Démarrées cahin-caha, vendredi 17 avril dernier, après la décision de la Cour constitutionnelle, les opérations de distribution des cartes d’électeurs devant permettre la tenue effective du scrutin législatif du dimanche 26 avril prochain se déroulent dans un désordre affligeant, au regard des milliards engloutis à cet effet.
Déjà quelques jours que le Centre national de Traitement des données biométriques (Cnt) procède à la distribution des cartes d’électeurs sur toute l’étendue du territoire. Si on peut constater l’effectivité de ces opérations, on ne peut s’empêcher de constater des irrégularités enregistrées çà et là. Des dysfonctionnements qui à première vue, semblent ne pas rassurer du bon déroulement du scrutin législatif du dimanche prochain. De nombreux couacs sont signalés dans beaucoup de centres de distribution. Si au quartier La Paix à Cocotomey dans l’arrondissement de Godomey, c’est des citoyens qui ne retrouvent pas leurs cartes, à Porto-Novo au quartier Dowa, des cartes portant le même nom se retrouvent avec des photos différentes. A Lokossa, c’est un conseiller de village qui confisque un lot de cartes pour des raisons inconnues. De même à Dangbo, dans le département de l’Ouémé, c’est un agent distributeur de cartes qui a disparu avec près de 1 192 cartes. L’agent qui devait être à son poste à l’Ecole primaire publique de Mitro, dans l’arrondissement de Zounguey a été retrouvé grâce aux forces de l’ordre aux environs de 20 heures. La liste n’est pas exhaustive. Des citoyens s’égarent d’un centre à un autre, des centres débordés pendant que d’autres chôment. Des cartes non retrouvées par des personnes dans des centres où elles sont à priori inscrites, des agents délivreurs mal organisés et arrogants, absence d’abris sécurisés pour l’opération.
A l’heure de la mise sous presse de la présente publication, plusieurs citoyens n’ont retrouvé leurs cartes d’électeurs et remplissent des fiches pour des finalités encore inconnues. Tout y est pour conclure à une cacophonie.
Tout le monde se souvient de la guéguerre qui a existé entre le Cos-Lépi et le Gouvernement quant au financement de la correction de la Lépi et l’établissement des cartes. Des milliards de francs Cfa ont été injectés pour aboutir à un résultat qui pourrait faire l’objet de polémique de la part des acteurs politiques. Déjà, on entend des grognes qui pourraient persister jusqu’au jour du vote. Ce qui ne va pas manquer d’entacher le scrutin. La situation interpelle non seulement les acteurs politiques dont la responsabilité est engagée mais les populations doivent rester également vigilantes pour contrecarrer toutes manœuvres de fraudes ou pratiques pouvant compromettre la sincérité du scrutin. Certains alertent déjà l’opinion publique face aux irrégularités observées sur les cartes d’électeurs. Outre les preuves qui sont nécessaires, on ne doit pas banaliser la situation car il est de l’intérêt supérieur de la nation de veiller à la sincérité et à la transparence de ce scrutin qui continue de faire couler beaucoup d’encres et de salive.
Armel VIDEGNON/Le Grand Matin