Le juge Angelo Houssou n’est toujours pas au bout de ses peines. Sa sécurité reste encore très préoccupante plus de trois mois après qu’il ait pris des ordonnances de non-lieu dans les affaires tentative d’empoisonnement du Chef de l’Etat et tentative de coup d’Etat. Il y a toujours de graves menaces sur la sécurité du juge du 6ème cabinet d’instruction du Tribunal de première instance (Tpi) de Cotonou.
Le juge Angelo Houssou est actuellement sans garde du corps. Il vit sans sécurité rapprochée à son domicile comme sur son lieu de travail. Après le repli total le 16 juillet 2013 du dispositif sécuritaire qui lui avait été imposé, de sources informées indiquent que le seul soldat affecté à sa garde rapprochée et dont il a souhaité le maintien a été retiré le 28 juillet 2013. On confirme également que la filature systématique dont le juge fait l’objet se poursuit. Une situation bien inconfortable qui expose le juge Angelo Houssou aux dangers liés à son métier très sensible.
Cette situation lui est imposée depuis un peu plus de trois mois par les autorités désignées par l’article 9 du décret n°2008-454 du 14 août 2008 règlementant la mise à disposition des autorités et personnalités, des gardes du corps. Les affaires tentative d’empoisonnement du Chef de l’Etat et tentative de coup d’Etat auxquelles on a vainement associé le nom de l’homme d’affaires Patrice Talon et dans lesquelles le juge Houssou a prononcé des ordonnances de non-lieu continuent donc de lui compliquer l’existence.
Car c’est au lendemain de la reddition de ces ordonnances que les autorités en charge de la sécurité ont "séquestré" le juge. Mais ce qui inquiète davantage, c’est que malgré les actions entreprises par ce fonctionnaire de justice pour rétablir la sécurité dont il jouissait avant le 17 mai, il s’est heurté à la perfidie du gouvernement. Les nombreuses lettres adressées à la ministre de la Justice n’ont abouti à rien. Pour toute réponse, la Garde des Sceaux, Réckya Madougou a informé le juge en danger, qu’elle n’a pas la compétence de trouver solution à sa requête. Une correspondance a également été adressée au Chef de l’Etat ; une lettre dans laquelle, le juge a demandé l’affectation à sa garde rapprochée d’un soldat et la remise à disposition de militaires de la Garde républicaine initialement affectés à la protection de son domicile. Mais, jusque-là, la demande est restée sans suite. Et pendant ce temps, le juge Angelo Houssou reste vulnérable à toute attaque. Il est presque abandonné par la République.
Et vu le flou qu’entretient le gouvernement sur ce sujet sensible, on est bien tenté de déduire qu’il a délibérément mis en difficulté un juge et que l’objectif visé est de fragiliser la justice, un pilier déterminant de la démocratie. Le juge Angelo est en danger. Le processus de démocratisation aussi.