Pascal Koupaki est-il blanc comme neige dans les différents scandales qui ont terni l’image du régime en place alors qu’il était aux affaires ? Les téléspectateurs ont eu hier, l’occasion de se faire une opinion après l’entretien accordé par l’ancien premier ministre à Canal3 Bénin. « Ce n’est pas moi qui nommait les ministres. Aujourd’hui, il y a 123 ministres et le chef du gouvernement qui sont comptables du bilan des 9 ans de gestion du régime en place », a affirmé l’invité de Canal 3 qui a essayé de dégager sa responsabilité dans les différents scandales recensés depuis 2006.
D’abord, en ce qui concerne l’affaire Cen-Sad tout comme les autres cas de mal gouvernance, il a déclaré que son rôle n’était pas opérationnel dans lesdits dossiers. Toutefois, il a fait savoir qu’il a présidé la commission chargée de clarifier les zones d’ombre dans le dossier Cen-Sad. Pour ce qui est du dossier Pvi, il a aussi assuré qu’il ne l’a pas conduit à titre principal, mais que ce rôle a été plutôt dévolu à ses collègues de l’époque en charge de l’économie et des finances et de l’économie maritime. « C’est le conseil des ministres qui a délibéré et autorisé le contrat... Ce que je devais faire par rapport à ce dossier, je l’ai fait. Je n’ai commis ni erreur ni faute. Ils savent que je ne suis pas dans ce dossier là. Je suis là par le biais du Conseil des ministres. Quand j’appose ma signature, j’assume. J’ai le sens de la continuité de l’Etat. Je ne laisse pas des ardoises à mes successeurs… », a-t-il assuré.
L’autre scandale qui a fait l’objet d’attention au cours de l’entretien d’hier sur Canal3 est l’affaire Icc Services. Là encore, Pascal Koupaki a laissé entendre qu’il n’avait pas les moyens et n’était pas en position d’être informé plus tôt. Et quand l’affaire éclata en juin 2010 et qu’il a encore été désigné pour présider la commission chargée de faire la lumière sur ce dossier, Pascal Koupaki a confessé que c’est en ce moment qu’il a compris que des acteurs les plus insoupçonnés étaient au cœur dudit dossier.
Le courage de la rupture
Et si par rapport à tous ces couacs qu’il a notés lors de son passage au gouvernement, l’auteur de « Ce que je crois. La conscience citoyenne » cache à peine qu’il regrette la gouvernance économique, il dit avoir pris ses responsabilités pour que les choses changent véritablement dans son pays. « La grande difficulté, c’est l’homme béninois. Pendant 10 mois, j’étais sur le terrain pour échanger avec les Béninois. C’était une démarche citoyenne… », a-t-il indiqué en parlant de la mal gouvernance et de la nécessité d’un changement de mentalité. D’ailleurs, Pascal Koupaki, après son diagnostic dit regretter le système partisan au Bénin qui serait, selon lui, l’une des raisons qui expliquent l’effondrement moral. Alors, conseille-t-il, il faut avoir le courage de la rupture et être engagé sur les valeurs. En plus clair, pour Koupaki, il faut un système qui décourage l’impunité. Autrement, pour l’ancien premier ministre béninois, rien n’avancera. Car, remarque l’ancien fonctionnaire de la Bceao, la grande plaie qui handicape le développement du Bénin, c’est fondamentalement le problème de vertu.
Appel de pied ?
Bien d’autres sujets ont été évoqués hier avec l’invité de Canal3. Au nombre de ceux-ci, il y a l’épineuse question de la révision de la Constitution du 11 décembre 1990. Sur ce point, Pascal Koupaki pense qu’il est préférable de ranger d’abord ce dossier au placard. Pour ce qui est de ses relations avec Patrice Talon, l’homme d’affaires le plus redouté par l’Exécutif, il n’a pas fait la langue de bois. « Mes relations avec Talon sont cordiales. C’est un bon opérateur économique. Il est très structuré et très rationnel », a-t-il constaté. Un appel de pied pour un éventuel soutien du richissime homme d’affaires à sa probable candidature à la présidentielle de 2016 ? Peut-être. Mais pour Pik, il n’y a pas dix mille solutions pour concrétiser ses rêves de gravir les marches de la Marina en 2016 : « c’est le peuple et Dieu qui en décideront… ».