Dans le cadre de la célébration de son cinquantenaire, le Barreau du Bénin a organisé hier jeudi 16 avril 2015, un concours de plaidoirie à l’issue duquel, Me Clarisse HOUNZALI est classée première.
Le bâtonnier Cyrille DJIKUI a de quoi se frotter les mains et dire en toute tranquillité : c’est sûr, la relève de qualité est assurée. Hier, dans l’une des grandes salles du tribunal de première instance de Cotonou. Le beau monde qui s’est déplacé peut se satisfaire de n’avoir pas perdu son temps. Outre les professionnels des envolées verbales en robe noir, des parents et amis, de nombreux étudiants en droit et des stagiaires aspirant à la fonction d’avocat ont supporté la chaleur qu’il y faisait malgré l’aération par des ventilateurs suspendus.
Après un entretien liminaire sur le rôle de l’avocat dans la cité en guise d’introduction à la manifestation phare du jour, le Bâtonnier Cyrille DJIKUI, Me Abdon DEGUENON, Me Bertin AMOUSSOU et Me Alexandrine SAIZONOU affectueusement appelée « La gendarme » du Barreau, cèdent leur place au jury devant superviser le concours de plaidoirie. Il fallait être présent dans la salle pour ne pas se la faire conter. Composé de Me Abdon DEGUENON, président du jury, entouré pour la circonstance de ses éminents confrères, Max d’ALMEIDA, Ganiath SAMBAOU, Bertin AMOUSSOU, et Mario METONOU, le jury a, de bout en bout, écouté religieusement les six avocats en compétition tout en scrutant du regard, leurs gestes.
En effet, les critères d’appréciation pour départager les six candidats étaient : le temps de parole (10 minutes), la présentation et la prestance, l’éloquence, la qualité de l’argumentaire, l’originalité de la plaidoirie et enfin, l’actualité du sujet.
Six Avocats ont, tour à tour, fait vibrer la salle. Ils ont noms et, dans l’ordre de passage, Me Raoul HOUNGBEDJI, Clarisse HOUNZALI, Jeffrey GOUHIZOUN, Elie DOVONOU, Mouniratou TAIROU et Olga ANASSIDE. A travers leur plaidoirie chargée d’histoire et d’émotion rappelant aux nostalgiques présents dans la salle, des procès célèbres, des évènements passés, ils ont sublimé le public autour du thème : « Histoire, passé nostalgique ou choc du futur ». Les fracas et déluges de mots, la puissance du ton trahissant une éloquence inattendue, la symphonie des gestes, on se croirait au théâtre, les métaphores, les sauts dans un passé récent ou lointain pour expliquer, rafraichir le présent et faire une projection dans le futur avec, une aisance à passer du passé au présent, du présent au passé pour plonger dans le futur, ont caractérisé ce concours.
Ce ne sont pas les allégories et les approches définitionnelles bien illustrées des mots histoire, passé, présent, futur, nostalgie et choc qui ont manqué. Le contexte de ce test pardon, de ce concours, a mis en exergue, les subtilités des jeux de mots et fait ressortir des maux de jeux de mots pour provoquer des chocs inévitables qui font aussi l’histoire. Et c’est justement cette histoire qui n’est que la restitution du passé qui a été dépouillée, visitée et revisitée à travers les temps passé, présent et futur.
Si chacun des candidats s’est conformé aux critères d’appréciation, ce ne serait que justice de reconnaître que, la plaidoirie de Me Clarisse HOUNZALI, était d’un degré supérieur en ce sens que, elle a su lui donner une coloration spirituelle et ésotérique pour dire que : « … dans la vie, tout se tient et que le spirituel et l’ésotérique sont des ases qu’on ne saurait négliger… ». Et c’est à juste titre que, le jury, après délibération, va retenir les trois premiers dans l’ordre à savoir : Me Clarisse HOUNZALI, Me Raoul HOUNGBEDJI et Olga ANASSIDE.
