Pendant cette période de campagne électorale, les gérants de buvette tirent bien leur épingle du jeu. Ils en font assez de recettes grâce aux militants et responsables des partis politiques.
Arnaud est gérant dans une buvette au carrefour Ekpè dans la Commune de Sèmè-Podji. Il confie que, pendant cette période électorale, il fait de bonnes recettes. « Avant d’aller en campagne, le matin, les hommes politiques amènent leurs militants boire ici. Comme ce n’est pas ces jeunes-là qui paient, ils en profitent pour en prendre beaucoup. Il y a en qui prennent jusqu’à quatre bouteilles de bière… », révèle Arnaud qui se jouit du chiffre d’affaires qu’il fait, ces derniers temps. Au retour de la campagne aux environs de 23 heures, c’est le même scénario. Des responsables du Parti du renouveau démocratique (Prd), des Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe), de l’Union fait la Nation (Un) et d’autres formations politiques influentes dans la 19ème circonscription électorale viennent se requinquer dans la buvette de Arnaud. « La nuit, c’est l’affluence ici. Femmes, hommes et jeunes boivent chez nous… », confie-t-il. Selon ses propos, les recettes de sa buvette ont plus que triplé. C’est pratiquement le même scénario que l’on observe dans maintes buvettes dans la Commune de Sèmè-Podji et environs.
Elles sont le point de départ et d’arrivée des militants des partis politiques en campagne pour les élections législatives. Un responsable politique, rencontré dans une buvette avec ses militants, explique ce phénomène par le manque de siège des partis politiques. « Vous savez qu’il y a des formations politiques qui n’ont pas de siège fiable. C’est dans les buvettes que les militants se rencontrent avant de prendre départ pour le terrain. Au retour, c’est encore là qu’on décide de tout… », précise-t-il. « C’est pour éviter le transport des bouteilles de boisson qu’on préfère que les militants se voient dans les buvettes. De même, c’est là qu’on rencontre des jeunes leaders capables de mobiliser pour vous des
électeurs… », ajoute-t-il.
Effectivement, dans les buvettes, on voit de nombreuses personnes assises autour des tables avec de la boisson en train de mener des débats politiques. Ces gens peuvent y rester jusqu’à une certaine heure. Parfois, leur présence tardive à ces lieux crée le mécontentement dans le rang des femmes serveuses. « Avant-là, on rentrait déjà à minuit.
Maintenant, on rentre à deux ou trois heures, alors que le patron ne paie pas le temps qu’on a perdu. Le lendemain, à 09 heures, nous sommes encore au boulot pour sortir à X heure… », se désole Régina, serveuse dans une buvette de la place. « Parfois, on a des manquants, parce qu’il y a des gens par eux qui ne paient pas. Mais, quand on en parle, le patron dit qu’ils sont clients et que lui veut de l’argent… », ajoute-t-elle. Depuis le lancement effectif de la campagne pour les élections législatives, c’est le chemin de croix pour les serveuses, même si les gérants de buvette en font de bonnes recettes.
Paul Tonon