La salle de conférence de l’hôtel Jeco de Dassa a abrité hier 18 mai 2015 un atelier consacré à l’évaluation de la mise en place du Crédit spécial d’appui aux cotonculteurs pour la gestion de la soudure (Csac/Gs) au titre de la campagne cotonnière 2014-2015.
Organisé par le Fonds national de la microfinance, cet atelier de capitalisation des acquis rassemble plusieurs acteurs venus d’horizons divers. Il s’agit en effet d’une revue technique qui vise à : évaluer les performances enregistrées dans la mise en œuvre du Csac/Gs au titre de la campagne cotonnière 2014-2015 avec les différents acteurs impliqués, proposer des approches de solutions aux difficultés rencontrées dans le but de mieux aborder la campagne 2015-2016.
A en croire le point des activités de la campagne cotonnière présentée par M. Eric Gandaho, assistant du responsable suivi-évaluation du Fnm, la mise en œuvre du Crédit spécial d’appui aux cotonculteurs pour la gestion de la soudure (Csac/Gs) au titre de la campagne cotonnière 2014-2015 présente des résultats satisfaisants. A la date du 30 avril 2015, les Sfd ont pu déjà mettre à la disposition des cotonculteurs un montant de 3.033.451.364 F Cfa, soit un taux d’exécution de 89,2 % par rapport à la dotation budgétaire qui est de 3,4 milliards de F Cfa. Avec ce crédit, 34.597 bénéficiaires ont été impactés. Il est attendu de la mise en place de ce montant des recouvrements à hauteur d’environ 3.192.000.000 de F Cfa. Selon les statistiques, un taux de récupération d’environ 97,8 % a été enregistré à la date du 8 mai 2015. Cela confirme la performance de cette intervention que conduit le Fnm depuis 2012 et surtout la pertinence et l’efficacité du dispositif de récupération des crédits assuré par l’Ons. Cette performance a été saluée autant par les responsables des Sfd que par les Responsables de développement rural (Rdr) et le Directeur général de l’Ons.
Des difficultés, des solutions
Malgré ces performances qui du reste, sont encourageantes et qui témoignent de la bonne conduite du Csac/Gs, quelques difficultés ont été relevées par les acteurs. Il s’agit, entre autres, du retard qu’accuse la mise en place des crédits et la remontée des données statistiques en termes de besoins vers le Fnm, de l’insuffisance des ressources mises en place par rapport aux demandes exprimées, de la motivation des Rdr…Pour les uns et les autres, il faudrait que l’allocation des crédits tienne vraiment compte des besoins réels des cotonculteurs et que ces crédits aillent dans les localités qui en ont vraiment besoin. L’autre difficulté soulignée par les acteurs est relative aux impayés. Pour Jean Panti, Directeur général du Fnm et Lazare Akomagni, Directeur général de l’Ons, il urge de tout faire pour éviter le cumul de ces impayés. Ceci est d’autant plus important que si ces impayés deviennent exorbitants (ce qui n’est pas encore le cas) le Csac/Gs aura du mal à se pérenniser alors qu’il est en ce moment l’un des seuls et uniques moyens efficaces de financement de l’agriculture au Bénin, notamment du coton.
Jean Comlan qui promet faire le plaidoyer pour l’augmentation des ressources allouées à cette intervention a annoncé aux Rdr une bonne nouvelle. Désormais, il est prévu une motivation pour ces acteurs principaux qui consentent d’énormes sacrifices pour la réussite de ce crédit coton.
