Attendues pour tracer les nouveaux traits de la vie politique béninoise, du moins en esquisser l’allure en attendant les municipales de fin mai, et surtout la présidentielle de 2016, les législatives ont bien eu lieu hier dimanche 26 avril. Dans l’Atlantique, qui abrite les 5è et 6è circonscriptions, les populations sont sorties, plus ou moins nombreuses. Les opérations se sont déroulées dans le calme mais des incidents ont été relevés ici et là…
Abomey-Calavi, Sô-Ava et Zè (6è circonscription); Allada, Kpomassè, Ouidah, Toffo et Tori-Bossito (5è circonscription) n’ont donc pas échappé à la fièvre électorale.
Samedi 25 avril déjà, en parcourant de part en part ces différentes communes constituant les deux circonscriptions, l’on s’aperçoit du calme qui y règne. Des efforts ont été faits par les administrations locales pour dépouiller les communes des attributs de campagne électorale. Le sol est couvert de débris d’affiches électorales lacérées quoique résistant, sur des murs, de rares oasis d’affiches restées intactes, notamment à Houègbo, à Ouidah ou à Kpomassè… A Abomey-Calavi, les affiches qui n’ont pu être lacérées, ont été simplement maculées de noir pour les rendre inexpressives. Déjà samedi aussi, dans la plupart des communes, le matériel lourd (urnes, isoloirs…) était sur place, sous bonne garde dans des arrondissements ; comme à Tori-Bossito où, dans l’après-midi, dame Rufine Alé, la coordonnatrice d’arrondissement faisait une revue d’effectif avec les membres de bureaux de vote, pour s’assurer que tous ont assimilé les enseignements. «Tout doit être fin prêt pour demain», projette-t-elle.
Demain, c’était hier dimanche 26 avril. Le jour J. il était loisible de remarquer des attroupements devant des lieux devant abriter des postes de vote, ou du matériel électoral, isoloir notamment, transporté à moto pour rallier les centres de vote. Au siège de l’arrondissement de Tokpa-Domè dans la commune de Kpomassè, il est 7h50. Le coordonnateur Blaise Kissèzounon est en plein dispatching du matériel « livré tard dans la nuit » et il donne les dernières consignes aux membres de bureaux de vote. Quelques électeurs sont déjà là, mobilisés. Ils se disent « prêts » à aller à l’assaut des bulletins de vote dès que le centre de vote de l’école primaire publique de Tokpa-Domè ouvrira…
Fortunes diverses
Un peu plus loin, dans l’arrondissement de Kpomassè centre, les nouvelles sont meilleures. Au centre de vote de l’école primaire publique de Kpomassè-centre, village Gbèdjèwin Adjibamey, les opérations de vote ont commencé à 7h50 et, à 08h25 déjà, au poste de vote 1 où sont attendus 476 votants, une vingtaine avaient déjà accompli le geste civique. Quelques représentants de partis et alliances de partis sont présents, comme dans la plupart des bureaux de vote sillonnés, le constat étant fait que seuls les partis assez bien implantés dans les localités sont représentés dans les bureaux de vote. De même, des observateurs de la Société civile ou de l’Union Africaine sont aperçus de temps à autre.
Dans l’arrondissement de Sègbohouè, les nouvelles sont meilleures. Au centre de vote de Sègbohouè Assito, c’est à 7h20 que les opérations ont démarré. Davantage au complexe scolaire d’Agonkanmey qui abrite un poste de vote. Ici, c’est à 7h00 comme prévu que le vote a démarré.
A quelques encablures de là, Ouidah. Ecole primaire publique OKé Agbégbé. Les deux bureaux de vote ont respectivement ouvert à 8h11 et à 7h30. Des électeurs y sont déjà à l’œuvre. Juste en face, à l’école primaire publique Ganvè, les deux postes de vote ont ouvert à 7h58’. Raison de ce retard, leurs présidents ne se sont pas présentés et il a fallu procéder à leur remplacement. Plus loin dans la ville, à l’école primaire publique de Kpassè, il apparaît que les postes de vote 1, 2 et 3 ont bien ouvert à 7h tandis que le poste 4 commençait à 7h11. C’est dans ce centre et au poste 1 que le maire de la ville, Sévérin Adjovi, viendra voter à 9h50 ; Chantal Yayi, une autre attraction du scrutin dans cette cinquième circonscription et dans la même ville, était annoncée pour l’après-midi à son poste de vote. Ayant accompli son devoir civique, Sévérin Adjovi va souligner l’accalmie perceptible dans la ville, avant de déplorer que les bulletins ne soient pas estampillés comme prévu, par des votants choisis dans les rangs; de même qu’il se préoccupe pour ceux qui n’ont pas retrouvé leurs noms sur les listes, ou encore du fait que, par endroits, des listes entières ont disparu…
A Savi, dans la même commune, une faible affluence est observée à l’école primaire publique de Minantinkpon à 10h20. Peut-être que les électeurs sont d’abord partis honorer Dieu, suggère un membre du bureau…
Zè : retrouvailles Houdé-Kpogbémabou mais que d’incidents…
A Zè, la compétition se joue à fond, semble-t-il. A l’arrondissement de Dodji-Bata où les opérations ont démarré à 7h49 et où plus de 100 votants sur 160 attendus avaient déjà accompli leur devoir à 13h30 souligne Camille Kpogbémabou, directeur général de la SBEE. Il va à la rencontre du coordonnateur d’arrondissement Henri Fadonougbo, flanqué du chef d’arrondissement qu’il présente comme étant «FCBE aussi ». Il vient aux nouvelles au sujet d’un incident.
