On peut désormais se réjouir, qu’à défaut des projections cinématographiques dans les salles de spectacle, pour des fins de distraction et d’éducation, certaines structures aient trouvé le moyen de garder les films présents dans l’esprit de la population. Le Cinéma numérique ambulant (CNA Bénin) s’y plait de plus en plus et ses résultats devraient faire école.
L’exemple du film « Le secret de l’enfant fourmi », n’est qu’un cas parmi tant d’autres pour illustrer les prouesses du CNA Bénin, dans sa vocation de projection de films aux populations des régions les plus reculées du Bénin, d’éducation et de sensibilisation des populations.
Du 27 avril au 4 mai dernier, dans le cadre du partenariat entre le CNA Bénin et la Société Agat Films, avec l’accompagnement financier de l’ambassade de France au Bénin, une tournée de sensibilisation a été en effet organisée contre l’infanticide rituel dans les localités de Bonigourou, Doh, Sékégourou, Kabaré, Fotancé, Macrou, Boré, Gnèkèrèbansou, des communes de Péhunco et de Kouandé avec pour support « Le secret de l’enfant fourmi » de la réalisatrice française Christine François. Ce support n’a pas été choisi au hasard. Le film, tel que réalisé est une « forme d’arme pour lutter contre les pratiques de l’infanticide rituel liées aux croyances de la sorcellerie, encore d’actualité de nos jours dans le nord du Bénin ». Mieux, il s’agit d’une réalisation à succès sélectionnée hors compétition en 2013 à l’occasion de la 23è édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO). Après sa sortie en France et à l’occasion de son lancement, il avait été déjà projeté à l’Institut français de Cotonou le 5 juin 2011.
En réalité, si l’équipe du CNA Bénin table sur le succès de son initiative à la fin de la tournée de sensibilisation, c’est parce que tout au long de ladite tournée qu’elle a organisée dans le Nord Bénin, les populations ne se sont pas contentées d’être des spectatrices. Elles ont surtout admiré cette option et en ont profité pour faire part de leurs témoignages et préoccupations au sujet du phénomène. «La qualité des débats grand public était très riche avec une participation effective des populations aux côtés des personnes ressources associées à ce projet », se félicite-t-on du côté du CNA Bénin. Puisque, « cette première phase du projet de sensibilisation dans les huit localités concernées a touché près de 5400 spectateurs. Afin de couvrir toutes les localités concernées, la recherche de financements est en cours pour la réalisation de la seconde phase vers le dernier semestre de l’année en cours, en présence de la réalisatrice elle-même », avons-nous appris.
Pour rappel, le CNA Bénin dispose de deux équipes de projection pour agir avec les ONG, les Institutions et les associations qui désirent porter leurs messages auprès des populations les plus éloignées des grandes villes et privées d’information. Ses projections se font en plein air sur écran géant. C’est un grand outil de communication qui est régulièrement en contact avec les populations rurales. Il participe ainsi à la promotion du cinéma africain et intervient sur la traite des enfants, la scolarisation des filles, le harcèlement sexuel en milieu scolaire, l’ensemble des violences faites aux femmes et aux enfants, l’accaparement des terres et la sécurité alimentaire, la déclaration des naissances, les maladies sexuellement transmissibles, l’éducation sexuelle, l’agriculture, etc…