Jamais une élection au Bénin n’aura connu autant d’influence des Technologies de l’information et de la communication (TIC). A toutes les phases du scrutin, ces technologies jugées modernes et donc propices pour communiquer, notamment en direction de la jeunesse ont été utilisées à fond avec des fortunes diverses.
Message de sensibilisation, appel patriotique, message en faveur du retrait des cartes d’électeur, appel au vote en faveur de partis ou alliances de partis… appel à la vigilance pour contrer toute tentative de fraude… les technologies de l’information et de la communication (TIC) n’ont pas été du reste dans les différentes phases du scrutin législatif qui était, dimanche dernier à son point culminant. A vrai dire, c’est bien la toute première fois qu’un processus électoral est soumis à autant de caprices technologiques.
En effet, le scrutin législatif du dimanche 26 avril dernier était annoncé comme un derby des temps modernes, impliquant par ailleurs une forte majorité de jeunes électeurs. Dès lors, les acteurs politiques, ou du moins les candidats en lice ne se sont pas fait prier pour saisir l’opportunité des TIC et se faire entendre auprès d’eux. La stratégie la plus prisée a été celle des réseaux sociaux, notamment les forums de discussion via facebook ou encore les applications multimédias. Ces moyens de communication peu connus du citoyen lambda et assez ancrés au niveau de la cible jeune constituent des réseaux de diffusion de l’information à longueur de journée. C’était donc une opportunité pour les plus jeunes candidats de se faire entendre, d’échanger avec les élèves, les étudiants, les chômeurs, les jeunes cadres….
Quand l’information tourne à plein gaz !
Les fora de discussion crées pêle-mêle par le truchement des applications mobiles ont pour particularité d’être des clubs de discussion où l’information circule à longueur de journée. Parfois à des heures tardives, s’installent des chauds débats auxquels certains candidats viennent souvent participer. Lorsque ce ne sont pas des débats contradictoires organisés entre candidats ou partisans de candidats, ce sont plutôt des candidats qui sont reçus comme «invité» pour expliquer aux membres du groupe leur vision de législature et au besoin ce qu’ils appellent « projet de société».
Exercice fastidieux à première vue, puisqu’imposant aux intéressés de rester scotchés à leur Androïd et/ou tablettes pendant de longues heures. Mais il n’est pas moins plaisant et a permis par exemple à certains candidats aux élections législatives comme Chabi Yayi, Joseph Djogbénou…. de se faire plus proches d’une frange de leurs électeurs. Mais cela ne constitue que la partie visible de l’iceberg. «Les TIC ont été utilisées à foison», soutient Albérick Toudonou, étudiant en communication d’entreprise. Celui-ci soutient avoir reçu des messages de campagne de plusieurs candidats sur le groupe Imo créé par ses camarades d’écoles et lui pour partager des informations.
Utiliser à fond
Certains candidats ne se sont pas fait prier pour utiliser à fond, toutes les possibilités que leur offraient les TIC. C’est le cas par exemple du ministre Komi Koutché, candidat tête de liste des Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBE) qui, en plus des pages facebook créées pour sa circonscription électorale, a également créé un site web, toujours à ce propos, pour renforcer sa visibilité ainsi que celle de la liste. «La 9è» était devenue donc assez visible sur la toile. Rominus Djaïto, employé dans une société de vente de produits électroniques assure même avoir visualisé sur Youtube, une «longue vidéo portant sur le lancement de campagne de ministre Komi Koutché». Et de soutenir alors que c’est «la toute première fois» qu’il fait un tel constat. Sa conclusion est alors toute trouvée : «nos hommes politiques avancent également avec les technologies ». Même la société civile, dans sa mission d’observation du scrutin n’y a pas échappé. Elle a installé tout un système moderne avec l’appui des partenaires techniques et financiers. Toute chose que la représentante résidente du Programme des Nations Unies pour le développement au Bénin a qualifié d’innovation et a même souhaité que ledit système se perfectionne. «C’est une influence positive», se réjouit Ralmeg Gandaho, président de l’organisation non gouvernementale «Changement social Bénin». Pour lui, cela répond à des besoins et moyens de la jeunesse et contribue davantage à l’implication des jeunes dans l’animation de la vie politique, surtout en période électorale. Le souhait de cet observateur de la vie politique au Bénin et surtout du processus électoral, c’est que cette influence s’étende même à d’autres secteurs comme l’économie, la culture…, «puisque les réseaux sociaux couvrent tout aujourd’hui et rien ne leur échappe», soutient-il.
Initiative appréciable, pourrait-on donc dire, non sans occulter le revers de la médaille qui, parfois, se révèle bien plus douloureux que sa face.
Josué F. MEHOUENOU