Le Président de l’Assemblée nationale Mathurin Coffi Nago a au cours de la commémoration de ses deux ans à la tête du Parlement, mis l’accent sur un sujet tout aussi d’intérêt : la vertu politique. L’homme parle de vérité et de fidélité. Des mots bien lourds de sens mais qui manquent de clarification de la part de l’homme. Vérité et fidélité envers le peuple ou envers le Chef ?
A quoi sert-il d’être fidèle et vrai à l’endroit du Chef et menteur vis-à-vis du peuple ? La vertu politique recommandée par le Président de l’Assemblée comporte un flou qui doit être clarifié. L’homme a dit que la politique ne doit pas être le jeu de mensonge, de coups bas et de transhumance, mais une démarche de vérité et de sincérité. Mais il n’a pas dit vis-à-vis de qui le politicien doit être sincère. Si ce n’est que vis-à-vis du Chef qui lui donne une obole pour qu’il continue de le louanger, le politicien dont parle certainement le Président Nago n’aura rien ajouté à la vertu. Il n’aura été qu’un politicien béninois quelconque puisque c’est le fort de la politique béninoise. Le politicien béninois n’a pas de vertu à prouver, il a d’intérêts à défendre. Ce n’est pas un altruiste qui est appelé à courir sans rien, et c’est pourquoi il s’attache, s’accroche, accepte que le Chef le traite de tous les noms, pourvu qu’il ait ce qu’il veut. Sa stratégie est celle du fidéisme intéressé. Il est fidèle au Chef parce que de lui dépend son pain. Il lui reste fidèle parce qu’il vise quelque chose. Lorsqu’il finit d’avoir ce qu’il veut, ou lorsque pour une raison ou pour une autre, le Chef ne lui donne pas ce pour quoi il s’applique tant, la vertu politique disparait. A faire le parallèle, on comprend que la forme de fidélité dont parle le Président, c’est sûrement celui-là. Il suffit de remonter dans l’histoire pour comprendre qu’entre hier et aujourd’hui, le personnage Nago a changé. L’homme soumis au Chef et très peu loquace sous l’autre mandat est devenu subitement disert et très vertueux aujourd’hui. L’homme ayant obtenu ce qu’il voulait est semble t-il maintenant libéré pour faire ce qu’il veut. Comme un oiseau lâché de sa cage, le Président peut désormais jacassé. Il n’y a pas longtemps, l’homme était très fidèle et très soumis. Son slogan était ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire, rester fidèle au Chef quoiqu’il arrive. Rester fidèle même si les décisions du Chef étaient bancales, rester fidèle même si les instructions du Chef étaient vides de sens. Le cadre de l’enseignement supérieur a priorisé dans le temps, les calculs politiciens à la vertu politique et au sens élevé de jugement que lui recommandait son rang élevé. On a découvert par la suite que c’était le prix à payer pour obtenir ce que tout le monde a découvert par la suite et qui lui permet de parler maintenant de vertu. Le Président était fidèle au Chef, parce que fidèle à ses intérêts. Mais était-il fidèle au peuple ?
Le politicien béninois fidèle à ses intérêts mais pas au peuple.
Le Président de l’Assemblée bénit la fidélité politique et prend en horreur la transhumance. Mais il n’a pas parlé de la fidélité vis-à-vis du peuple. Si le politicien et cadre béninois était fidèle vis-à-vis du peuple, le Bénin ne serait plus à cette étape. Combien de projets les politiciens béninois ont amené à leurs villages quand ils étaient au poste. A part les miettes et les sacs de riz qu’ils jettent par moment, on a une idée vague des vraies actions de développement qu’ils ont pu amorcer pour le bien de leurs frères ou de leurs mandants. La fidélité pour les calculs politiciens oui, mais la fidélité vis-à-vis des mandants qui les ont élus, non. Voilà le fort de la méthode politicienne béninoise. L’autre concept surprenant utilisé par le Président est la vérité. L’opinion a toujours désigné le politicien par celui qui ne tient jamais ses promesses. Un homme qui méconnait les siens une fois au perchoir. Un homme qui a des difficultés avec la vérité. Mais le Président Nago parle de vérité. De quelle vérité parle t-il ? La vérité vis-à-vis du peuple ou du Chef. Sans réfléchir on comprend qu’il s’agit de la vérité vis-à-vis du Chef. Au fond, le Président de l’Assemblée n’a vraiment pas d’intérêt particulier avec le peuple.
