Sueur froide pour les sympathisants du mouvement « Mercredi rouge » à Porto-Novo mercredi 07 août 2013. La cinquantaine au total, ils ont été dispersés sur l’esplanade du stade Charles de Gaulle de Porto-Novo par une horde de policiers. Dans la foulée, 22 manifestants ont été arrêtés puis déposées au Commissariat central de la ville. Du coup, la situation a pris une nouvelle tournure créant un embouteillage sur l’axe carrefour Urbaine centre-Assemblée nationale pendant plusieurs heures
Dans leur logique de dissuasion, d’autres carrefours notamment ceux de Catchi, Adjarra Docodji et Beaurivage ont été sillonnés par les forces de sécurité en vue de disperser tout regroupement non autorisé. Selon un acteur du mouvement, il ne s’agissait pas de troubler l’ordre public. C’est juste un regroupement spontané et les manifestants ont été envahis par les policiers.
Halte à l’arbitraire
Au Commissariat central de Porto-Novo, la vingtaine de personnes interpellées a subi assez de supplices. Il a été demandé à cinq d’entre elles de se déshabiller pour rejoindre le violon, malgré la protestation de ces dernières et des autres membres du groupe. Il a fallu l’arrivée et l’intervention des avocats puis des membres de « Alternative citoyenne » pour que tous soient relâchés. Mais avant, les conciliabules, l’établissement des procès verbaux, les protestations de plusieurs centaines de partisans du mouvement « Mercredi rouge » restés à l’extérieur du Commissariat ont duré environ cinq heures d’horloge. Les Officiers de police judiciaire et le Commissaire central ont brandi l’argument juridique d’un rassemblement illégal. Ce que les avocats de la partie civile et les mis en cause ont réfuté.
Thobias G. Rufino
(Br Ouémé/Plateau)
Ci-dessous les propos du Commissaire central de la ville de Porto-Novo, Lambert Agblo et de Orden Alladatin, membre de l’Alternative Citoyenne
Lambert Agblo, Commissaire central de Porto-Novo
« Je précise que j’ai été informé mardi dernier par l’autorité préfectorale qu’aujourd’hui mercredi il y aura une manifestation sur l’esplanade de l’Assemblée nationale ou aux alentours. Dans les situations du genre, la manifestation doit être déclarée. Mais le préfet m’a dit qu’il n’a reçu aucune correspondance pour quelque marche que ce soit. Pareil au niveau de la municipalité. Ce qui laisse penser que nous sommes dans une situation de manifestation illégale. Puisqu’en tant que Commissaire central, j’ai en charge la prévention et la répression de tout acte qui trouble l’ordre public, c’est normal que je prenne mes dispositions. C’est pourquoi, très tôt ce matin, j’ai envoyé mes hommes sur le terrain. A cette occasion, on a constaté l’apparition d’attroupement sur la voie publique et étant informé que la manifestation n’était pas déclarée (...), nous avons interpellés quelques-uns. Et qu’on a conduit à notre base. Il a été convenu qu’on procède à leur audition pour les relâcher. Mais je préviens que l’exercice de liberté répond au respect de l’ordre public et de la légalité. Mais en espèce, les réactions des manifestants montrent ce n’est pas de cela qu’il s’agit. La procédure pour de telles manifestations n’a pas été accomplie. Je félicite mes agents pour leurs prestations. Est-ce que vous croyez que quelqu’un qui s’habille et circule en rouge trouble l’ordre public ? J’avoue qu’on n’avait aucun préjugé. On a vu des gens qui se sont attroupés et nous avons agi. (...) Même les véhicules de transport en commun n’ont pas le droit de stationner en désordre. Je ne me suis pas prononcé sur leur motivation mais sur l’ordre public. (...) Apportez- moi les preuves que des gens ont été tabassés.
Orden Alladatin, membre du mouvement « Mercredi rouge »
« (…) Nous étions à Cotonou vêtus de rouge quand nous avons appris que certains militants de l’Alternative citoyenne ont été arrêtés dans le cadre du mouvement « Mercredi rouge ». Certains nous ont appelés pour dire qu’ils étaient en concertation à une place publique devant le tribunal et qu’on les a interpellés. C’est de là que nous nous sommes précipités et nous avons demandé à voir le Commissaire central. Celui-ci nous a reçus et nous a expliqué les raisons pour lesquelles il a dû interpeller les manifestants. Naturellement, le Commissaire a dit que c’était pour prévenir toute entrave à l’ordre public. (...) Nous lui avions dit ce que nous pensions parce que nos jeunes n’ont aucune intention de troubler quoique ce soit. Leur but est de se mettre en rouge et de se faire voir. Ils étaient là en train de se concerter simplement pour qu’il n’y ait pas concentration parce qu’ils ont certains des leurs qui avaient été arrêtés à Abomey-Calavi. Nous n’avons pas de problème avec la Police. A notre avis, la Police est républicaine. Mais nous étions très contents quand le Commissaire central lui-même nous a rappelé l’article 19 de la Constitution. Nous allons faire en sorte que tous ceux qui veulent adhérer au mouvement « Mercredi rouge » le fassent dans la légalité, dans la non-violence. Cela dit, tous les Béninois indignés qui se mettent en rouge ne dépendent pas de nous systématiquement. Nous, on a écouté, on a expliqué et on a remercié les autorités du Commissariat pour avoir accepté de discuter avec nous. »