En effet, à l’entrée d’un centre de vote de l’arrondissement, il a été signalé que des partisans de sa famille politique se sont attroupés et donnaient des consignes de vote aux électeurs. Craignant que cette attitude dégénère en troubles, un président de poste de vote a alerté le coordonnateur, le chef d’arrondissement soutenant qu’il n’en est rien. Pour Camille Kpogbémabou, c’est une « mal compréhension paysanne » et il ne faut pas s’y attarder.
Dans l’arrondissement de Djan, au centre de vote de l’école primaire publique de Djan centre, ce sont des représentants FCBE qui se font expulser du poste de vote parce que leur accréditation est signée, non du président de la CENA, mais du coordonnateur national des FCBE. Camille Kpogbémabou joue encore au pompier de service. Après des échanges téléphoniques avec la CENA, la coordonnatrice reçoit l’autorisation de les admettre à nouveau …
C’est dans ce centre de vote que viendra voter Valentin Aditi Houdé, le député du coin, à 14h45. Sur place, il rencontre Camille Kpogbémabou. Les deux se chahutent joyeusement. Le premier demande au second pourquoi il porte autant de bagues (il en a à presque tous les doigts), le raille en le présentant comme un commerçant bien particulier qui cible ses clients pour leur vendre son produit, l’électricité, en fonction de leur coloration politique, insinue-t-il. L’autre s’en défend, et assure faire du développement puisqu’on ne vend pas l’électricité comme le maïs… Puis, il revendique son statut d’aîné. Rires gais et accolades, puis Valentin Houdé s’acquitte de son devoir. Dès lors, il peut féliciter tous les acteurs ayant contribué à la tenue du scrutin, projeter que son alliance, l’AND, s’en sortira à bon compte, mais il ne manque pas de déplorer les défaillances qui font que jusqu’en milieu de journée, certains bureaux de Calavi n’aient pu commencer, ou encore que des électeurs candidats qui plus est, n’aient pu avoir leurs cartes, ce qui les empêche d’exprimer leurs suffrages.
Comme à Zè, Toffo, en particulier Houègbo, où les opérations de vote ont généralement commencé après 7h, voire largement au-delà de 8h, a connu quelques incidents. De nombreux électeurs dénoncent une candidate dont les éléments ont été postés aux environs du marché de la gare et distribuaient de l’argent, mille francs CFA par tête. Interpellés par un sexagénaire, ils seront relâchés suite à l’intervention d’autres ressortissants de la commune au motif qu’ils risquent de se retrouver tous en prison; autant ceux qui distribuaient de l’argent que ceux qui en recevaient… Entre-temps, à Allada, il a été observé que les opérations se déroulaient dans la quiétude, notamment dans l’arrondissement d’Ahouannonzoun où, à 15h20, la plupart des électeurs attendus dans le centre de vote de l’arrondissement, étaient déjà passés.
Marchés et débits de boisson ouverts
En dépit de l’interdiction, certains marchés et débits de boisson ont ouvert hier, aux heures de vote. Ainsi, à Zè-plaque, hier dimanche était jour de marché. S’il y a moins d’affluence que d’ordinaire, la place du marché accueille tout de même du monde. Certaines de ces femmes ont voté avant de se porter là, et elles montrent bien leur pouce gauche marqué à l’encre indélébile pour nous convaincre. D’autres, par contre, n’ont pas eu le temps d’aller s’aligner dans les centres de vote. « Il faut chercher de l’argent pour vivre d’abord», lance l’une d’entre elles. Une autre, venue du quartier Agontinkon, a sur elle son récépissé mais n’ayant pu retirer sa carte en dépit de ses efforts, elle a décidé de ne pas sacrifier ce jour de marché. Et si elle garde sur elle ce récépissé, c’est pour le cas où on l’interpellerait…
A Houègbo aussi, le marché de la gare est bien animé. De l’avis général, la plupart des commerçantes se sont acquittées de leur devoir civique tôt dans la matinée avant de revenir s’occuper de leur commerce.
Comme les marchés, des débits de boisson ont ouvert, parfois de façon ostentatoire, mais souvent discrètement ; accueillant quelques habitués qui s’accommodaient bien de fraîches bouteilles…