Le pugilat verbal a donné de l’émotion, de la nostalgie. Au cours de ce pugilat verbal, les mots se sont entrechoqués pour expliquer et faire comprendre, pour convaincre et non vaincre. Ce pugilat verbal, appelé dans son contexte concours de plaidoirie, a vécu. Il est déjà rentré dans l’histoire, dans le passé avec son lot de nostalgiques. Il appartient désormais à l’histoire qui va contribuer à donner plus de visibilité de lisibilité, d’envergure et de rayonnement au Barreau béninois, qui rêve très grand avec ses projets pour être encore plus proche de la cité. Raison pour laquelle, il faut savoir tisser la nouvelle corde à l’ancienne surtout que, chaque élément de la nouvelle est un mystère qui se découvre progressivement.
Etre un Avocat, c’est maîtriser l’art oratoire, les connaissances scientifiques, littéraires, religieuses, ésotériques. Bref, le bon avocat est un énuque, un philosophe qui a les pieds sur terre et la tête sur les épaules.
Kolawolé Maxime SANNY
ENCADRE
Le rôle de l’avocat dans la cité
Un conseiller et le pilier de la démocratie
La célébration de ses noces d’or a permis au Barreau béninois de lever un coin de voile sur ce qu’est l’avocat et sur ce qu’il n’est pas quand on sait tout le mal qu’on pense de lui en général. Me Abdon DEGUENON et Me Bertin AMOUSSOU ont éclairé davantage le public.
Selon Me Abdon DEGUENON, l’on ne peut s’assumer seul ou s’assumer sans le concours des autres. Seul, on est fort, seul on est aussi faible. Et il faut l’assistance et l’observation attentive des autres pour attirer l’attention sur les dérives et mérites des uns et des autres. L’avocat doit être perçu comme un intercesseur, un intermédiaire. C’est celui qui peut servir de porte-voix auprès des autres. Aujourd’hui, l’avocat est un défenseur des libertés, des droits en général, c'est-à-dire, celui qui intervient pour rétablir les droits que d’autres veulent brimer. C’est celui à qui on a recours quand tout est perdu, c’est celui qui conseille sur toute sorte de problèmes, celui qui apaise.
Pour Me Bertin AMOUSSOU, l’avocat est celui qui n’est jamais pris de court. Par sa connaissance et sa pratique du droit dans tous les domaines, il est le pilier de la démocratie. En cela, il est le mieux qualifié pour défendre le citoyen contre les abus de tous les pouvoirs. C’est en effet, celui qui dépouille l’écheveau des déformations et déviances mentales de la cité. Il connaît l’escrime judiciaire et en fait usage avec art et dextérité. L’avocat, c’est celui qui veille à ce que le bourreau ne prenne pas la place de la victime. Il fait tout pour rétablir la vérité judiciaire.
L’avocat n’est pas le riche homme qu’on croit même s’il est toujours bien habillé. Ce sont les exigences du métier qui font de lui le gentleman toujours bien habillé qu’on voit car, l’habit fait le moine. Ses honoraires sont fixés selon la situation ou le rang social du client mais, dans le respect de la déontologie judiciaire, en fonction de la complexité du dossier à défendre et du temps mis. Pour tout dire, il faut comprendre et accepter aujourd’hui que, l’avocat est celui qui n’en veut pas aux poches des clients mais qui défend leurs intérêts. La preuve est que, lorsqu’on commet d’office un avocat, ce n’est pas le client qui le paie. Au Bénin, depuis trois ans au moins, c’est le ministère de la justice et donc l’Etat qui prend ses frais en charge. A voir tous les cas d’injustice et de déviances qui s’observent de plus en plus au Bénin, il faut que les citoyens aient la culture de l’avocat et s’approprient le slogan suivant : « Pas un pas sans mon avocat ».
Kolawolé Maxime SANNY