Le Bénin est à l’heure du bilan dans le cadre de la Prévention de la transmission mère-enfant (PTME). La disponibilité permanente des intrants et réactifs reste un challenge pour l’atteinte des objectifs fixés dans ce cadre.
«Eliminer d’ici à 2015 toute nouvelle infection du nouveau-né liée au VIH/Sida et maintenir en vie les mères et les enfants vivant avec le virus». C’est l’un des engagements pris par les Etats dans le cadre de la Prévention de la transmission mère enfant (PTME). Le Bénin a également marqué son adhésion à ce consensus mondial. Dans ce cadre, il a mis en place une batterie d’actions sur le terrain afin de se révéler un bon élève à l’heure du bilan.
Mesures salvatrices mais...
L’adoption de l’option B+ qui exige que toute gestante dépistée séropositive soit mise sous antirétroviraux et la couverture maximale en sites de PTME sont des mesures salvatrices.
Si les indicateurs semblent rassurer de l’atteinte de cet objectif, les contraintes liées à la mise en œuvre du protocole PTME, freinent parfois l’élan.
L’écart reste à combler en ce qui concerne la disponibilité permanente des intrants et réactifs sur les sites.
Selon les données du ministère de la Santé, toutes les femmes dépistées positives ne sont pas mises sous antirétroviraux (ARV). En 2014, 62% des grossesses attendues ont bénéficié des ARV contre 90% du niveau attendu.
Dans le lot des femmes n’ayant pas accès au dispositif, il y a également les incrédules qui optent pour un abandon du suivi après l’obtention du premier kit de traitement. Celles-ci fuient les maternités publiques pour se retrouver sur les sites privés où le dispositif PTME est inexistant. Un travail de communication et de sensibilisation s’impose pour les motiver.
Non disponibilité des services spécifiques
D’un autre côté, la prise en charge des femmes séropositives se heurte parfois à la pénurie des antirétroviraux, souligne la responsable de l’Association des femmes actives contre le Sida’ ’’AFAS horizon’’, Baï Abatti. Elle explique que les femmes anémiées VIH1, ne bénéficient pas des traitements spécifiques dans certaines maternités. Pour bénéficier de ces services, elles doivent se rendre au Centre national hospitalier universitaire-Hubert Koutoukou Maga (CNHU), ou à l’hôpital de zone de Suru-Léré à Akpakpa à Cotonou. Les femmes ayant déjà du mal à croire en leur état sérologique, la tâche n’est pas aisée aux médiateurs de les référer vers ces centres. Par peur d’être stigmatisées, et aussi par manque de courage, elles abandonnent le traitement, a-t-elle poursuivi.
L’autre contrainte qui rend difficile l’accessibilité des femmes au dispositif PTME est relative, selon la responsable de ‘’AFAS Horizon’’, à la non disponibilité permanente des réactifs. Ce qui limite également les efforts des médiateurs à convaincre les patientes pour leur dépistage.
La situation est loin d’être encourageante dans le rang des femmes enceintes anémiées. «Actuellement les réactifs pour le traitement des gestantes anémiées vih1 n’est pas disponible. Il en est de même pour le VIH1 anémié et non anémié», se plaint-elle. A l’en croire, le dépistage systématique des gestantes n’est pas toujours une réalité dans certaines maternités toujours en raison de la non disponibilité des réactifs.
A en croire le chef service ‘’Prise en charge et soutien’’ au Programme national de lutte contre le Sida (PNLS), Conrad Tonoukouen, les cas évoqués sont isolés. Il rassure de la disponibilité permanente des réactifs et antirétroviraux au niveau central, mais reconnait que des d’efforts doivent se poursuivre davantage au niveau national pour améliorer le processus.
Ce qui peut expliquer la non disponibilité des réactifs et antirétroviraux, selon lui, résulte du non approvisionnement à temps ou en qualité des sites en ces produits.
« Nous servons en fonction des besoins exprimés par les sites», défend-t-il. Le ravitaillement en antirétroviraux est conditionné à la présentation d’un rapport par les centres de santé, par conséquent, si les besoins ne sont pas exprimés convenablement au niveau central, les difficultés ne manqueront pas, a-t-il ajouté.
Des difficultés.
Le chef service ‘’Prise en charge et soutien’’ au PNLS rappelle également les difficultés liées au convoyage des réactifs et des antirétroviraux vers la partie septentrionale du pays pour leur distribution sur les sites PTME. Cette situation n’est pas de nature à favoriser la disponibilité permanente.
«Il fallait trouver à chaque fois un véhicule d’occasion ou solliciter le service des structures décentralisées du PLNS pour qu’ils viennent chercher les réactifs au niveau central», se désole-t-il.
Il fait remarquer que dès que ces goulots d’étranglement seront levés, «nous pourrions nous rassurer de la disponibilité à temps des réactifs sur tous les sites à l’intérieur du pays».
Selon lui, l’approvisionnement et la distribution des intrants et réactifs nécessitent un travail en chaîne. De ce fait, chaque maillon de la chaîne doit jouer pleinement sa partition pour juguler les dysfonctionnements. Pour corriger ces irrégularités, il préconise la pro-activité et l’implication de tous les acteurs, ceci avec davantage de moyens.