Demain 1er mai, le Bénin, à l’instar de la communauté internationale célébrera la fête internationale du travail. Cette fête célébrée pour commémorer la mémoire des ouvriers de Chicago qui réclamaient de meilleures conditions de travail, est une occasion pour les travailleurs béninois de réfléchir sur leur situation. A cet effet, les secrétaires généraux des confédérations et centrales syndicales se prononcent sur sur les conditions de travail et de vie des travailleurs béninois et les actes posés par le gouvernement pour les satisfaire un tant soit peu.
Dieudonné Lokossou, Sg/Csa-Bénin
« Lorsque les syndicalistes sont calmes, le gouvernement pense que tout va bien dans le pays »
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Les travailleurs béninois, à l’instar de leurs collègues du monde entier vont célébrer la fête internationale du travail édition 2015. Face aux difficultés que rencontrent les travailleurs béninois à cause de la précarité et de l’inflation, le pouvoir d’achat des travailleurs a été érodé. Les efforts que nous attendons du gouvernement pour lutter contre la paupérisation ne sont pas suffisants.
Pour cette fête, nous allons déposer notre cahier de doléances au gouvernement à travers le ministre du travail, de la fonction publique, des réformes administratives et institutionnelles. Nous n’espérons pas grand-chose de ce rituel car, une chose est de déposer le cahier de doléances, une autre est de voir la satisfaction des revendissions évoquées. Lorsque les syndicalistes sont calmes, le gouvernement pense que tout va bien dans le pays, mais ce n’est pas vrai. Je ne dirai pas que le gouvernement du Président Yayi n’a rien fait aux travailleurs. Il a fait ce qu’il a pu, mais par rapport au train de vie de l’Etat et des hommes politiques qui nous dirigent, on a comme l’impression que nous avons des richesses mal réparties. Or, dans un pays où la misère sévit comme le Bénin, les richesses devraient être équitablement partagées. Lorsque les conditions de vie des travailleurs s’améliorent, cela a des répercussions sur tous les autres secteurs d’activités.
Les négociations que nous avons menées jusque là avec le gouvernement sont spécifiquement liées au problème du relèvement de la valeur du point d’indice qui ne concerne que les enseignants qui ont été arbitrairement écartés de cette mesure. Dieu merci, nous venons de signer le relevé des conclusions de cette négociation il y a un mois. Les confédérations s’apprêtent donc à rendre public son contenu à travers une conférence de presse. La signature du relevé est déjà un pas, mais nous devons garder toute notre vigilance pour voir l’application effective des accords que nous avons conclus avec le gouvernement. Certains problèmes qui n’ont pas été pris en compte dans le relevé, reviendront dans le cahier de doléances. Il s’agit de la sédentarisation des vacataires, les problèmes des praticiens hospitaliers n’ont pas été réglés totalement. Au niveau de la justice, l’Unamab est en grève. Notre solidarité agissante ne doit pas être absente de ce côté-là. L’administration étant une continuité, je pense que les engagements pris par ce gouvernement qui est en train de finir son mandat seront appliqués par le gouvernement du Président qui sera élu en 2016.
Pascal Todjinou, Sg/Cgtb
« …c’est dans le désespoir que nous voulons fêter »
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Cette fête sera célébrée dans les mêmes conditions qu’avant pour la simple raison que fondamentalement, rien n’a changé de 2014 à 2015. Je le dis parce que tout ce que nous demandons n’est pas encore accordé de façon franche. Ce que nous demandons pour les agents des collectivités locales n’est pas encore franchement accordé. Bien sûr, il y a une loi qui a été votée, mais elle renferme des confusions qui privent d’emplois les jeunes. C’est dans ces conditions que nous allons célébrer la fête du 1er mai dédiée aux travailleurs. Donc, c’est dans le désespoir que nous voulons fêter. C’est notre fête, nous devons donc être heureux pour l’organiser.
Le cahier de doléances sera déposé le jeudi 30 avril (ce jour). Dans ce cahier, nous avons évoqué la situation des enseignants, des agents des collectivités locales, les difficultés des agents de santé et des fonctionnaires en général… La situation est grave, c’est pour cette raison que j’ai dit tantôt que c’est dans la douleur que nous célébrerons cette fête.
Comme vous le savez, tous les membres du gouvernement sont en campagne. Nous venons de finir avec les élections législatives, mais ils sont déjà en campagne pour les élections locales, communales et municipales. Donc, pour le moment, les négociations sont suspendues.
Noël Chadaré, Sg/Cosi
« Nous demandons la relecture du statut général de l’agent permanent de l’Etat »
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Nous sommes déjà dans la fièvre du 1er mai puisque nous sommes en train de préparer le cahier commun de doléances des confédérations qui sera déposé ce jour. Nous sommes en train de préparer aussi les festivités, car au-delà du dépôt du cahier, il faut fêter puisque, le 1er mai est très important pour les travailleurs. C’est une fête pour commémorer la mémoire de tous les ouvriers de Chicago qui ont lutté afin de donner un caractère humain au travail. Le 1er mai est aussi une occasion pour marquer un arrêt afin de réfléchir sur la condition ouvrière dans notre pays et dans le monde entier, les stratégies à adopter pour améliorer les conditions de vie des travailleurs.
Le cahier de doléances que nous allons déposer est établi par secteur. Il a été élaboré par les cinq centrales : la Cosi, la Csa, la Cgtb, la Csub, la Cspib. Ce cahier aborde tous les secteurs de travail : les secteurs parapublic, privé, public, l’administration territoriale et des revendications transversales. Si nous prenons le secteur parapublic, nous avons constaté que le Smig a été revu à la hausse. Il est passé de 31.625 à 40.000 F Cfa. C’est le fruit de notre dernière lutte. Mais, il y a des actes que le gouvernement devrait prendre dans les meilleurs délais pour la hiérarchisation des salaires afin de permettre sa jouissance aux employés et aux retraités. Dans le secteur public, il y a la non jouissance des 25% par les enseignants. Bien vrai, nous avons signé des accords avec le gouvernement dans ce sens et nous voudrions qu’il prenne des actes pour accélérer le processus pour que le statut particulier du personnel de l’enseignement maternel, primaire et secondaire soit une réalité. Nous avons aussi la question de la sédentarisation des vacataires car, ils sont nombreux dans le système éducatif et ce n’est pas une bonne chose. Nous voudrions aussi que le gouvernement nous fasse le point de l’opérationnalisation du Ramu… Nous demandons également la relecture du statut général de l’agent permanent de l’Etat car, il faut permettre aux jeunes qui ont fini leurs études et qui sont encore à la maison en train de tendre toujours la main à leurs parents de rentrer dans la fonction publique.
Les dernières négociations avec le gouvernement ont porté sur la question des 25% aux enseignants. Nous sommes alors parvenus à un relevé de conclusion. Ensemble, on s’est entendu avec le gouvernement qu’en attendant les 25%, qu’il y ait 10.000 F cfa de prime transitoire. Cela devrait débuter depuis janvier 2015, mais l’effectivité sera à partir de septembre 2015. Mais, il faut que cela soit claire, nous ne substituons pas les 25% par les 10.000 F, c’est juste une mesure transitoire. Dès que le statut particulier de l’enseignant sera mis en application en septembre prochain, les 10.000 F cfa doivent disparaître.
Nous, confédérations syndicales, nous avons pris l’option de dialoguer et de négocier pour avoir du concret pour les travailleurs et non de verser dans le jusqu’au boutisme qui est souvent stérile.
Propos recueillis par Isac A. YAÏ
30-04-2015, Isac A. YAÏ