- CONSIDERANT les Accords d’Arusha pour la Paix et la Réconciliation au Burundi du 28 Août 2000, socle du compromis politique dans le pays, qui stipule sans ambiguïté en son article 7 « qu’à l’exception de la toute première élection présidentielle, le Président de la République est élu au suffrage universel direct », et dispose que le Président de la République « est élu pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois » et que« Nul ne peut exercer plus de deux mandats présidentiels » ;
- CONSIDERANT la Constitution du Burundi de 18 Mars 2005 qui stipule en son article 96 « Le Président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois » et dispose par ailleurs en son article 302 « A titre exceptionnel, le premier Président de la République de la période post-transition est élu par l’Assemblée Nationale et le Sénat élus réunis en Congrès » ;
- CONSIDERANT que le 21 mars 2014, l’Assemblée Nationale a rejeté le projet de révision constitutionnelle qui, outre la suppression de toute référence à l’accord d’Arusha de 2000, prévoyait la révision de l’article 302 de la Constitution qui empêche le Président Pierre NKURUNZIZA de briguer un troisième mandat présidentiel en 2015 ;
- CONSIDERANT que la tentative de révision de la constitution est de fait un aveu de reconnaissance explicite par le Président Pierre NKURUNZIZA de l’inconstitutionnalité d’un troisième mandat présidentiel ;
- CONSIDERANT que le 25 avril 2015, le Président Pierre NKURUNZIZA a été officiellement désigné comme le candidat du CNDD-FDD, parti au pouvoir au Burundi à l’élection présidentielle prévue pour le 26 juin 2015 au mépris de la désapprobation de la société civile burundaise, de l’église catholique, de l’opposition burundaise, des grands ténors de son propre parti dont son Porte-parole (à la présidence), le Porte-parole du parti au pouvoir, l’Administrateur Général de la Documentation, le Président de l’Assemblée Nationale, et de la communauté internationale.
Social Watch Bénin dénonce :
1) Le coup de force du Président Pierre NKURUNZIZA qui risque d’ouvrir un autre conflit sur le continent africain qui n’a que trop besoin de paix pour sortir de la pauvreté ;
2) Les arrestations sommaires et arbitraires ainsi que d’autres exactions perpétrées par la Ligue des jeunes du parti au pouvoir (la milice « Imbonerakure ») et des forces de l’ordre sur les manifestants hostiles au troisième mandat du Président Pierre NKURUNZIZA ;
3) Les entraves graves et inacceptables à la liberté d’expression et au droit à l’information par la mise hors tension des radios indépendantes et le blocage des médias sociaux.
Social Watch Bénin invite :
1. Le Président Pierre NKURUNZIZA à renoncer à un troisième mandat, à respecter la feuille de route et l’esprit des Accords d’Arusha ;
2. L’Union Africaine et les Nations Unies à adopter des résolutions sans équivoque contre les violations des droits de l’homme et la milice « Imbonerakure » pour éviter au peuple burundais de vivre à nouveau, les horreurs de la guerre civile ;
3. A une mobilisation internationale en faveur des citoyennes et citoyens du Burundi qui manifestent leur opposition à la confiscation du pouvoir et la fragilisation de la paix en construction au Burundi ;
4. A une expression des voix de personnalités tant africaines qu’internationales réprimant la situation qu’éprouvent les citoyens Burundais.
Fait à Cotonou le 30 Avril 2015.