Plutôt politique que technocrate. Telle est l'appréciation populaire du nouveau gouvernement de Boni Yayi après une inédite dissolution, objet de controverses et de débats de tout genre. Le chef de l'Etat qui disait dissoudre l'équipe gouvernementale qui visiblement ne l'inspirait plus du fait de son ferme engagement à faire face aux " nouveaux défis axés sur la nécessité de poursuivre les réformes dans un esprit de cohésion et de détermination ". Un vœu dont la réalisation nécessitait " d'insuffler une dynamique à une nouvelle équipe gouvernementale ", précise l'estomaquant communiqué du palais de la présidence signé de son secrétaire général. Et pour se convaincre de ce que l'aplomb sera effectif, l'adresse du palais de la Marina ajoute que l'option de la dissolution prise par le chef de l'Etat est une réponse aux enjeux qui nous interpellent aujourd'hui dans la lutte contre la pauvreté et les exclusions. Il ne fallait donc pas plus pour que l'opinion s'attende alors à un gouvernement d'union nationale, mais hélas !
Le nouveau gouvernement formé par Boni Yayi est tout sauf celui de la symphonie. D'ailleurs, les réactions qui s'en sont suivies l'illustrent assez bien. On nous dira certainement que l'intention, si non même la volonté affichée n'a pas manqué de la part du président Boni Yayi dont la démarche est certainement reprochable. Du coup, l'opposition notamment le parti du renouveau démocratique a rejeté la main tendue du chef de l'Etat, posant pour modalité l'organisation d'un dialogue national préalable. L'Union fait la nation et les autres composantes de l'opposition n'en diront pas moins car, selon leurs propos, la participation à un gouvernement national doit être précédée d'une réflexion profonde. C'est donc là une position figée qui, en tout cas pour cette fois-ci a réussi à tenir la politique de débauche érigée comme mode de désignation et de nomination des membres du gouvernement, depuis quelques années.
Sans aucun doute, le refus de l'opposition de participer au gouvernement de Boni Yayi est un témoignage vivant de la déchirure entre les différents acteurs de la classe politique béninoise. Exiger donc une consultation nationale avant toute communion s'inscrit bien dans l'ordre normal des choses. Sauf que l'actuel locataire de la Marina semble foncer droit dans le mûr. Pourtant, ce ne sont pas les alertes qui manquent. Doit-on rappeler ici les différents cris de cœurs des partenaires sociaux qui n'ont de cesse à dénoncer le défaut de dialogue social dans le pays, alors que la révision à polémiques de la constitution est une réalité d'heure ? Car en vérité l'opportunisme que suspectent les antirévisionnistes dans le projet de Yayi, c'est bien l'absence de consensus autour du projet dont l'ébauche parait biaisé.
Dialogue national, table ronde, consensus, dialogue social… autant de terminologies qui reviennent toujours pour dénoncer le mode de gestion du président Boni Yayi taxé d'intolérant. Curieusement, le discours de l'homme laisse croire parfois à une prise de conscience, même si les actions conséquentes peinent à suivre. La dépression se fait assez grande et il est indispensable d'instaurer le débat national pour un retour effectif à la béatitude nationale, à moins d'une répugnance, que dis-je d'une allergie au dialogue.