Ils étaient particulièrement suivis, les candidats aux législatives qui nourrissent aussi des ambitions avouées pour le fauteuil présidentiel. S’ils entendaient faire de ces législatives, une rampe de lancement de leur machine pour aller à la conquête du palais de la Marina, les uns devront changer de fusil d’épaule, quand les autres devront se montrer prudents…
Quelques candidats aux législatives faisaient, avec le scrutin, un test de popularité et de maîtrise de leur territoire. A l’arrivée, les réalités sont contrastées. Ainsi, l’Alliance Soleil était attendue au tournant de ces législatives. Pour avoir déjà donné le ton de la présidentielle en proclamant la fin de Boni Yayi, cette alliance qui ne cache pas que l’astre centre de sa galaxie est le général Robert Gbian se devait de faire une démonstration de force face aux FCBE, pour convaincre l’opinion qu’elle contrôle réellement le terrain ; surtout que le général en personne conduisait la liste dans la 7e circonscription. Mais à l’arrivée, le score est terne : 4 députés seulement. L’Alliance n’aura donc pas réussi à dominer les FCBE. Pis, dans sa bonne 7e circonscription, le général ne fait pas mieux que se tirer d’affaire lui-même, laissant aux FCBE 2 sièges sur 3. Ce qui amène à bémoliser son influence sur la région. L’autre grand nom de l’alliance, Sacca Lafia, ne fait pas mieux dans la 8e circonscription où les FCBE s’en sortent avec 3 sièges sur les 4 ; pas plus que Issa Salifou dans la 1ère circonscription ne réussit pas à prendre plus d’un siège, le sien propre, concédant les deux autres aux FCBE. Somme toute et en attendant d’avoir une idée des suffrages glanés par l’alliance sur tout le territoire national, il se dégage qu’elle ne contrôle pas encore ce qui devrait être considéré comme son fief naturel. Certes les réalités de la présidentielle ne sont pas forcément les mêmes que celles des législatives. Une dynamique autre peut toujours s’installer. Mais en attendant, ces législatives sont l’étalon à l’aune duquel on peut apprécier la force de frappe de cette alliance. Pour constater qu’il y a encore loin de la coupe aux lèvres et que ses acteurs devront encore remuer la terre électorale.
Elections test
Comme autre présidentiable, Léhady Soglo. Président de la RB revenu de ses amours infructueuses avec la mouvance présidentielle, il s’inscrit dans la logique de l’Opposition. Ces élections, pour lui aussi, étaient un test, notamment dans la ville de Cotonou, où le parti a si souvent dicté sa loi. En ne réussissant pas à tirer son épingle du jeu, «maman» Rosine Soglo étant la seule élue dans la 16e où le parti avait pris trois sièges sur cinq en 2011, Léhady Soglo se met en difficulté. Il devra justifier d’un entregent qui permette au parti de se requinquer assez vite, pour espérer aborder les échéances de 2016, s’il s’y présente effectivement, avec optimisme. Car, face à lui dans la même circonscription, un autre ambitieux, Joseph Djo-gbénou aligné par l’Union fait la Nation, s’en sortait avec brio, à l’ombre de Candide Azannaï. Le bémol, relativement à l’élection de l’universitaire, c’est qu’il est improbable, en l’état actuel des choses, de dire quel aura été son apport intrinsèque ou même celui de son parti Alternative Citoyenne, à la victoire de l’UN dans la circonscription. De sorte qu’il apparaît prématuré et curieux qu’au soir même des élections, assuré de son élection, l’entourage de l’homme ait publiquement fait état de ses ambitions pour 2016. Une erreur politique sans doute quand on sait qu’il est dans une alliance dont certains acteurs de première heure ne font pas mystère de leurs ambitions non plus. L’attitude de l’entourage de Joseph Djogbénou est de nature à rendre leur champion suspect aux yeux des autres, et à entretenir un climat de méfiance à son égard. Rien n’étant encore joué, il faut donc savoir se tenir dans cet environnement pour ne pas casser la dynamique qui naît à peine. Car, pour lui, chercher à transformer tout de suite l’essai que constituaient ces législatives, peut se révéler une mauvaise appréciation de la situation. De quoi compromettre ses chances pour plus tard.
Des alliances à conclure d’ici à 2016
Parlant d’ambitions au sein de l’UN, on pense justement à Eric Houndété qui, de plus en plus, arbore une posture de candidat à la candidature. Pour lui aussi, les législatives, dans la 5e circonscription notamment, constituaient un test de maîtrise du terrain. Certes il n’était pas à sa première expérience, mais il a fallu bien marquer son territoire dans une circonscription qu’il a en partage avec un autre présidentiable annoncé, Pascal Irénée Koupaki qui, lui, n’était pas engagé dans les législatives. Mais peut-être que des proches à lui y étaient. Positionnés dans l’Alliance nationale pour la démocratie et le développement comme cela se susurre dans certains milieux. De bon augure en tout cas, si cela s’avérait puisque dans cette circonscription, cette alliance dame le pion à Eric Houndété et à l’UN en enlevant deux sièges. Un avantage moral pour cette alliance sans doute. Mais en attendant de savoir quelles peuvent être, d’ici à l’échéance, les implications de ces chiffres, les dynamiques qui peuvent être mises en œuvre par les uns et les autres pour renforcer leur stature de présidentiable.
Comme eux, Abdoulaye Bio Tchané se verrait bien dans les starting-blocks en 2016 pour la course au fauteuil présidentiel. S’il n’était aligné pour les législatives, il parrainait la liste éponyme de non alliance. C’est donc à l’aune des performances de cette alliance que son implantation sur le terrain, dans le nord du pays notamment, peut être scrutée. Or, il apparaît qu’il ne réussit à glaner que deux sièges, particulièrement dans la Donga. Pas suffisant pour faire de ces législatives, une véritable rampe de lancement de la présidentielle.
On n’oubliera pas le président sortant de l’Assemblée nationale, Mathurin Coffi Nago qui, avec son alliance FDU, fait mieux qu’assurer sa propre réélection en s’adjugeant 4 sièges. Bon pour le moral, surtout qu’il affiche une certaine maîtrise de son Mono natal, mais pas encore suffisant pour partir en pole position, à l’assaut de la Marina.
Au total, aucun des aspirants déclarés ne réalise de grandes performances. Ce qui amène à considérer que dans la perspective de la présidentielle, les uns et les autres travailleront ardemment à constituer de grandes alliances.