Il croyait bien faire en offrant sa poitrine à toute l’adversité potentielle contre ses poulains des listes Fcbe. "Ne les regardez pas. Ne regardez que moi, moi, Yayi BONI, Yinwè, Yindié..." aime-t-il scander à chacun de ses meetings quotidiens, parlant des candidats cauris. Une omniprésence qui ne semble pas porter du tout bonheur aux gars lancés à l’assaut de l’électorat pour le compte de la refondation. Au contraire, en ne regardant que Yayi, les Béninois voient principalement la violence, la pauvreté et la médiocrité du discours, les invectives, les arrogances, les promesses bouffonnes et surtout l’utilisation abusive des moyens de l’Etat. L’institution chef de l’Etat traditionnellement opposable à tous les citoyens s’est transformé en un potentat ethnique et coléreux qui soulève les siens contre les autres, en un père en campagne électorale pour son fils contre les autres candidats, en un belligérant d’une rixe verbale généralisée où les mots volent bas, très très bas, sur la place publique.
Peut-être que la stratégie avait misé sur la légendaire amnésie collective des Béninois. Celle-là qui a permis à un dictateur amnistié dont le régime a pourtant causé l’assassinat et la torture de plusieurs concitoyens de se faire passer pour un héros déifié. Yayi comptait donc sur cette amnésie pour faire oublier tout ce que le FMI a dit de sa gouvernance sur l’affaire Icc-services. 156 milliards CFA de l’épargne privée ramassée par ses amis et proches parents sans que les victimes de l’arnaque ne puissent bénéficier d’un processus de remboursement malgré les promesses en ce sens pendant la campagne pour les K.O électoraux de 2011. Habituellement très diplomatique, les experts du FMI n’ont pas hésité à conclure à "l’aveuglement et l’apathie coupables de l’ensemble des services de l’Etat..." face au phénomène des faux placements d’argent au Bénin. La gouvernance Yayi reçoit en pleine figure cette autre remarque cinglante des experts de la FMI consignée dans un rapport sur Icc-services, en date de septembre 2010, tenu secret depuis lors par la Marina : "Ceci dénote un manque de repères et de valeurs morales aussi bien dans le public que de la part des institutions étatiques en charge de veiller à sa protection".
Mais, il y a un facteur important qui joue constamment contre le dessein du docteur-refondateur, c’est le vécu quotidien de ses concitoyens victimes de la gestion calamiteuse des affaires de la République. Les gens continuent de subir tous les jours les affres des délestages sauvages. Des coupures répétitives parce que le gouvernement a préféré les gré à gré des locations de groupes Mri et Agreko plutôt que faire fonctionner les turbines à gaz "américanises" de Maria Gléta qui n’offrent pas des possibilité de dessous de table. Les Béninois souffrent tous les jours pour joindre le nord et le sud du pays du fait de l’état désastreux des routes. On voit d’ailleurs la gêne des refondateurs vis-à-vis des scandales autour du régime avec la tentative de camouflage de l’immeuble inachevé du siège du parlement à Porto-Novo sous une gigantesque bâche vantant un projet futuriste sans financement.
En conclusion, si les électeurs devraient regarder Yayi comme il le suggère lui-même, il ne leur reste qu’à lui appliquer la juste sanction. Lui qui a positionné sur la liste Fcbe des auteurs des concours frauduleux sur base ethnique et régionaliste, qui a paralysé l’administration publique pour plusieurs semaines en positionnant la quasi totalité de ses ministres dont les plus important à savoir Finances, Intérieur, Défense, Affaires étrangères etc... C’est lui Yayi qui utilise l’hélicoptère présidentiel et autres moyens de l’Etat à des fins de propagande politicienne. Les dénégations concernant sa propension à faire réviser la constitution afin de s’éterniser au pouvoir ont fondu devant son propre discours de candidature de janvier 2010 où il proclamait que son ambition est de parvenir à une nouvelle République censée remettre les compteurs des candidatures à zéro et lui permettre de rester en course, en permanence. Les électeurs devraient donc appliquer le vote qui sied au rejet de la confiscation du pouvoir, des scandales, du régionalisme au sommet, des promesses démagogiques et de la personnification des législatives. Tant pis pour les candidats Fcbe qui auraient pu faire valoir des compétences intrinsèques avérées ; leur leader en a décidé autrement.
Le tout sauf Yayi se confond naturellement au tout sauf Fcbe !!!
Par Arimi Choubadé