Les rideaux sont tombés, vendredi 17 avril dernier à La Haye, sur la 4ème Conférence mondiale sur le cyberespace. Au deuxième et dernier jour des travaux, les participants tout en mettant en exergue l’apport de plus en plus considérable d’Internet à la croissance économique, ont insisté sur la nécessité de préserver la vie privée des utilisateurs.
Diverses réunions thématiques ont meublé cette deuxième journée des travaux. L’une des plus importantes a consisté à appréhender Internet comme un moteur de croissance. Les panélistes, ici, ont tous reconnu l’impact de plus en plus notoire d’Internet, de ses applications et de l’économie numérique sur la vie des humains. Ils font le constat que toutes les entreprises dans le monde, deviendront dépendantes ou utilisatrices d’Internet. Que, déjà, dans le domaine médical, l’impact d’Internet est de plus en plus manifeste. Ainsi, estiment-ils, 70 à 90% des dépenses de santé sont liées à des maladies chroniques. Il serait donc bénéfique, de travailler à détecter les problèmes de santé plus tôt, et opérer un suivi efficace des malades. A ce propos, préconisent-ils, un dispositif pourrait être élaboré pour surveiller les malades à distance, voir par exemple s’ils ont bien pris leurs médicaments. Mais tout ceci nécessite des autorisations, puisqu’il faudra manipuler des bases de données. Car, reconnaissent les panélistes, la vie privée doit être préservée. Aussi, les responsables de grands groupes d’opérateurs web, Google, Yahoo, Mozilla… ont-ils été invités à partager leurs expériences de gestion des bases de données. Tous ont essayé de rassurer les utilisateurs et les spécialistes, quoiqu’il est apparu des échanges que si l’Agence nationale de Sécurité des Etats-Unis par exemple veut avoir accès à l’ordinateur d’un utilisateur, elle pourra assurément le faire ; mais qu’elle ne s’intéresse qu’aux cibles ; et ceci en raison de la nécessité de protéger la société tout entière. Cette précision étant faite pour bémoliser les craintes de surveillance de masse dont les Etats se rendraient coupables…
La coopération internationale pour préserver Internet
Quelque temps avant ce panel, Tunisiens et Sénégalais, deux des rares pays africains présents à La Haye, ont eu des échanges bilatéraux desquels il est apparu qu’ils sont prêts à basculer au tout numérique. Cependant, côté tunisien, les statistiques doivent être mises à jour pour déterminer le nombre de détenteurs de télévisions analogiques à remplacer. Un peu en avance, le Sénégal, d’après son ministre des Postes et Télécommunications, Yaya Abdoul Kane, a décidé de subventionner le décodeur nécessaire pour réussir la transition, et de le mettre à la disposition des populations pour
10 000 FCFA. Déplorant la faible présence des pays africains à cette rencontre mondiale, il assure que le Sénégal est prêt à prendre le leadership sur le continent en général et dans la sous-région ouest-africaine en particulier, afin de convaincre les uns et les autres que les Technologies de l’information et de la communication sont désormais un facteur de croissance et d’intégration.
Procédant à la clôture des assises, Bert Koenders, ministre néerlandais des Affaires étrangères a remercié les participants pour la qualité de leurs contributions à la réflexion, laquelle vise à développer une vision, une approche commune pour la gouvernance d’Internet. Internet qui doit rester libre, ouvert et sécurisé, a-t-il plaidé, avant d’insister sur le potentiel économique de cet outil, qui permet de transformer l’économie mondiale. Puis il insistera sur la responsabilité des Etats dans la promotion de la cybersécurité, et de l’accès à l’Internet pour tous. Dans cette perspective, la répression de la cybercriminalité doit se faire sans concession et, les droits de l’Homme, respectés. Et même les politiques de sécurité doivent en tenir compte. Pour toutes ces raisons, Bert Koenders plaide pour un engagement de toute la communauté internationale en vue de relever le défi d’un Internet libre, ouvert et sécurisé.
Dans deux ans, au Mexique, cette communauté internationale fera le point du chemin parcouru, et scrutera l’horizon pour identifier les nouveaux défis à relever. Eduardo Ibarrola, ambassadeur mexicain, heureux du choix porté sur son pays pour l’édition 2017 de la Conférence mondiale sur le cyberespace, a d’ores et déjà promis que le défi sera relevé. Vantant les avantages pratiques d’Internet et faisant état des efforts de son pays pour une gouvernance optimale d’Internet, il dit sa conviction que la cybersécurité sera la base pour développer un Internet meilleur, où le respect de la vie privée et la protection des données seront garantis. A son tour, il en appelle à la mobilisation de la coopération internationale pour que ce défi soit relevé.