Les tractations ont démarré pour l’élection du président de l’Assemblée nationale. Si dans certaines formations politiques, les candidats sont connus d’avance, ce n’est pas le cas pour les Fcbe, l’UN etc. Cependant, un duel entre Me Adrien Houngbédji de l’opposition et le professeur François A. Abiola de la mouvance se profile à l’horizon. Mais il n’est pas exclu que les deux personnalités se donnent la main pour organiser un bureau large et consensuel.
Nul ne doute de la candidature de Me Adrien Houngbédji auréolé de son score fulgurant aux dernières législatives. Avec ces dix députés, Me Adrien Houngbédji se positionne comme le parti politique le plus puissant au Bénin à l’issue des législatives d’Avril 2015.
A l’interne du parti Prd comme dans tous les états-majors politiques du pays, le probable retour du patron des Tchoco-tchoco au perchoir est envisagé. Toutes les stratégies sont concoctées au regard de cette nouvelle donne que personne n’a vu venir il y a quelques mois. Avec quelles formations politiques Me Houngbédji pourra-t-il conquérir le perchoir ? A priori, le leader du Prd peut composer avec toutes les forces notamment les Fcbe. Il n’a pas de difficulté majeure à composer avec le pouvoir en place sans être forcément dans une compromission avec le président de la République. Cependant, le Prd est dans une position de faiseur du roi. D’où la convoitise et la tolérance de tous les camps.
Abiola, porte-flambeau des Fcbe ?
Le professeur Abiola, un cacique du pouvoir, numéro 2 du régime doit se battre d’abord au sein de sa famille politique pour se faire désigner porte-flambeau des Fcbe. En face de lui, il y a certains jeunes loups qui font feu de tout bois pour se hisser. Mais le professeur Abiola a non seulement la confiance du chef d’Etat mais il y a surtout une longue expérience politique qui plaide en sa faveur. Elu plusieurs fois député, il est très bien connu dans l’arène politique et compte des admirateurs aussi bien dans la mouvance comme dans l’opposition. Mieux, il a été le principal et seul challenger du président Nago au poste de candidat de la mouvance pour la conquête du perchoir lors du conclave de Lokossa en 2011.
Mais le contexte politique caractérisé par les menaces de destitution du président Nago ou encore la traduction du président de la République devant la Haute cour de justice a favorisé le choix du professeur Nago qui a d’ailleurs brigué avec succès le perchoir, une deuxième fois de façon consécutive. Certes, en politique, le choix du prince n’est pas basé sur le principe de l’aîné. Le charisme compte pour beaucoup. Et, au regard de la qualité des députés de la 7è législature, il sera difficile pour un apprenti politique de se hasarder dans cette haute sphère politique. L’autre critère très important, c’est la loyauté vis-à-vis du Chef de l’Etat, Car, il doit constituer un rempart contre les velléités de poursuite du Chef de l’Etat actuel. Parmi, les cadres Fcbe capables de tenir la dragée haute, il y a bel et bien le professeur Abiola en première loge.
Le tandem Houngbédji – Abiola pour conduire la transition politique
La situation politique actuelle liées aux législatives ressemble au cas de 1995 où M. Bruno Amoussou a été porté au perchoir grâce à la RB en tant que force de l’opposition. Mais quelques mois plus tard, arguant de ce qu’il n’a pas une carte d’adhésion au parti de la Renaissance du Bénin, le président Bruno Amoussou a appelé à voter pour le challenger de la RB aux présidentielles de 1996. Aujourd’hui, la classe politique est à la croisée des chemins. Dans un contexte où tous les fils des trois derniers chefs d’Etat béninois ont échoué aux élections législatives, il faut comprendre que le peuple a redistribué les cartes. Ceci explique le désamour du peuple à la culture clanique du pouvoir. Deuxièmement, le pouvoir Fcbe notamment le président Yayi court lentement mais surement vers son terme. La guéguerre Talon-Yayi est un élément aussi pertinent à prendre en compte pour l’élection du prochain président du parlement. La recomposition de la classe politique tiendra certainement compte de ces éléments. Pour conduire la transition politique qui va s’opérer dès 2016 après le départ de Boni Yayi, il serait utile que toutes les composantes de l’Assemblée nationale 7ème législature se donnent la main.
Un bureau consensuel redonnera confiance à tous les acteurs et le peuple béninois. Ainsi, les Fcbe et le Prd vont s’entendre en tant que leader des deux blocs mouvance-opposition pour redistribuer les cartes sans pour autant frustrer les autres composantes. Autrement, Houngbédji président de l’Assemblée nationale, sera assisté par trois Fcbe avec un poste de premier vice-président. Mieux, les autres forces de l’opposition UN et les ‘’divorcés’’ Fcbe qu’on peut classer comme les centristes auront aussi trois postes au sein du bureau. Dès lors, le jeu sera équilibré. Les « pro-Talon » et les « anti-Talon » pourront se côtoyer et se neutraliser mutuellement. Aussi, le pays pourra connaitre une gouvernance apaisée ne serait-ce qu’au niveau de l’Assemblée nationale avec effet de contagion sur l’exécutif.
Tobi Ahlonsou