Les électeurs béninois désigneront leurs prochains députés dimanche 26 avril 2015. Après 15 jours de campagne électorale faits d’attaques, ils devront faire cet exercice constitutionnel. De nombreux citoyens, se rendront dans les urnes, dépités.
La campagne électorale prendra fin ce jour à minuit. Les formations politiques en compétition pour les législatives cesseront en conséquence toutes les actions tendant à convaincre les électeurs de choisir leurs listes. Les citoyens ayant réussi à obtenir leurs cartes d’électeur pourront exercer leur droit de vote. Ils devraient le faire en tenant compte des propositions faites par les alliances politiques et partis en lice. Mais reconnaissons-le d’emblée, la campagne électorale a été très cafouilleuse. Les populations ont eu droit à des échanges indirects vifs, et parfois discourtois. Tous les choix étaient bons pour les candidats. Les sujets notamment. Seulement, plusieurs partis et alliances de partis ont préféré évoqué le sujet relatif à la révision de la Constitution. Le Prd, l’Un, l’alliance Rb-Rp, l’alliance Soleil et la liste Fdu précisément, ont ouvertement appelé les citoyens à barrer la voie aux Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe). Selon eux, il faut coûte que coûte empêcher le Chef de l’Etat de disposer d’une majorité afin de préserver le Bénin d’une révision constitutionnelle opportuniste. Leur position s’est raidie depuis que l’alliance proche du pouvoir a annoncé dans les conclusions de son congrès extraordinaire de février 2015 l’ambition de faire élire 50 députés et rappelé la volonté de réviser la Constitution du 11 décembre 1990. De son côté, cette alliance soutient que la réforme affichée ne peut aucunement permettre au Chef de l’Etat de briguer un troisième mandat. Les candidats de cette liste affirment vouloir sécuriser les acquis du régime Yayi Boni et permettre aux Béninois de continuer d’espérer. L’opposition manquerait, à les en croire, d’un véritable projet de société et n’aurait pour seul choix que d’évoquer des scénarios catastrophes afin de faire peur. Sur le terrain, les échanges restent moins policés entre l’opposition et la majorité. Beaucoup ont fustigé le "dialogue indirect" de bas étage qu’ont animé le député Candide Azannaï et le Chef de l’Etat. Les réseaux sociaux ont publié quelques bribes des propos tenus. Des propos qui ne consolident guère une démocratie. Après 25 ans de processus de démocratisation, beaucoup trouvent que les politiques béninois devraient avoir une conscience politique très poussée. Nombre d’observateurs ont d’ailleurs confié que la campagne électorale n’a pas été très utile puisque le quotidien du citoyen a été occulté.
Porto-Novo et les turbulences…
Sur le terrain, la tension est palpable. Des citoyens ont l’intolérance à fleur de peau. Dans cette dynamique, certains s’inquiètent pour le 26 avril prochain. On a frôlé le pire à Porto-Novo. La ville capitale qui reste le bastion du Parti du Renouveau démocratique (Prd) a été très mouvementée ces derniers jours. La tension était si forte que le véhicule d’un conseiller municipal, un transfuge "Tchoco-tchoco" a été incendié dans la nuit du mardi 21 avril 2015. Mais l’incident n’a pas dégénéré. Les chapelles politiques concernées ont pu endiguer le mal. Du moins pour le moment. Dans la Commune de Zakpota, les militants Fcbe et Rb-Rp ont failli en découdre. Il s’en est fallu de peu. A Bopa, un militant Fdu a été arrêté lors d’un meeting animé par le Chef de l’Etat pour avoir brandi un logo Fdu. Par ailleurs, des candidats soupçonnent déjà des tentatives de fraude et prennent des précautions pour démasquer « les voleurs de suffrage». Ils n’ont certainement pas tort puisqu’ à Tanguiéta, « deux acheteurs de cartes » ont été appréhendés hier jeudi par les forces de sécurité. Les suspects ont été mis à la disposition du Parquet de Natitingou selon le président de l’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab), Michel Adjaka. Mais si certains citoyens sont fondamentalement anxieux, d’autres, très optimistes, affirment qu’il n’y aura pas de situation conflictuelle. «Le Bénin a organisé l’élection présidentielle 2011, un scrutin très décrié, mais les tensions ne se sont pas aggravées», rappellent-ils à qui veut les entendre.
Allégresse SASSE