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Prise en charge dans le cadre de la PTME : Encore des efforts pour une accessibilité totale des femmes au dispositif
Publié le mercredi 6 mai 2015  |  La Nation




L’accessibilité des femmes au dispositif de la Prévention transmission mère-enfant (PTME) reste encore un défi. Les goulots d’étranglement liés à sa mise en œuvre attendent des actions plus soutenues.

Valérie et Estelle sont deux gestantes ayant fait du chemin avec le VIH/Sida. Après respectivement trois et quatre maternités en dépit de leur état sérologique, elles se disent à bout de souffle pour poursuivre le traitement. Ces deux séropositives qui sont suivies dans des centres de santé privés de Cotonou plaident pour la gratuité de certaines analyses qu’elles jugent au-dessus de leurs bourses. Bien qu’elles soient vulnérables au VIH, elles ont confié ne plus honorer les rendez-vous cliniques depuis un moment, compte tenu du manque de moyens. Si pour les précédentes maternités, elles ont usé de toutes leurs forces pour maintenir leur santé et épargner leurs bébés du virus en respectant régulièrement les rendez-vous cliniques, aujourd’hui, les réalités diffèrent. L’accessibilité au dispositif Prévention transmission mère-enfant (PTME) constitue un souci pour elles, faute de moyens.

L'accessibilité au dispositif PTME, un souci

«Je fais réaliser les examens dans la mesure du possible; il faut pouvoir finir de régler les questions liées à l’alimentation avant de penser à se rendre au centre de santé», déclare Valérie d’un air plutôt calme, disant s’en remettre à la providence.
Sur ce point, le chef service prévention au Programme national de lutte contre le Sida (PLNS), Jean Yaovi Daho, explique que les bilans demandés conformément au protocole Prévention de la Transmission mère-enfant (PTME) sont minimisés dans les centres de santé publics. En cas d’indisponibilité du système mis en place par le ministère de la Santé pour faciliter la gratuité de l’offre, certaines analyses sont payantes dans certains centres de santé privés, a-t-il souligné.
Les cas de Valérie et d’Estelle ne sont pas isolés. Beaucoup de gestantes séropositives se retrouvent malheureusement dans ce genre de situation, impuissantes.
Si l’on s’en tient aux dernières statistiques au plan national, une «femme enceinte séropositive sur cinq au Bénin (20%) vit à Cotonou, soit environ sept pour cent.
A côté de leur bonne volonté, les femmes les moins endurantes, faute de moyens suffisants abandonnent le suivi, se désole Baï Abatti, responsable de l’Association des femmes actives contre le Sida (AFAS horizon).
Suite à la discrimination, développe-t-elle, d’autres fuient également les centres dans lesquels elles ont été dépistées pour un centre de santé privé où elles passent incognito. Cette situation pose le problème de la faible implication des centres de santé privés dans la prise en charge des femmes gestantes séropositives dans le cadre de la PTME.
Pendant que le public est couvert à plus de 88%, le privé tourne autour de 62%, a expliqué le chef service prévention au Programme national de lutte contre le Sida (PLNS), Jean Yaovi Daho. Au regard de ces paramètres, l’accessibilité totale des femmes au dispositif PTME demeure une équation à résoudre.

