Le leader du Parti du renouveau démocratique (Prd), Me Adrien Houngbédji a changé de discours politique. Après son carton rouge contre la révision de la Constitution en septembre 2013, il a radicalisé sa position contre ce projet du Gouvernement, alors qu’au début de la campagne électorale, il ne s’est pas prononcé sur la question. Cette position surprenante du Prd fait jaser les milieux-Fcbe qui pensaient que le silence de Me Houngbédji sur la révision fait de lui un allié du Pouvoir.
« Boni Yayi, dégage ! 5 sur 5 pour le Prd… ». Voilà la phrase fétiche que le président du Parti du renouveau démocratique (Prd), Me Adrien Houngbédji a prononcée, dimanche dernier, à Porto-Novo, lors de la campagne électorale. Justifiant sa présence sur la liste de sa formation politique pour les élections législatives du 26 avril prochain, il a indiqué que c’est pour empêcher le Président Boni Yayi de s’éterniser au Pouvoir. Il a appelé les populations à voter pour le Prd, afin de bloquer la révision opportuniste de la Constitution qui ouvrirait l’autoroute de la présidence à vie au Chef de l’Etat. Pour lui, il faut à tout prix empêcher les Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) d’avoir la majorité à l’Assemblée nationale, si l’on veut la paix pour le Bénin. Partout où passe le leader du Prd maintenant, c’est l’appel à la mobilisation contre ce projet du régime en place.
Or, au début de la campagne électorale, il ne donnait pas son avis sur le sujet. Il invitait tout simplement les populations à retirer leurs cartes d’électeurs pour voter pour le Prd. De ce fait, il a rejoint les ténors de l’Union fait la Nation (Un), de la Renaissance du Bénin (Rb), de l’Alliance nationale pour la démocratique et le développement (And), l’Alliance pour un Bénin triomphant (Abt) et d’autres partis politiques d’opposition qui militent contre la révision de la Constitution. Ainsi, il renforce le camp des anti-révisionnistes. Mais, cette nouvelle position du Prd contre le projet du Président Boni Yayi a créé la surprise dans les milieux-Fcbe.
Partout, les Forces cauris pour un Bénin émergent estiment que Me Houngbédji, vu sa carrure, aurait pu prendre de la hauteur pour ne pas se mélanger à Candide Azannaï, Léhady Soglo et consorts. Pour eux, le président du Parti du Renouveau Démocratique vient de démontrer qu’il n’est pas différent d’eux et que lui aussi, en absence de propositions concrètes pour la population, est obligé de verser dans le dilatoire sur la question de la révision de la constitution. Ils ajoutent qu’avocat émérite, il est censé savoir que 50 députés ne suffisent pas pour réviser la constitution du Bénin et savoir que les décisions de la Cour Constitutionnelle prises à cet effet sont irréversibles. Les militants-Fcbe, déçus de l’opposition du Prd contre la révision de la Constitution, commencent par se poser des questions que voici : Quelle crédibilité accorde-t-il aux institutions de la République ? Théodore Holo va-t-il se dédire ? Par quelle alchimie le Chef de l’Etat peut-il contourner ces décisions pour dresser le lit à un 3ème mandat ? En ignorant les décisions de la Cour, Adrien Houngbédji veut-il encourager les citoyens à ne pas respecter les institutions de la République ?
A quoi joue le leader du Prd ? En tant que candidat dans la 19ème circonscription électorale, que propose-t-il réellement aux populations de Porto-Novo et environs pour sortir la région de sa situation actuelle ? Quelles sont ses propositions concrètes au profit des acteurs de l’informel pour leur reconversion ? Les Fcbe rappellent que dans sa décision DCC 11-067 du 20 octobre 2011, la Cour Constitutionnelle a souligné que : « Ne peuvent faire l’objet de question à soumettre au référendum les options fondamentales de la Conférence nationale de février 1990, à savoir :la forme républicaine et la laïcité de l’Etat ; l’atteinte à l’intégrité du territoire national ; le mandat présidentiel de 5 ans renouvelable une seule fois et la limitation d’âge de 40 ans au moins et de 70 ans au plus… ».
Selon eux, il découle de cette décision que la limitation à deux du nombre de mandats présidentiels, étant une option fondamentale prise lors de la Conférence nationale de février 1990, ne saurait faire l’objet d’aucune révision. Se livrant en donneurs de leçons au leader du Prd, les Fcbe, sur le terrain, soutiennent que Me Adrien Houngbédji, vu son rang, doit savoir raison garder et faire preuve de retenue, en ces périodes sensibles.
Pour les Fcbe, ce dont les populations de la 19ème circonscription électorale ont besoin n’est pas « Boni Yayi, dégage ! », mais des propositions de lois constructives pour la région et pour le Bénin. C’est dire que la rage du leader du Parti du renouveau démocratique dérange la mouvance. C’est une nouvelle paire de manche de la campagne électorale en cours.