Cotonou, Une organisation de la société civile au Bénin a affirmé jeudi avoir relevé de nombreux dysfonctionnements dans la distribution des cartes d’électeurs, susceptibles de permettre des fraudes lors des élections législatives prévues dimanche.
Le retrait des cartes d’électeurs biométriques, qui a commencé samedi dernier, doit s’achever vendredi, 48h avant le scrutin, pour les 4.470.500 électeurs inscrits. Et lundi a été décrété férié par le gouvernement pour permettre aux fonctionnaires de retirer leurs cartes.
"Nous avons remarqué que des gens viennent retirer des cartes pour d’autres, en violation de la loi", a dénoncé Jean-Baptiste Elias, président du Font des organisations nationales anticorruption (FONAC), interrogé par l’AFP.
Aussi, "les photos (...) sur certaines cartes ne sont pas visibles", a-t-il assuré.
"Il y aura des cartes qui ne seront pas distribuées et à ce stade, on se demande comment la commission électorale va sécurise (la distribution) pour éviter la fraude" a-t-il poursuivi.
Plusieurs électeurs rencontrés par l’AFP aux abords des centres de distribution des cartes se plaignaient de dysfonctionnements.
"Moi, je cherche ma carte depuis lundi en vain. Je ne l’ai pas retrouvée dans mon centre de vote jusqu’à ce jour (jeudi)", a ainsi déclaré Yvonne Adjovi Boco, une électrice.
"J’ai retrouvé une carte qui porte mon nom mais ce n’est pas ma photo. J’ai
laissé la carte aux distributeurs", a pour sa part déploré Jean Davi, qui a
renoncé purement et simplement à exercer son devoir civique.
Au centre national de traitement des cartes d’électeurs, de nombreuses
plaintes ont été enregistrées. Les responsables reconnaissent d’ailleurs
certaines "erreurs" liées à des "défaillances techniques".
"Nous le reconnaissons et nous enregistrons les plaintes. Je ne peux pas
encore vous dire la suite à donner puisque c’est à la commission électorale de
prendre le relais", a déclaré à la presse Thomas Houedokoho, chargé de la
collecte des données électorales dans ce centre.
La distribution des cartes devait initialement commencer plus tôt mais un
différend portant sur le financement de l’opération entre le conseil
d’orientation et de supervision de la liste électorale (Cos/lépi) et le
ministre des Finances a entraîné son retard.
La Cour constitutionnelle avait fixé en début d’année la date des
législatives, prévoyant en outre les élections municipales et communales,
initialement prévues en 2013, pour le 31 mai.
Les législatives étaient initialement prévues pour mars dernier.
Au pouvoir depuis 2006 dans ce petit pays d’Afrique de l’Ouest, Thomas Boni
Yayi est accusé par l’opposition de vouloir changer la Constitution pour
pouvoir briguer un troisième mandat lors de la présidentielle de 2016.
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