La bataille pour le Perchoir a déjà commencé au domicile du chef de l’Etat qui a abrité une réunion secrète à laquelle les 33 députés élus sur la liste Fcbe ont été conviés. Au cours de la rencontre, Yayi Boni a tout simplement montré qu’il ne leur fait pas confiance et les a contraints à lui délivrer, chacun, une procuration qui servira à agir en leur nom et pour leur compte lors de l’élection des membres du bureau de l’Assemblée nationale. En contrepartie, les élus Fcbe ont touché de l’espèce sonnante et trébuchante. Selon nos informations, c’est 1 milliard de Fcfa pour dix voix achetées.
Tous les 33 députés élus sur la liste Fcbe ne prendront pas part à l’élection des membres du bureau de l’Assemblée nationale. La raison : ils ont délivré des procurations (ci-dessous le formulaire) à Yayi Boni qui choisira ses hommes de confiance qu’il juge dociles, obéissants jusqu’à la servitude, pour voter à leur place. Ainsi en a décidé le roi du Palais de la Marina pour un processus qui interviendra le 15 mai 2015. Mieux, Yayi Boni, comme un coffre-fort ambulant, ne s’est pas embarrassé de scrupules pour gratifier ses députés de millions en échange des procurations qu’ils ont laissées. Plus de 3 milliards de Fcfa pour les 33 élus Fcbe. Il s’agit d’un acte honteux et complètement injurieux pour ceux qui ont reçu mandat du peuple pour défendre ses intérêts. Ils ont commis le lourd péché de troquer leur honneur contre de l’argent. Les « vendus » dont l’autre parlait en désignant certains politiciens qui lui ont fait dos pour filer le parfait amour avec l’opposition se trouvent plutôt dans son propre camp. En prétendant que ses 33 voix doivent être sécurisées en attendant d’avoir d’éventuels alliés, le chef de l’Etat a adopté une stratégie qui révèle l’existence d’un climat de suspicion, de l’absence d’une marque de confiance et des velléités que risquent de mettre à mal son plan de conquête du Perchoir. Et, on se demande le pourquoi de tout cela. Alors que Yayi Boni n’est plus candidat à rien, selon ses dires, qu’est-ce qui se cache derrière toutes ses manœuvres ? Il rêve d’un président de l’Assemblée nationale qui sera aux ordres et qui se rendra au Palais de la Marina pour prendre les instructions. Avoir la mainmise sur le président du Parlement pourrait lui donner encore quelques espoirs de voir son rêve le plus cher se réaliser : la révision de la Constitution.
Inévitable échec
Depuis l’annonce des grandes tendances et la publication des résultats des élections législatives du 26 avril 2015, Yayi Boni, déçu par le verdict des urnes, n’a plus jamais quitté son stylo et son calepin dans lequel il compose tous les schémas susceptibles de lui permettre de contrôler le Perchoir. Il est convaincu d’une chose. Malgré ses 33 députés en plus des deux inconditionnels alliés élus sur la liste Ub, ce qui lui fait 35 voix, il n’a aucune chance de l’empoter face à une opposition avec toutes les forces réunies. Cela ne l’a pas empêché de nourrir des espoirs en comptant sur des achats de voix dans le camp de l’opposition. Mais, ses espoirs ont été anéantis par les évènements du lundi dernier qui ont vu toute l’opposition en rang serré pour dénoncer son régime suite à la tentative d’enlèvement du député Candide Azannaï. Ces évènements se sont produits deux jours plus tard et ont convaincu que Yayi Boni n’avait pas de chance. C’est fini pour l’homme.