Il y a des vérités simples, et qui finissent toujours par devenir réalité. Tel on fait son lit, ainsi on se couche dit l’adage. La suspension qui intervient aujourd’hui est le résultat, à n’en point douter, d’un ensemble de solutions mal négociées. Il s’agit entre autres échecs, des procédures engagées contre ses amis d’alors, dont un certain Patrice Talon, et surtout l’échec de la campagne cotonnière 2012-2013.
Un projet de révision de la Constitution mal engagé, et comme pour couronné le tout, la menace de suspension du financement du second compact du programme du Millenium challenge account, difficilement obtenu par le Bénin. Première observation : il souffle de plus en plus comme un climat de fin de règne sous nos tropiques, climat semblable à un cataclysme annoncé. En clair, Yayi Boni cherche désespérément soit une porte de sortie, ou un second souffle pour redorer son blason. En tout cas, l’impression est forte que le Chef de l’Etat, cerné de tous côtés de problèmes insolubles, cherche à reprendre la main. Y arrivera-t-il ? C’est une autre paire de manches. Toujours est-il, qu’on peut à nouveau observer le caractère quelque peu impréparé de cette dissolution. Est-ce l’aveu d’une faillite générale ? En attendant de savoir jusqu’à quand cette suspension durera, il faut relever que le communiqué diffusé à la télé, ne précise guère qui gère les affaires courantes. Si cette dissolution durait dans le temps, on observera également une rupture dans la gestion des affaires publiques. Des ministères sans têtes, et les affaires courantes laissées sans suite. Dans tous les cas, on a un certain mal à suivre, et à apprécier les gestes et actions du Chef de l’Etat. Ceci faisant, il prête lui-même le flanc aux critiques, et donne en quelque sorte le bâton à l’opposition. Aux erreurs et maladresses, se succède la précipitation. Tout porte à croire que dépassé par les événements, Yayi a adopté une stratégie permanente de fuite en avant. Les Dieux semblent par ailleurs l’avoir abandonné au milieu du gué. La démission du Premier ministre, Pascal Koupaki, un technocrate apprécié de tous, ne peut être interprétée autrement. L’absence de Pascal Koupaki, une caution morale, enlèvera le peu de crédit qui reste au gouvernement. La question se pose alors de savoir autour de quelle personnalité forte la nouvelle équipe s’articulera. Le chat échaudé craignant l’eau froide, la classe politique habituée aux frasques du « yayisme », hésitera à le suivre dans une nouvelle aventure. A deux ans et demi de la fin de son mandat, quel homme politique sérieux, acceptera d’endosser avec Yayi la responsabilité des scandales perlés ayant émaillé son règne. Une fois de plus, « l’homme de Tchaourou » semble aux pieds du mur. Et en attendant, les populations béninoises paieront à nouveau le prix fort de l’improvisation permanente, et de la pagaille instaurée au sommet de l’Etat.