Que dit le code électoral en matière de proclamation des grandes tendances? Qu’a fait la CENA? Voilà les deux questions que soulèvent les légalistes. Ils craignent et dénoncent une annonce bâclée et à dose homéopathique de résultats prédisposés à une manipulation tronquée au profit du pouvoir. Beaucoup ont poussé un ouf de soulagement mais peu sont convaincus que Emmanuel TIANDO, le Président de la Commission, et ses équipiers ont eu à faire une application efficace du code électoral dans la livraison des grandes tendances des résultats provisoires. D’après l’état major de l’opposition UN, ce ne sont pas des grandes tendances qui ont été données. « Les législatives ne sont pas des élections à circonscriptions électorales nationales ».
En effet elles se tiennent dans 24 circonscriptions électorales réparties sur toute l’étendue du territoire. « Ce que la CENA a fait là n’est pas ce que lui demande la loi. Elle devrait donner, circonscription par circonscription, les grandes tendances des partis et alliances ayant été en lice » s’est indigné Urbain AMGBEDJI joint au téléphone quelques heures seulement après que la CENA ait parlé.
Nous avons également suivi la réaction du camp FCBE, sur la chaîne de télévision-nationale, qui dit avoir nourrir assez de « réserves à propos des tendances » fournies sur ses résultats provisoires. Nous n’avons pas manqué d’interroger également le code électoral. D’après le dernier alinéa de son article au numéro 15 qui stipule : « … – la publication des grandes tendances des résultats provisoires. »
A la lumière de ce qui précède la commission électorale nationale autonome a joué sa partition. Mais à y voir de près le format choisi par la CENA pour présenter ses tendances se révèle trop global. La preuve en est qu’elle seule est en mesure de comprendre la liste nominative déductible à partir de la répartition du nombre de sièges par partis et alliances ayant été en lice. Une telle situation déteint sur la qualité de la réponse attendue de la commission et sur la transparence de sa mission.
C’est ici que germent les appréhensions de l’opinion légaliste et de la plus grande alliance de l’opposition au régime de Boni YAYI. En effet elles affirment que la CENA n’a pas agi innocemment. Son objectif serait de préparer les béninois à accepter des résultats définitifs tronqués et servis par une instance comme la Cour Constitutionnelle dont les décisions sont » sans recours ». Ici ce sont les résultats manipulés après les recours contre les résultats provisoires qui seront à avaler sans ronchonnement. Reste à savoir si la Cour prendra ce risque!