L’affaire dite de détournement de trois milliards de FCFA, mis à la disposition du Bénin par les Pays-Bas, pour soutenir la politique d’accès à l’eau potable préoccupe. Le ministre de l’Economie, des Finances et des Programmes de dénationalisation, Komi Koutché est monté au créneau hier jeudi 7 mai pour livrer les explications du gouvernement au cours d’une conférence de presse à Cotonou.
«Des dépenses ont été effectuées sans autorisation et des sociétés nouvellement créées se sont vu attribuer d’importantes sommes d’argent… En conséquence, les Pays-Bas interrompent leur aide bilatérale au gouvernement du Bénin jusqu’à ce qu’il prenne des mesures concrètes pour mettre un terme à cette fraude…» C’est la substance du communiqué rendu public par les Pays-Bas et relayé par la presse nationale et internationale. Un communiqué qui ne laisse pas le gouvernement indifférent. Raison de la séance que le président Boni Yayi a eue dans la matinée d’hier avec l’ambassadeur des Pays-Bas près le Bénin.
Suite à cette séance, c’est l’argentier national, Komi Koutché, qui s’est mis en devoir d’annoncer les premières mesures prises par le gouvernement par obligation de transparence, indique-t-il. Ce dossier ayant trait à la coopération bilatérale avec un des principaux partenaires du Bénin, les Pays-Bas, l’opinion étant informée de la probable suspension de la coopération avec ledit partenaire, en raison de malversations. Pour le ministre Koutché, la coopération n’est pas encore suspendue et il conviendrait plutôt de voir les choses en termes d’alerte. Ceci découlant des audits normaux réalisés dans le cadre de la coopération, les anomalies soulevées doivent être discutées par les parties pour voir ensemble comment les surmonter. Mais le ministre, au nom du gouvernement, déplore qu’en l’espèce la concertation n’ait pas eu lieu entre les parties, les Néerlandais soutenant que la gravité des faits était telle qu’ils n’ont pas dû attendre plus longtemps.
Insistant sur le fait que le gouvernement n’a pas encore eu le contenu du rapport, chose qu’aurait reconnue l’ambassadeur hier matin, Komi Koutché souligne que la partie néerlandaise pense que les règles de passation des marchés publics n’ont pas été respectées et qu’une partie des fonds aurait été distraite. Le gouvernement béninois aurait eu le rapport qu’il aurait formulé ses observations.
Confrontation devant la BEF
Comme ce fut le cas l’année dernière déjà relativement à la SONEB, les choses étant finalement rentrées dans l’ordre après les explications des parties. Dans tous les cas, il s’agirait de faits graves. Aussi, suivant l’avertissement donné par la partie néerlandaise, invitant le gouvernement à prendre des mesures, le chef de l’Etat a demandé que tous les techniciens qui travaillent sur le projet aillent faire une confrontation devant la Brigade économique et financière et l’Inspection générale d’Etat, certains d’entre eux soutenant qu’ils n’ont pas eu la possibilité de fournir leurs observations, alors que la partie néerlandaise soutient qu’ils n’ont offert de le faire qu’après le délai imparti. De plus, suivant les exigences de la partie néerlandaise, un cabinet d’audit international sera recruté pour apprécier la situation, à la diligence principale de la partie néerlandaise. Et, à l’arrivée, si les faits s’avèrent, les mis en cause en répondront.
En attendant, le ministre des Finances informe qu’il a reçu il y a quelque temps, une lettre d’un dénonciateur non identifiable avec qui il aurait bien voulu échanger pour mieux cerner le dossier. Cela ne l’a cependant pas empêché de saisir l’Inspection générale d’Etat, avec transmission des pièces à lui adressées par le dénonciateur, aux fins d’investigations. Preuve que les mesures ont commencé à être prises avant même que l’Ambassade des Pays-Bas au Bénin ne tire la sonnette d’alarme. Comme quoi, le gouvernement et les Néerlandais sont absolument en phase sur la nécessité de tirer le dossier au clair, rassure le ministre.
Pour rappel, le projet a un comité de pilotage assuré par le ministère du Développement et sa direction opérationnelle est assurée par le ministère en charge de l’Eau, souligne Komi Koutché. Qui, interpellé, sur les réformes engagées sous son autorité et qui passeraient mal dans certaines administrations de ministères sectoriels, rassure que ses réformes ne visent qu’à améliorer, à terme, la qualité de la gestion des ressources publiques.