Actualité nationale
23 Avril 2015
Pourquoi il faut craindre des fraudes massives
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La campagne électorale bat son plein dans les différentes circonscriptions électorales pour le compte des prochaines élections législatives. Mais visiblement, presque personne ne semble se préoccuper de la crédibilité de ses élections pour éviter après coup, des constatations postélectorales aux conséquences désastreuses.
Euloge ZOHOUNGBOGBO
A quelques jours des élections législatives, les Béninois sont partagés entre peur et espérance. Sur le terrain, les politiques multiplient d’ingéniosité pour charmer leur électorat. Mais les populations, elles, se lancent en conjecture. A quatre jours de la date des élections, nul ne peut jurer de l’issue heureuse de ces joutes électorales. A quand la fin de l’opération de distribution des cartes ? Quid de la sécurisation des cartes restantes ?
Déjà, la distribution des dites cartes se heurte à certains quiproquo qui ne sont pas de nature à rassurer sur la crédibilité des élections. L’illustration la plus frappante est l’ensemble des disfonctionnements constatés dans l’opération de distribution des cartes d’électeurs, véritable sésame pour exercer le droit de vote le 26 avril prochain.
Aux termes de l’'art 183 du Code électoral : « La carte d'électeur est remise à son titulaire dans un centre de distribution sur présentation du certificat d'enregistrement. Ce centre de distribution des cartes d'électeur est ouvert pendant 15 jours ininterrompus de huit heures à dix-huit heures. À la fin de la distribution des cartes d'électeur, procès-verbal en est dressé et signé par des membres du centre, du chef de village ou du quartier de ville ou son représentant et des représentants des partis politiques présents. Les cartes d'électeur non retirées par leurs titulaires jusqu'à la fin du délai de distribution, sont dénombrées, mises sous scellés et entreposées dans des cantines consignées entre les mains du secrétaire exécutif de la CENA. La liste des personnes concernées est établie par communes et publiée par voie d'affichage. À l'installation de la nouvelle CENA, une nouvelle distribution est organisée par celle-ci sur une période de huit jours ».
Des disfonctionnements inquiétants
Sur le terrain, la réalité est toute autre. Des cartes d’électeur sont délivrées à des individus qui ne sont pas les véritables propriétaires. Pire, sur certaines cartes par exemple, il est pratiquement impossible d’identifier la photo du détenteur. Sur d’autres cartes, c’est la photo d’un autre citoyen qui est placée à la place du réel détenteur. Certain citoyens qui se sont rendus dans les centres pour le retrait de leur carte se sont retournés bredouilles au motif que leurs cartes sont introuvables. Dans cette ambiance peu propice pour conjurer le risque de grande suspicion pouvant déboucher sur des situations peu gaies, de fortes rumeurs font état de vente de cartes d’électeur dans certaines parties du pays. A tout cela, il faut indiquer que certains détenteurs de cette pièce électorale l’ont déjà égaré.
On se demande si les 4 470 591 de cartes, prévues pour être distribuées, dans le temps très court dont disposent les agents distributeurs pour cette opération pourraient être effective. Plusieurs langues prédisent que la délivrance des cartes peut être également prolongée jusqu’au jour du vote.
La population inquiétée
Interrogé par nos confrères de radio Soleil FM, Thomas Houédokoho, expert en collecte des données au niveau du Centre national de traitement (CNT), l’opération de distribution des cartes prendra probablement fin le vendredi prochain. Toutefois, si la CENA, en raison du délai raccourci formule la demande de prolonger la distribution des cartes jusqu’au jour du vote, ceci sera fait, assure Thomas Houédokoho. Mais cette possibilité admise par l’expert pose le problème de la sécurisation des cartes telle que prévu par le Code électoral. Pour les détenteurs des cartes dont les photos ne sont pas visibles ou dont les photos ne figurent pas, Thomas Houédokoho prévient qu’il leur est impossible d’exécrer le 26 avril prochain leur droit de vote.
Mais face à ces disfonctionnements, les acteurs politiques semblent faire l’autruche mais la population s’inquiète. Il faut davantage craindre, les coupures prolongées d’énergie électrique le jour du vote qui pourraient être des facteurs dérangeants le bon déroulement de l’opération de vote.
Toute chose restant égale, il faut s’attendre à une inflation de contestations postélectorales.