Les relations entre les Pays-Bas et le Bénin viennent de prendre un coup. A l’origine, la dilapidation de 4.OOO Euros destinés au renforcement d’adduction d’eau potable. Ce fait déplorable relaté par la presse béninoise, qui met en mal l’appui au développement par des partenaires, résulte de l’entêtement du pouvoir à transférer les ressources aux collectivités territoriales décentralisées.
Environ 2,5 milliards FCFA ont disparu à la Direction de l’Eau. Détournement, dilapidation ou corruption ? Seules les enquêtes qui seront ouvertes, à l’effet d’en connaitre les causes, la destination, les auteurs et autres complices de ce crime qui en rajoute à la longue liste des crimes économiques nous situeront. Mais en attendant, les autorités néerlandaises ne se sont pas fait prier pour suspendre leurs aides au Bénin.
Cette décision prise au plus haut niveau du pays partenaire, interpelle sur non seulement la conscience des acteurs du service public, mais aussi sur la qualité de la gouvernance au Bénin.
Cas de la conscience professionnelle individuelle
Les fonds ainsi mis à la disposition de notre Etat par un pays ami, et destinés pour financer une activité définie, sont gérés par des individus, donc des agents publics. L’activité de destination relève d’un domaine vital au point où il est impensable qu’il se trouverait des esprits malins, qui en décideraient autrement. Il s’agit bien de la fourniture d’eau aux populations qui sont en manque ou faiblement desservies par la politique d’adduction d’eau potable dans des localités. L’Etat dans sa démarche de réduction de la pauvreté et de l’atteinte des OMD (Objectifs du Millénaire pour le Développement), s’est trouvé ce partenaire qui est déterminé à l’aider dans cette démarche. Et l’un des gros partenaires en dehors de la KfW (Allemagne) est les Pays-Bas. En principe, notre attitude devrait consister à bien gérer les apports financiers mis à disposition, par tous les partenaires d’ailleurs, afin de les encourager à améliorer leur participation aux activités économiques et sociales et à abonder davantage leurs appuis financiers.
Mais hélas, il se trouve des esprits retors qui découragent ces partenaires par des actes criminels dont nous venons de déplorer un cas.
Dès lors, on se demande quelle sera la suite du dossier. L’Etat ouvrira béninois ouvrira-t-il des enquêtes à ce sujet pour déceler les auteurs ? Ou bien laissera-t-on encore ce cas grossir la lignée de l’impunité ? Si avec facilité on manque d’égard au bien public, au moins qu’on respecte l’ami qui se saigne pour nous aider dans tel ou tel autre domaine.
Par ailleurs, notre souhait est que le chef de l’Etat, de concert avec les institutions et corps de contrôle telles l’IGE et l’IGF agisse avec la même promptitude et la même diligence comme ce fut le cas à la SBEE et ailleurs.
D’après nos sources, le ministre de l'Énergie et de l'Eau, Barthélemy KASSA a été écouté hier par la Brigade Économique et Financière qu’il a quittée aux environs de 21 heures. Les autres, à savoir, le Directeur Général de la Direction de l'Eau, le Directeur Financier, le DRFM du ministre KASSA étaient toujours à la BEF jusqu’au moment où on bouclait le journal.
ENCADRE
COMMUNIQUE DE PRESSE DE L'AMBASSADE DU ROYAUME DES PAYS-BAS AU BENIN
Le Royaume des Pays-Bas et la République du Bénin ont conclu un accord pour la mise en œuvre de la deuxième phase du Programme Pluriannuel d’appui au secteur de l’Eau et de l’Assainissement (PPEA-II), d’un montant de 40,524 milliards de FCFA pour la période 2013-2015. Il comporte une importante contribution financière de l’Union Européenne, soit 13 milliards de FCFA.
Ce programme vise à assurer la disponibilité de l’eau potable aux populations, la maîtrise des risques liés à la gestion de l’eau (inondation, pollution des eaux souterraines, etc.) et contribuer à la promotion de l’hygiène et de l’assainissement de base. Il s’inscrit parfaitement dans l’atteinte des objectifs du millénaire pour le développement en matière d’accès à l’eau et aux services d’hygiène.
Il est exécuté sous l’entière responsabilité du Gouvernement du Bénin et selon les stratégies et procédures d’exécution des dépenses publiques en vigueur au Bénin.
Dans le cadre de l’exécution de cet accord de financement, il est réalisé chaque année, un audit de performance technique et financière. Les conclusions définitives de l’audit de la gestion 2014 ont révélé des irrégularités et malversations dans la gestion du programme au Ministère en charge de l’Eau.
Prenant la juste mesure de la gravité de la situation, le Gouvernement des Pays-Bas a pris les mesures suivantes :
- l’arrêt anticipé du programme PPEA-II et la réalisation du bilan final en vue de la clôture de la convention de financement ;
- la suspension de la préparation de la prochaine phase de ce programme ;
- la suspension de tous les autres programmes financés par les Pays-Bas au Bénin et directement exécutés par le Gouvernement du Bénin ; y inclus les nouvelles activités en cours de préparation avec le Gouvernement.
Il a par ailleurs demandé aux autorités du Bénin, de réaliser un audit d’investigation sur les faits graves ainsi révélés et d’entreprendre les mesures appropriées y-inclus juridiques
Le Gouvernement des Pays-Bas reste malgré tout sensible aux conséquences de cette décision pour les populations béninoises, compte tenu des résultats importants obtenus aussi bien dans le secteur de l’eau et de l’assainissement que pour les pistes rurales ces dernières années mais il ne saurait tolérer cette façon de gérer des ressources mises à la disposition du Bénin.
Le Gouvernement des Pays-Bas avisera sur l’avenir du programme en se basant sur l’évaluation du dossier dans les mois qui viennent.