Défaillance des équipements de travail

Les enquêtes démographiques renseignent en effet que la pandémie du VIH/SIDA se féminise. De ce fait, les femmes ont besoin d’être dépistées précocement, afin d’éviter la contamination des nouveau-nés. Mais il se fait parfois que les équipements de travail adaptés n’accompagnent pas toujours le travail des agents de santé, regrette encore la responsable d’"AFAS horizon"’.
Il est reconnu certes, qu’avec l’option B+ le bilan n’est plus une action primordiale à la mise sous ARV. Toutefois, les difficultés liées à la maintenance des équipements handicapent quelques fois la réalisation des bilans dans le cadre du dépistage et de la prise en charge.
L’hôpital de zone de Suru-Léré, un centre de référence en PTME, n’est pas épargné de ces difficultés. Si le taux d’acceptabilité du dépistage à la maternité dans cet hôpital est de l’ordre de 83%, les contraintes liées à la mise en œuvre efficace du processus ne manquent pas. Problème majeur dans ce centre, la maintenance des équipements. Ce qui bloque parfois la réalisation des examens, pendant que le besoin se fait sentir, déplore Elvire Hounsa, responsable du laboratoire du Centre d’information, de prospective et de conseils de l’Atlantique-Littoral (CIPEC).
Elle rassure de la disponibilité des réactifs, mais plaide pour un contrat de maintenance, en vue de réduire la défaillance de certains appareils.
«Tant que cette situation ne sera pas une réalité, nous risquons de disposer des réactifs périmés », a-t-elle lancé. Elle souhaite également que les centres de santé publics, privés ou confessionnels soient accrédités pour le dépistage régulier des femmes enceintes.
L’accessibilité des femmes au dispositif PTME passe également en amont par un travail de sensibilisation. Or l’information liée au VIH n’est pas assez disponible dans les communautés, alors que celles-ci veulent en savoir davantage sur le virus et ses manifestations sur les femmes, fait savoir Justine Hounzamè, présidente du Réseau des ONG et Associations des femmes contre la féminisation du VIH/Sida au Bénin (ROAFEM). «Dès que nous relâchons un peu, l’infection est galopante», a-t-elle précisé. Dans ces conditions, le message reste à être transmis au niveau communautaire en vue d’un impact soutenu de la PTME. Au-delà du travail à faire contre la stigmatisation et la discrimination, subsiste celui relatif à la mobilisation des ressources pour une riposte efficace contre la pandémie.
Selon les statistiques recueillies au niveau de cette ONG, une couverture de « 90% en prévention de la transmission de la mère à l’enfant permettra d’éviter environ 350 nouvelles infections d’ici à 2020».
De ce fait, l’amélioration de la PTME est tributaire de la couverture intégrale des centres de dépistage et de prise en charge. Il va falloir renforcer les acquis au niveau communautaire et accélérer la mise en œuvre de la PTME dans les départements qui sont encore à la traine, suggère-t-elle.

Favoriser l’accès efficace des femmes

Pour favoriser l’accès efficace des femmes au dispositif PTME, les acteurs intervenant dans la chaîne de lutte souhaitent l’accélération de la couverture géographique en impactant davantage les centres privés afin d’atteindre la couverture intégrale d’ici à fin 2015. Le renforcement de la communication s’avère également indispensable pour minimiser l’effet de la stigmatisation au sein de la société.
Pour le chef service Prévention au PLNS, Jean Yaovi Daho, il est nécessaire de renforcer les prestations en améliorant le suivi rapproché de l’offre de service en vue des services de qualité et intégrés dans les activités de routine des centres. Il suggère aussi, la mise en place des actions communautaires avec l’implication des réseaux associatifs pour renforcer le suivi du couple mère-enfant dans le cadre de la PTME. L’option B+ nécessite par ailleurs beaucoup de moyens en vue de l’opérationnalisation de ce principe établi par les Etats.

Quelques performances

En dépit des manquements, la PTME a enregistré quelques performances. Au lancement de son plan en 2012, le taux de transmission était de 14% au Bénin. Ce taux a pratiquement baissé du double en 2014 et tourne autour de 7,6% du taux de transmission, selon les données du ministère de la Santé. En 2012, 487 sites offraient les services de PTME contre 817 initialement prévus par le plan. 81% des formations sanitaires dénombrées en fin 2014 sont couvertes dans le cadre de la PTME. Toujours en 2014, les sites de PTME ont enregistré 74% des grossesses attendues dans le pays. Ces acquis demandent à être renforcés en vue d’une plus grande accessibilité des femmes.

Par Maryse ASSOGBADJO avec la collaboration de CeRADIS ONG
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