Les Béninois doivent être foncièrement déçus en prenant connaissance de la liste des nouveaux membres du gouvernement rendue publique hier dimanche sur la télévision nationale. On s’attendait à mieux, vu la décision historique que le Chef de l’Etat a prise en congédiant le précédent cabinet. Ils sont déçus parce que face aux nombreux défis auxquels le Bénin fait face, Yayi Boni n’a pas su mettre à la place qu’il faut les compétences qu’il fallait. Il en est ainsi de la nouvelle ministre de l’Agriculture. Précédemment ministre de la Famille, Fatouma Amadou Djibril a été bombardée à ce nouveau poste à un moment crucial de la vie économique nationale.
En effet, Le coton, culture principale d’exportation du Bénin connaît d’énormes difficultés. La dernière campagne agricole est un échec patent. Or pour renverser la tendance, l’Etat a l’obligation d’initier et de réussir de grandes réformes. Des réformes qui passent également par le lancement de nouvelles filières. Installer donc à la tête de l’Agriculture Fatouma Amadou Djibril, une femme sans poigne ni qualifications nécessaires, est synonyme d’échec. Et c’est le président Yayi qui en sera comptable. Il en est de même pour Nahomi Azaria, un inconnu au bataillon, nommée à la tête du ministère des Sports. Elle prend les rênes de ce département alors que plus rien ne bouge dans le milieu sportif béninois. Le sport mérite mieux que ce traitement, car il existe des compétences capables de donner de l’espoir à la jeunesse. Mais la logique de Yayi est tout autre. Le sport plongera sûrement. Les perspectives ne sont pas meilleures au ministère de l’Environnement. Le nouveau patron de ce département, Christian Sossouhounto ne fera pas mieux que son prédécesseur. Prof de mathématique, le jeune ministre se bornera à évacuer les tâches administratives plutôt que de relever les défis environnementaux auxquels fait face le Bénin. Le Chef de l’Etat a désagréablement surpris plus d’uns en optant pour ce choix politique.
Pas de solution à la crise à la Ccib
En désignant Affo Idrissou Safiou à la tête du ministère du Commerce, le président de la République a également confirmé sa volonté de voir perdurer la crise qui secoue la Chambre de commerce et d’industrie du Bénin (Ccib). Car le nouveau ministre n’a pas la maîtrise de ce dossier qui paralyse le monde national des affaires depuis un peu plus de deux ans. Affo Idrissou Safiou n’a visiblement pas les compétences requises ni le charisme indispensables pour gérer la tension qui prévaut toujours à la Ccib. Inévitablement, on se dirige vers une aggravation de cette situation qui n’arrange guère les opérateurs économiques ni l’Etat. Au Ministère de la Fonction publique chargé du dialogue social, c’est une personne moins qualifiée qui a également été imposée par Yayi Boni. Martial Souton puisque c’est de lui qu’il s’agit incapable d’apporter un nouveau souffle au dialogue social rompu depuis quelques mois. Et bien d’observateurs soulignent que le nouveau ministre aura du mal à convaincre les syndicalistes ; des syndicalistes qui n’auront que comme seul recours les mouvements de grève. De grands moments de paralysie guettent donc l’Administration béninoise.
Natondé pour quoi faire ?
Plusieurs observateurs confient que le débarquement de Lambert Koty du gouvernement est un gâchis pour le secteur des Transports. Pour eux, en ce moment où Yayi Boni prône la politique des grands travaux, le professionnel Lambert Koty est tout à fait bien qualifié pour donner corps à cette politique-là. Le choix fait par Yayi Boni reste donc tout le contraire de la vision qu’il prône. Pour eux, le nouveau ministre Aké Natondé n’a pas de compétences avérées dans les Transports. Et ce défaut peut jouer sur les performances de cet important département. Le changement réalisé au ministère de la Communication pose également problèmes. En nommant Komi Koutché à la tête de cette administration, le président Yayi a décidé de mettre en veilleuse une compétence. Komi Koutché pourrait faire mieux ailleurs. Mais aux commandes du département de la Communication, ce cadre pétri de talent risque de tourner en rond jusqu’à la fin du mandat de Yayi Boni. C’est donc compris. Le Chef de l’Etat a réalisé de mauvais choix qui influenceront à coup sûr sa gouvernance déjà piteuse. Pire que le cafouillage, c’est un échec programmé que Yayi Boni réserve à son peuple.
