L’Ecole du patrimoine africain (EPA) à Porto-Novo a organisé dans l’après-midi du jeudi 30 avril dernier, une conférence dont le thème a porté sur «La destruction des biens culturels en Afrique : enjeux et solutions». A l’issue de la cérémonie, les participants ont fait une déclaration intitulée «L’appel de Porto-Novo » pour inviter la communauté internationale en général et africaine en particulier, à une meilleure préservation du patrimoine culturel.
L’Ecole du patrimoine africain (EPA) sonne la mobilisation générale contre la destruction des biens culturels en Afrique. En témoigne l’organisation, jeudi 30 avril dernier, d’une conférence sur les enjeux et les solutions de la destruction des biens culturels en Afrique. Cette activité s’inscrit dans le cadre de l’exécution de la mission de cette école sous-tutelle de l’Université d’Abomey-Calavi (UAC) de contribuer au développement socio-économique des pays et peuples africains, à travers la conservation et la valorisation de leurs patrimoines culturels. Fidèle à cette vision, l’EPA se dit interpellée par les atteintes répétées aux éléments du patrimoine culturel et à son destruction en cas de conflits ou lors des actes terroristes, trafic illicite en Afrique et dans les autres régions du monde. On se souvient des profanations des mausolées de Tombouctou au Mali classés au patrimoine mondial de l’UNESCO perpétrées en mai 2012, la destruction de plusieurs monuments et sites lors du printemps arabe en Egypte et en Lybie.
Les cas d’Afganistan, d’Irak, de Syrie, d’Afrique du Sud, de Tunisie et autres ont été aussi rappelés à l’assistance. Ces actes criminels de destruction criminelle perpétrés sur le continent et ailleurs, sont loin d’être considérés comme un cas isolé, a souligné Nouréini Tidjani-Serpos, ancien sous-directeur général chargé du département Afrique de l’UNESCO et modérateur de la conférence. Ils s’inscrivent, selon lui, dans le plan dévastateur du patrimoine de biens culturels à travers le monde et particulièrement l’Afrique. L’ancien fonctionnaire onusien a salué l’organisation de cette conférence par l’EPA qui a permis à des professionnels de patrimoine, des historiens de l’art, des archéologues, des socio-anthropologues, des chercheurs, de croiser leurs regards sur le phénomène de destruction des biens culturels.
Deux panels ont animé cette conférence.
Le premier composé de Samuel Kidiba, directeur de l’EPA et de Joseph Adandé, historien de l’art, s’est occupé des enjeux et solutions de la destruction des biens culturels en Afrique. Et le second panel qui a eu comme communicateurs Alexis Adandé, archéologue et Appolinaire Gnanvi, sociologue, a porté sur les implications socio-économiques du phénomène. Les débats qui ont suivi ces deux présentations ont permis à l’assistance de mieux appréhender l’ampleur de la destruction des biens culturels au cours de ces deux dernières décennies dans le monde et l’urgence d’une mobilisation régionale et internationale.
Les participants à la cérémonie ont ensuite adopté une déclaration intitulée «l’appel de Porto-Novo ». Il appelle à la mobilisation et à la sensibilisation de la communauté internationale en général et africaine en particulier sur la nécessité de préserver et de protéger le patrimoine culturel en tout lieu et en toute circonstance. Il s’adresse également à la responsabilité de toutes les organisations internationales, les Nations Unies, l’UNESCO, l’Union Africaine et les autorités politiques et administratives régionales et internationales à se lever et à défendre les biens culturels africains. Aussi, les populations et les Forces de défense et de sécurité sont-elles invitées à dénoncer et à combattre les terroristes et autres agresseurs du patrimoine culturel.
Le rapport général de la conférence et le document de « l’appel de Porto-Novo » seront envoyés à l’UNESCO, l’Union Africaine, la CEDEAO, l’UEMOA et la CEEAC, la SADEC et à l’Union du Maghreb arabe pour sonner la mobilisation générale autour du phénomène.
Outre l’appel, les participants à la conférence ont proposé plusieurs autres actions concrètes pour une meilleure préservation et protection du patrimoine culturel dans le monde et en Afrique en particulier.
Par Thibaud C. NAGNONHOU, A/R Ouémé-Plateau