L’ancien Premier ministre de Boni Yayi, Pascal Irénée Koupaki était hier l’invité de Canal 3, dans une émission dénommée « Entretien avec… ». A l’occasion, tout a été passé au peigne fin : sa démission de l’UDBN, ses rapports avec Patrice Talon, son livret bleu sur la Nouvelle conscience et les scandales financiers sous le régime Yayi (affaires ICC services, SODECO, construction du nouveau siège de l’Assemblée nationale, PVI Nouvelle génération, coup d’Etat, etc). Pascal Irénée Koukpaki, face à toutes ces interrogations, a dit sa part de vérité.
Port altier, le timbre haut et clair, toujours égal à lui-même, l’ancien Premier ministre s’est prêté à toutes les questions, sans tabou.
Pressé par les questions des deux journalistes de la chaîne privée Canal 3, qui recevaient pour la première fois l’ancien Premier ministre, depuis plus de deux ans qu’il est sorti du gouvernement, Pascal Koupaki a réussi à contenir les charges de nos confrères avides de questions.
Expérimenter un autre chemin de développement
Les maux qui minent le Bénin, selon lui, ont leurs solutions dans la Nouvelle conscience. Deux livrets qui diagnostiquent le mal béninois, et présentent les remèdes possibles qui pourraient lui être administrés. Pour l’ancien Premier ministre, la Nouvelle conscience est la transformation de l’être social par la vertu. A l’en croire, c’est le bon citoyen qui sera le bon politicien.
« Je ne me reproche rien », répétera-t-il tout au long de l’entretien face aux nombreux scandales qui ont émaillé le régime Yayi, et dont on voudrait lui imputer la responsabilité. Chaque ministre rend compte au chef de l’Etat, poursuit-il. Après sa sortie du gouvernement, il a parcouru les 77 communes du Bénin, visité toutes les couches sociales, et observé la misère sociale. Sur le terrain pendant 10 mois, il a parlé aux citoyens béninois. D’où sa conclusion d’expérimenter un autre chemin de développement. Pour ce faire, il demande la recomposition du paysage politique. L’essentiel, c’est de former le bon citoyen.
Trouver le lien de rupture
Il dénonce en outre le rôle de l’argent dans la démocratie béninoise, et souhaite revenir sur le système partisan béninois, qui ne promeut pas le développement et constitue un frein à la libre circulation des idées. Il faut, selon l’invité, trouver le lien de rupture sinon, rien ne va. Parce que, estime-t-il, nous avons construit depuis quelques décennies un système de plomb. Certes tout n’est pas parfait. Mais les implications entre la gouvernance politique, sociale et institutionnelle, ont créé un problème de confiance, conclut Pascal Koupaki.
C’est dans ce registre qu’il inscrit sa démission de l’Union pour le développement du Bénin nouveau (UDBN) qui, après expérimentation, ne répond pas à ses aspirations. Par contre, il affirme qu’il ne peut être absent de la gouvernance politique. C’est pourquoi l’ancien ministre de Boni Yayi affirme qu’il conserve ses attaches citoyennes, doublées d’attaches dans le milieu politique. Il note que son passage au gouvernement avait permis, dans un premier temps, l’assainissement financier. Ce n’est qu’après qu’il y a eu malheureusement des scandales.
« Je n’ai commis aucune faute »
Sur les scandales, confie Pascal Koupaki, son rôle n’est pas opérationnel. Il faudrait s’adresser aux ministères sectoriels. « Je n’ai fait que diriger, à la demande du chef de l’Etat, une commission de clarification des responsabilités », a-t-il déclaré. A propos du scandale financier du siège de l’Assemblée nationale, il dira : « ce n’est pas moi qui nomme le ministre, je ne suis qu’un ministre parmi d’autres ». Au sujet de l’affaire SODECO, Koupaki révèle qu’il était « en mission aux Etats-Unis».
En ce qui concerne le Programme de vérification des importations Nouvelle génération qui est un programme douanier, il précise que cela relève principalement du ministère des Finances et de celui en charge de l’Economie maritime. La mise en œuvre de cette réforme impliquait une structuration du pouvoir financier au port, poursuivra-t-il. Les acteurs n’étaient pas d’accord. En conséquence, conclut-il sur le sujet : « je n’ai commis aucune faute. J’ai le sens de l’Etat et la continuité de l’Etat ». Concernant la centrale de Maria Gléta, « je ne suis pas le ministre de l’Energie », affirme Koupaki.
Pour mettre fin à tous ces scandales, il faut appliquer des sanctions, préconise l’ancien ministre. Car, il est convaincu que l’impunité est un facteur qui favorise la mal gouvernance, et que la conscience en action, dans beaucoup de cas, n’existe pas.
123 ministres responsables du bilan de Yayi
Sur les affaires qui sont pendantes devant la justice, l’invité attend que celle-ci fasse son travail. Sur l’accusation de l’atteinte à la sécurité de l’Etat, il laisse les acteurs à leur conscience.
Appréciation sur le régime Yayi ? Succès et épreuves, répondra t-il. Et ce sont 123 ministres et le chef du gouvernement qui sont les responsables de cet état de choses. La question de la révision de constitution n’a pas été occultée. Il faut faire preuve de prudence et de sagesse, dira l’ancien Premier ministre qui suggère de laisser tomber ce dossier pour le moment.
Interrogé sur son livret La nouvelle conscience, Pascal Koupaki dira qu’il n’a fait que décomposer la réalité et aboutit à la conclusion qu’il nous faut le renouveau des valeurs. Ce qui implique une refonte du système éducatif, de l’agriculture, de la santé. La jeunesse doit être le fer de lance d’un nouveau développement. Sur Patrice Talon, il ne désespère pas que le différend trouve une solution, entre le chef de l’Etat et son ami. Il y a certes mille problèmes, au Bénin. Mais, une seule solution existe, selon Pascal I. Koupaki : La nouvelle conscience.
Brice Ogoubiyi