(La preuve de la légèreté de la ministre) La ministre de la Fonction Publique, par une correspondance adressée au Médiateur de la République, a nié sa responsabilité dans la substitution de nom et a éclaboussé deux de ses collaborateurs. Toute chose qui met à nu sa légèreté.
Un pavé dans la marre. C’est ce que vient de faire la ministre Kora Zaki dans sa correspondance adressée au Médiateur de la République au sujet du dernier concours de recrutement d’agents permanents de l’Etat au profit du ministère de l’Economie et des Finances, où des soupçons de fraude mettent en cause la crédibilité des résultats affichés. En effet, dans la correspondance adressée au Médiateur de la République, la ministre Kora Zaki a précisé qu’elle n’a pas signé deux communiqués enregistrés sous le n°49/Mtfp/Dc/Sgm/Dgfp/Drae/Stcd/Sa du 31 décembre 2012. «Le seul communiqué que j’ai signé…porte le nom de Idjouola A.Y. Lydie», a affirmé la ministre avant de jeter la responsabilité sur deux de ses collaborateurs, «…la page portant le nom de Madame Idjouola A.Y. Lydie a été soustraite et remplacée par eux…». Eux, ce sont le Directeur général de la Fonction Publique (Dgfp) et le directeur du recrutement des agents de l’Etat (Drae). Et ils sont les seuls responsables.
Kora Zaki, blanche comme neige ?
Des explications de la ministre de la Fonction Publique, il ressort qu’elle n’est responsable de rien. Elle a opposé une fin de non recevoir à la substitution de page et de noms et a demandé des explications qu’elle serait en train d’attendre de ses collaborateurs. Vu toutes ces déclarations, on est bien tenté de dire qu’elle est blanche comme neige. Mais d’autres faits suscitent des interrogations. Pourquoi la ministre n’a-t-elle pas pris des sanctions administratives contre ses collaborateurs qui ont pris, délibérément, l’importante et sensible décision de substituer une page et des noms des lauréats à un concours ? On se demande encore pourquoi la ministre, pourtant informé de la «fraude», n’a-t-elle pas exigé la correction immédiate du communiqué en attendant les raisons techniques? Et on s’interroge également sur les motifs pour lesquels la ministre n’a pas attendu les raisons techniques de ses collaborateurs qui devraient lui être fournies au plus tard le 15 janvier 2013. C’est-à-dire le lendemain de la rédaction de cette correspondance au Médiateur. Trop d’interrogations qui démontrent de la légèreté de notre ministre et qui sont loin de l’innocenter, encore qu’elle est la première responsable du ministère chargé de l’organisation du concours. Concours dont les résultats ont été tripatouillés par, on ne sait qui.
Le vilain jeu du rejet de la culpabilité sur l’autre
Ce n’est pas moi, ce sont eux. Qui? Nous? Non, c’est plutôt d’autres personnes. C’est bien ainsi qu’on peut interpréter le jeu entre la ministre et ses collaborateurs. La ministre, dans sa lettre au Médiateur, a accusé le Dgfp et le Drae. Le Drae, lors de sa sortie sur la chaîne de télévision nationale, a indexé «des personnes mal intentionnées». Et on est bien curieux de savoir qui, ces personnes mal intentionnées (qui ne vont certainement pas être démasquées comme dans la plupart des cas, par les enquêtes qui se poursuivent encore) vont-elles rendre responsables. Et jusqu’où ira ce vilain jeu de fuite de responsabilité qui se joue entre la ministre et ses subalternes. Encore que, c’est pour la première et peut-être la seule fois dans notre pays, qu’après un scandale, l’autorité n’a pas dit qu’elle ne sait pas.
Kora Zaki sera-t-elle la prochaine candidate de la Haute cour de Justice?
Si la Fédération des syndicats des travailleurs du ministère en charge des Finances (Fésyntra-Finances) a juste menacé, des candidats au concours l’ont fait. Selon des sources concordantes, des candidats au dernier concours de recrutement d’Ape au profit du Mef ont entamé des poursuites judiciaires contre la ministre du travail et de la Fonction Publique. Et l’un d’entre eux aurait été écouté hier par la brigade anticriminelle, sur instruction du Procureur de la République près le tribunal de première instance de Cotonou. Selon nos sources, lors de son interrogatoire, le candidat plaignant a affirmé détenir des preuves de fraudes et de tripatouillage des résultats du concours organisé par le ministère de la Fonction Publique. Il a menacé de les brandir ces preuves.
Avec, ces derniers développements dans la polémique suscitée par le dernier concours de recrutement d’agents permanents de l’Etat, la responsabilité de la ministre Mémouna Kora Zaki Léadi, dont le département ministériel a eu en charge l’organisation du concours, est de plus en plus engagée. Et l’étau se resserre sur la ministre. Celle sous qui a éclaté le désormais scandale «concours de recrutement d’agents». Sera-t-elle la prochaine sur la liste des ministres candidats à la Haute cour de justice ? Seul l’avenir nous édifiera.