Plume libre : Misère des cartes d’électeurs !

News

Politique

Article

Politique

Publié le mercredi 29 avril 2015 | Fraternité

© aCotonou.com par CODIAS
Timide démarrage de la distribution des cartes d`électeurs a Cotonou.
Samedi 18 Avril. Cotonou. Démarrage de la distribution des cartes d`électeurs qui serviront aux législatives,communales et présidentielles .

Malgré le vote du 26 avril, le feuilleton électoral n’a pas fini d’offrir son épisode émouvant de la distribution des cartes d’électeurs. Privés du précieux sésame, des milliers de Béninois n’ont pu avoir accès à l’isoloir pour l’exercice de leur droit de vote. Dans l’euphorie et le tintamarre des législatives, perce le silence des victimes du cafouillage des cartes d’électeurs. A l’horizon, se pointent les élections locales, communales et municipales. Et des électeurs cherchent toujours désespérément leurs cartes. Comme Diogène, en plein jour à la recherche de l’homme avec une lanterne.
Au-delà du taux de participation encore coincé dans les incertitudes, c’est le taux de distribution des cartes d’électeurs qui étoffe le mystère. Au grand banquet de la démocratie, la question des cartes devient ainsi la grosse fausse note. La poursuite de l’opération de distribution le jour du vote, chose inédite, est symptomatique du désastre. Mais, le Centre national de traitement (Cnt) a pu sauver l’essentiel en bousculant l’impossible, sans cependant vraiment permettre à tous les électeurs de composter leurs tickets. La situation risque d’engendrer la perversion de la démocratie.
En prenant, avec la bénédiction de la Cour constitutionnelle, le relais du Cos-Lépi, fraîchement dessaisi du job de distribution des cartes d’électeurs, le Cnt avait le gain d’un nouveau privilège, et auréolé de cette prise de galon, il s’est vite embarqué dans la galère. Sur l’essentiel et à son actif une belle réactivité mais toujours insuffisante pour éviter le spectacle de la distribution de cartes le 26 avril. La démocratie participative escomptée a failli prendre l’eau sous l’effet des vagues des cartes.
Les images des montagnes de cartes d’électeurs diffusées sur les chaînes de télévision et les Sos lancés par les agents distributeurs ont montré l’ampleur de la faillite. Il faut vite éradiquer le mal et remettre les cartes à leurs propriétaires. C’est l’une des urgences de la période post-législatives. La thérapie devrait se traduire par une reconversion morale des laxistes et un appel patriotique à la mobilisation.
Sur la route du 31 mai, il est question de corriger les tares à l’origine de l’odyssée du 26 avril et donc de créer les conditions pour un vote massif. Une réorganisation de l’opération de distribution des cartes d’électeurs relève de la nécessité. Avec plus de sérieux et de rigueur. Des hommes sans visage, comme Fantômas avaient pris de cartes. Beaucoup n’ont jusqu’ici pas retrouvé leurs cartes. Et quelle est donc cette démocratie qui se résigne épisodiquement à marcher sur la tête ?
« Creusez, fouillez, bêchez ; ne laissez nulle place où la main ne passe et repasse ». Pour chaque citoyen, la carte d’électeur reste le trésor à chercher. Il faut remuer le champ électoral et donner de l’ampleur au vote du 31 mai prochain. Le devoir appelle le citoyen qui doit répondre favorablement avec sa carte d’électeur.
Avec une convocation spectaculaire du corps électoral pour le 28 février et le 13 mars 2016, le peuple emballé dans la série d’élections n’a plus de temps à perdre. Déjà sous un parfum de la présidentielle, il doit dans la foulée régler les détails locaux, communaux et municipaux avant le grand soir dans 11 mois.
Et pourtant, aucun rendez-vous électoral ne peut être honoré sans la carte d’électeur. On a pris déjà conscience de cette évidence. Il ne reste pour les délaissés du 26 avril qu’à aller réclamer leur bien chez les distributeurs de cartes d’électeurs.

Isac A. YAÏ