Hier mercredi 15 avril, au troisième jour de leur visite aux Pays-Bas, précisément à La Haye, dans le cadre du Programme Journalistes-Paix-Sécurité-Justice, les professionnels des médias invités ont mis le cap sur le Palais de la Paix, en plein cœur de La Haye. Un édifice inauguré en 1913 et qui abrite nombre d’institutions de mise en œuvre de la justice internationale.
La visite commence par une rencontre avec Steven van Hoogstraten, le directeur de la Fondation Carnegie, qui a financé la construction du palais, et en assure encore la gestion et l’entretien aujourd’hui. En engageant 1,5 million de dollars dès 1903, Andrew Carnegie répondait au souci du diplomate américain Andrew Dickson White, d’ériger un instrument au service de la justice et de la paix internationale, notamment, à l’origine, au service de l’arbitrage international. Cette idée, l’Américain l’a eue en discutant avec son homologue russe Friedrich Martens. La Fondation qui en est propriétaire, encourage l'organisation de séminaires et autres initiatives visant à favoriser l'idéal de paix et fait partie du réseau philanthropique internationale des institutions Carnegie.
Les institutions internationales qu'abrite le palais
Aujourd’hui, ce palais abrite un certain nombre d’institutions judiciaires internationales comme la Cour internationale de Justice (CIJ), la Cour permanente d'Arbitrage (CPA), l'Académie de droit international de La Haye…dont les participants au Programme ont pu rencontrer, sur place, des responsables. Notamment ceux de la Coalition pour la Cour pénale internationale, de la Cour permanente d’Arbitrage, de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, ou de la Conférence de La Haye de droit international privé.
La Cour internationale de Justice (CIJ) est l'organe judiciaire principal des Nations Unies (ONU). Elle a été créée en juin 1945 par la Charte des Nations Unies et a commencé à travailler en avril 1946. Le siège de la Cour est au Palais de la Paix à La Haye (Pays-Bas). Des six organes principaux de l'ONU, c’est le seul à ne pas être situé à New York (Etats-Unis d'Amérique). Le rôle de la Cour est de régler, conformément au droit international, les litiges qui lui sont soumis par les Etats et de donner des avis consultatifs sur les questions juridiques qui lui sont soumises par les organes des Nations Unies autorisés et institutions spécialisées.
Quant à la Cour permanente d’Arbitrage, c’est un organisme intergouvernemental avec 117 Etats membres. Créée en 1899 pour faciliter l'arbitrage et les formes alternatives de résolution des différends entre les Etats, elle allie aujourd’hui droit public international et droit privé international pour répondre aux besoins de règlement rapide des différends de la communauté internationale.
En ce qui concerne la Conférence de La Haye de droit international privé, c’est une organisation mondiale intergouvernementale. Un melting-pot de différentes traditions juridiques, qui développe des instruments juridiques multilatéraux et répondent aux besoins mondiaux. La mission statutaire de la Conférence est de travailler pour l’unification progressive de ces règles… A son propos, son secrétaire général, Christophe Bernasconi soutient que les conventions qu’elle promeut ont un impact réel sur l’amélioration de la vie des populations, constate que très peu de pays africains en sont aujourd’hui membres, et se donne pour défi de donner plus de visibilité à l’institution en direction de l’Afrique. D’ailleurs, des contacts sont déjà pris avec l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du droit des Affaires (OHADA) pour établir des plages de coopération, renseigne-t-il.
La Coalition pour la Cour pénale internationale (CCPI), elle, comprend 2500 organisations de la société civile dans 150 pays différents et travaille en partenariat avec elles pour renforcer la coopération internationale avec la CPI; veiller à ce que la Cour soit juste, efficace et indépendante ; faire progresser les lois nationales qui permettent de rendre justice aux victimes de crimes de guerre, crimes contre l'humanité et de génocide…
Avec les acteurs de ces différentes institutions, sans oublier celui de l’EUROPOL, les échanges ont été enrichissants pour les journalistes. Renforcés plus tard par la sensibilisation sur le travail des Nations Unies dans le sens de la promotion de la justice internationale.
GCCS 2015 : Internet, sécurité, liberté
En début d’après-midi, les participants étaient conviés à suivre une rencontre d’experts dont la session était consacrée à la réflexion sur les voies et moyens pour concilier les priorités politiques des pays du Nord et de ceux du Sud ; et les implications de la définition de normes de comportement responsable des Etats dans le cyberespace. Ceci en raison des efforts à fournir pour préserver la liberté d’expression et promouvoir des lois appropriées ; la coopération internationale étant requise pour y arriver. Sans oublier la nécessité de faire en sorte que davantage de populations aient accès à l’information car c’est elle qui détermine la liberté d’expression.
Par la suite, une visite au Campus dit du Delta Sécurité de La Haye (HSD), la plus grande grappe de sécurité en Europe, a permis d’apprécier des innovations technologiques visant à procurer toujours plus de sécurité informatique et électronique. Dans ce groupe néerlandais, les gouvernements et les institutions du savoir travaillent ensemble sur les innovations et les connaissances dans le domaine de la cybersécurité, sécurité nationale et urbaine, la protection des infrastructures critiques…
Quant au HagueTalks, c’est un réseau et lieu de rencontres en pleine expansion où des esprits créatifs discutent des sujets liés à la paix et la justice. On y discute de nouvelles idées et perspectives. Les discussions se déroulent en ligne et en live pour encourager ces esprits inventifs. C’est pourquoi Vint Cerf, un des fondateurs d’Internet, par une intervention vidéo, Rob Wainwright (directeur d’Europol), Hala Aldosari (chercheuse et activiste saoudienne), Paul Nicholson (directeur à Microsoft) et Nnenna Nwakanma de l’association Sociétés ouvertes pour l’Afrique, entretiendront l’assistance de leurs combats pour la disponibilité de l’Internet partout, en toute sécurité, mettant l’accent sur les défis à relever, en Afrique notamment, pour rendre cet outil accessible aux populations.
Importance de la grande conférence mondiale
Puis, en fin de journée et dans la perspective des travaux de la Conférence mondiale sur la Cybersécurité (GCCS 2015) les 16 et 17 avril, des conférenciers dont Jozias van Aartsen (maire de La Haye) et Bert Koenders, ministre néerlandais des Affaires étrangères, mettront en exergue l’importance de cette grande rencontre mondiale. Occasion de partage d’expériences en matière de cybersécurité, nécessité de la coopération internationale à cette fin, mais aussi pour la définition de normes internationales, promotion de la vision d’un Internet ouvert et entièrement sécurisé d’ici à 2025… étaient au menu.
Précisément, ils soulignent qu’après Londres, Budapest et Séoul, c’est au tour de La Haye d’organiser cette grande conférence internationale sur le cyberespace. Et martèlent encore que face à l’expansion rapide des enjeux, la cybersécurité exige une réponse nationale et internationale efficace. En ligne de mire de cette conférence, la mise en place d’un cyberagenda international pour parvenir à l’objectif de la sécurité absolue d’Internet d’ici à 2025
Par Wilfried Léandre HOUNGBEDJI, envoyé spécial à La Haye