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Convocation du corps électoral pour présidentielle de 2016 : Yayi met la classe politique face à ses responsabilités
Publié le jeudi 30 avril 2015  |  Matin libre
President
© aCotonou.com par DR
President Boni Yayi




Le Chef de l’Etat a convoqué en début de semaine le corps électoral le 28 février 2016 pour le premier tour de la prochaine présidentielle. C’est une décision qui étonne par sa singularité mais devrait motiver la classe politique à préparer ce scrutin crucial.

Alors que le processus électoral en cours n’a pas encore pris fin et qu’il reste encore au Bénin à organiser les communales et les locales, le Chef de l’Etat a choisi de convoquer le corps électoral pour un autre scrutin. Selon le communiqué signé du Secrétaire général du gouvernement et publié le 27 avril dernier, le premier et le second tours de la présidentielle se tiendront respectivement le 28 février et le 13 mars 2016. Dans l’opinion, la décision est diversement accueillie. Pour les uns, Yayi Boni veut montrer qu’il n’a pas l’intention de s’accrocher au pouvoir et qu’il reste bien au contraire pressé de quitter le palais de la Marina. Pour les autres, le Chef de l’Etat s’adonne à un jeu pour endormir le peuple à travers une décision qui viole le Code électoral. Selon eux, le président Yayi Boni a ignoré l’article 68 du Code électoral qui stipule que « le corps électoral est convoqué par le Président de la République, par décret pris en Conseil des ministres quatre-vingt-dix (90) jours avant la fin du mandat en cours». Ils soutiennent que Yayi Boni, qui n’a pas strictement respecté la loi, préparerait un autre coup contre l’opposition à travers son acte qui laisse encore perplexe. Mais quelles que soient les interprétations, la décision du Chef de l’Etat peut être présentée comme un appel lancé à la classe politique. Ou encore une volonté de mettre les acteurs politiques devant leurs responsabilités. A un peu moins d’un an de la fin de son dernier mandat constitutionnel, le président Yayi tente vraisemblablement de démentir ceux qui l’accusaient de ne pas vouloir organiser la présidentielle de 2016. Mieux, le communiqué du Secrétaire général de la présidence peut s’analyser comme le prolongement de la déclaration du Chef de l’Etat du 26 avril 2015. En effet, après avoir exprimé son vote le dimanche dernier, l’actuel locataire de la Marina avait laissé entendre :»Je ne serai candidat à rien… Mon nom ne figurera plus sur aucun bulletin de vote «. En d’autres termes, Yayi Boni tient certainement à faire comprendre que, même s’«il n’est pas encore fini», il quittera le pouvoir en avril 2016 et qu’il importe désormais pour les acteurs politiques lorgnant le fauteuil présidentiel de peaufiner leurs stratégies afin de prendre part aux joutes électorales. Suite au communiqué du 27 avril 2015, les présidentiables, aussi bien ceux de la majorité présidentielle que ceux de l’opposition, devraient travailler à définir leurs différents projets de société et permettre au peuple de faire un choix conséquent dans un climat sociopolitique apaisé.

Yayi garde la main…

L’un des objectifs recherchés par le Chef de l’Etat est de couper l’herbe sous le pied de l’opposition qui doute de sa volonté de tenir la présidentielle. Visiblement, il ne veut aucunement permettre à ses adversaires d’exploiter une situation confusion contre son gouvernement durant les 11 mois qui lui restent. Seulement tout en proclamant sa volonté de quitter le pouvoir en 2016, l’homme ambitionne de continuer à contrôler le jeu politique jusqu’à la fin. Certes, il est hors course. Mais la convocation du corps électoral lui permet de déclencher les hostilités au sein de la majorité présidentielle tout en restant le seul capable de prendre les décisions impossibles. L’opposition devra aussi sortir le grand jeu pour éviter les surprises désagréables. Par ailleurs, selon certains observateurs, Yayi Boni qui s’est bien joué des opposants lors des dernières tensions préélectorales en évitant le dialogue politique presque imposé, veut aussi rééditer cet exploit. Sinon faire plus. Il a probablement pour objectif de finir son deuxième mandat comme le font les grands hommes dans les grandes démocraties. En tout cas, le communiqué du lundi dernier cherche à rassurer le peuple et à convaincre la classe politique de faire les bons choix afin d’écarter toute situation «crisogène».

AS
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