. A ces problèmes, viennent s’ajouter la difficulté qu’ont toutes la plupart des sociétés d’Etat en général à décoller véritablement. Pour exemple, on peut citer le cas de la Société nationale de commercialisation des produits pétroliers (Sonacop), la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnss), la Société béninoise d’énergie électrique etc. Le récent signe qui peut conforter la thèse de la morosité économique comme une raison valable, reste la sobriété dans laquelle la célébration de la fête de l’indépendance a été célébrée sur toute l’étendue du territoire national. Toutes les mairies ont reçu chacune 200.000 FCFA pour l’organiser à leur niveau. D’après un récent rapport de la Banque mondiale, le Bénin fait partie des pays les plus pauvres du monde avec un Produit intérieur brut (PIB) par habitant de 698 dollars américains en 2012 et un Produit national brut (PNB) de 14, 87 milliards et se classe au 137ème rang mondial". Le panier de la ménagère continue de se vider du fait de la régression permanente du pouvoir d'achat des Béninois et de la paupérisation ambiante des classes moyennes. De même, la récurrente question de la lutte contre l'essence de la contrebande, communément appelée "Kpayo" a une fois encore mobilisé les énergies du pouvoir qui peine à en trouver la bonne formule. Le délestage fait toujours la ‘’une’’ des journaux et le calvaire des populations. La centrale électrique à gaz construite pour produire 80 mégawatts à Maria Gléta dans la commune d’Abomey-Calavi n'est toujours pas opérationnelle et le déficit énergétique devient de plus en plus criard. Voilà tout cet ensemble qui montre que l’un des motifs de cette suspension collective peut-être liée à la profonde crise économique. Briand DJOKO.