La semaine du lundi 4 au dimanche 10 mai 2015 a enregistré des manifestations qui auraient pu embraser le Bénin à cause du « feuilleton AZANAI ». La paix a été menacée. Quelle conduite civique et morale doit-on avoir pour éviter le pire ?
Il faut connaître la privation de la liberté, de la paix pour en apprécier la valeur. Les images télédiffusées montrant des déplacés avec, leurs baluchons sur la tête et des enfants tenus par les mains ne sont pas des images à souhaiter devenir le quotidien des Béninois.
Ouf, on l’a échappé bel ! Peuvent crier tous les Béninois épris de paix et de justice. La conduite teintée d’amateurisme pour faire remettre une simple convocation au citoyen Candide AZANAI a, à la grande surprise, pris une tournure dramatique qui aurait pu tourner au vinaigre.
Quand on remonte à l’amont de ce feuilleton, on se rend compte qu’il s’agit bien d’échanges d’incivilités entre le chef de l’Etat et un citoyen, qui plus est un élu de la Nation. La teneur de la bassesse, de l’inconvenance entre les deux hommes politiques a accouché de mots déplacés à l’origine de maux moraux. Et c’est dans l’optique de réagir face à cette impertinence attribuée à Candide AZANAI que, l’affaire a été portée devant le procureur de la République par le chef de l’Etat, Thomas Boni YAYI. La suite, on la connait. La violence du lundi suivie de la marche interdite mais, bravée du vendredi et de la campagne de salubrité du samedi par l’opposition. Une opposition unie pour dire non à toute remise en cause de la démocratie chèrement acquise dans toutes ses composantes. Les débordements de la foule, manipulée à tort ou à raison dans ces circonstances par la mouvance et par l’opposition, a conduit aux dégâts matériels physiques de grandes valeurs financières sans oublier, les dégâts moraux et physiques sur des personnes. Avec les bombes lacrymogènes et semble-t-il, des tirs à blanc, la psychose s’est emparée du plus grand nombre. Pour une fois, de nombreux Béninois ont eu peur et ont compris que, ce qui se passe ailleurs, peut se passer chez eux.
Les interventions des plus autorisées ont amené le chef de l’Etat à demander la suspension de la procédure mise en branle et, à l’origine du chaos frôlé.
Pour la manifestation de la paix à l’échelle nationale, il serait très convenant que, le chef de l’Etat, Thomas Boni YAYI retire purement et simplement sa plainte. Que Candide AZANAI fasse profil bas en retenant que, quelles que soient les critiques qu’on peut adresser à un chef d’Etat, que, ce dernier incarne une institution qui doit être respectée. Que tous les comportements moraux, verbaux et physiques aillent dans le sens de l’apaisement et que, fondamentalement, chaque Béninois s’interroge sur le bénéfice que peut générer la violence. C’est vrai, la période au cours de laquelle la plainte du chef de l’Etat a été déposée était très mal choisie, tout comme l’était celle choisie par le procureur de la République pour envoyer à Candide AZANAI, la convocation y relative dans les conditions déplorées. Il faut également reconnaître qu’au-delà de tout ce qui s’est passé, toutes les composantes de la classe politique nationale doivent se mettre à l’école de l’éducation civique et morale. Elles doivent revoir leurs relations avec leurs militants à la base et ne pas se servir d’eux comme des hommes de mains prêts à tout faire.
En leur qualité de responsables politiques animant la gestion de la cité à différents niveau, se posent-ils la question de savoir quelle leçon de bonne gouvernance donnent-ils à la jeune génération, relève de demain ?
Quelle que soit la richesse emmagasinée, la sécurité rapprochée dont on bénéficie, lorsque ça pète, les balles réelles ne font pas de différence entre les citoyens. Elles peuvent toucher tout ce qui bouge y compris les petits coucous. Le pire a été évité et l’armée béninoise, souveraine et fidèle à ses engagements pris en 1990 à l’occasion de la Conférence nationale des Forces vives de la Nation a tenu, à rassurer les uns et les autres de sa neutralité. Aussi, a-t-elle invité également à l’apaisement.
Malgré tous les dérapages observés, le Bénin demeure toujours ce laboratoire, vitrine de la démocratie africaine. Avec tout ce qui s’est passé, chaque Béninois doit comprendre que, l’acte n° 1 de la révision de la Constitution a commencé : c’est à son propre niveau, la culture d’une éthique morale positive. Le Bénin a déjà fait toutes les conférences nationales possibles et inimaginables, la seule qui lui reste à faire pour recueillir les lauriers de foyer de la démocratie apaisée en Afrique, c’est la Conférence morale. Et ça doit avoir lieu au niveau de la conscience de chaque Béninois qui, doit choisir entre servir son pays, se servir du pays ou que le pays le serve. A chacun de méditer pour que les ronces sauvages et encombrantes de la violence soient boutées hors du Bénin.
Kolawolé Maxime SANNY