Quelques impressions
Jean Comlan Panti, DG/Fnm
« Le présent atelier s’inscrit dans le processus de suivi-évaluation des interventions du Fonds national de la microfinance…En termes de résultats relatifs à la mise en place du Crédit d’appui aux cotonculteurs pour la gestion de la soudure au titre de la campagne cotonnière 2014-2015, le Fonds national de la microfinance (Fnm) a mis à la disposition des cotonculteurs à travers les systèmes financiers décentralisés (Sfd) qui sont les partenaires du Fnm un montant de 3,4 milliards de F Cfa. A la date du 30 avril 2015, les Sfd ont pu déjà mettre à la disposition des cotonculteurs un montant de 3.033.451.364 F Cfa, soit un taux d’exécution de 89,2 % pour 34. 597 bénéficiaires impactés. Il est attendu de la mise en place de ce montant des recouvrements à hauteur d’environ 3.192.000.000 de F Cfa. A la date du 8 mai 2015, nous sommes à un taux de récupération d’environ 97,8 %. Cela confirme la performance de cette intervention que conduit le Fnm depuis 2012 et surtout la pertinence et l’efficacité du dispositif de récupération des crédits assuré par l’Ons. Malgré cette performance, il faut avouer qu’il y a quelques difficultés soulignées par les différents acteurs. La première difficulté est liée au fait que les ressources affectées aux zones cotonnières sont insuffisantes par rapport aux demandes exprimées par les cotonculteurs. La deuxième difficulté est liée à la mise à disposition tardive des ressources aux cotonculteurs via les Sfd. La troisième difficulté soulignée a rapport aux motivations des Responsables de développement rural (Rdr) dans l’accomplissement de leurs missions sur le terrain auprès des cotonculteurs. A l’ensemble de ces difficultés, il fallait trouver des approches de solutions. Par rapport à la préoccupation liée au retard dans la mise en place des crédits, il faut dire que la balle est dans le camp des Rdr parce qu’avant de mettre les ressources à la disposition des zones cotonnières, il faut que les préventions d’emblavure de chaque localité puisse parvenir à la Sonapra qui les centralise et les envoie au Fnm. Si on ne connait pas les superficies à emblaver dans une localité, on ne peut que faire des projections par rapport aux ressources à décaisser. Ce qui fait que nos projections restent en-dessous des besoins réels. Ce sont des choses à corriger donc. Chaque acteur a pris bonne note avec une forte exhortation du DG/Ons leur demandant de faire une remontée rapide des informations vers la Sonapra pour que le Fnm ait les statistiques devant lui permettre de décaisser vite les financements conformément aux besoins réels exprimés. En ce qui concerne les montants des crédits qui ne couvrent pas les demandes exprimées par les cotonculteurs, nous avons expliqué aux uns et aux autres que nous reconnaissons la pertinence de la doléance mais il y a que nous-mêmes nous sommes limités. Nous allons donc faire le plaidoyer auprès du gouvernement parce que depuis que le programme a démarré en 2012, nous avons reçu un montant total de 3,4 milliards de F Cfa du gouvernement. Que la production augmente ou pas, ce montant n’a pas varié. Il faut qu’en fonction de l’augmentation de la production cotonnière, le gouvernement et précisément le ministère de l’économie et des finances puissent mettre des ressources subséquentes à notre disposition pour permettre d’impacter plus de cotonculteurs, surtout pour les prochaines campagnes. Pour ce qui est de la motivation des Rdr, nous avons annoncé la bonne nouvelle. Au titre de cette campagne cotonnière, il a été inscrit dans notre budget un montant que le gouvernement a approuvé. Au cours de cette semaine, ces ressources seront mises à la disposition des Rdr pour leur permettre d’assurer leur déplacement auprès des cotonculteurs et de subvenir à certains besoins pour le bon accomplissement de la mission qui leur a été assignée dans des conditions optimales. Notre souci est de capitaliser les acquis de cette campagne 2014-2015 et de corriger les insuffisances pour que la campagne 2015-2016 se déroule dans de meilleures conditions».
Lazare Akomagni, DG/Ons
« Je voudrais d’abord remercier tous les acteurs qui sont impliqués dans cette opération de financement des cotonculteurs, surtout le Fnm qui en est la cheville ouvrière. Financer l’agriculture reste une préoccupation majeure du gouvernement et de tous les acteurs. La réponse que le Fnm apporte depuis 2012 à cette préoccupation est très appréciée par le ministère en charge de l’agriculture et l’Ons qui a à charge la facilitation de l’accès au financement pour les producteurs en général et les cotonculteurs en particulier. Depuis trois campagnes cotonnières, ce produit est mis en place et fait son petit bonhomme de chemin. Périodiquement, on se retrouve pour faire une évaluation. Le résultat que nous avons obtenu pour la campagne 2014-2015 est satisfaisant dans la mesure où le remboursement au jour d’aujourd’hui est à 97,8 %. Ce qui n’est pas donné dans le secteur agricole. Cela dénote de ce que les risques sont désormais de plus en plus maitrisés au niveau du financement du coton. Cela va rassurer et inciter, au-delà du Fnm, d’autres structures à financer l’agriculture. L’effet direct de ce financement est qu’il a contribué à améliorer le niveau de production. En effet, quand on fait une analyse comparative, on constate que depuis l’introduction de ce produit du Fnm, la production cotonnière n’a fait qu’augmenter d’année en année. Pour la campagne cotonnière 2014-2015, nous sommes à près de 393.000 tonnes contre 307.000 tonne lors de la campagne 2013-2014. Cela prouve que ce choix est bien fait et on ne peut que souhaiter que cela se pérennise. C’est le lieu d’inviter les producteurs et surtout les coopératives villageoises de producteurs de coton à continuer à montrer leur bonne foi dans le remboursement à temps des crédits pour que le système se pérennise, ceci pour le bonheur de tous les acteurs et de l’économie nationale ».
Inoussa Raïmi, Rdr Cobly
« Ce crédit est vraiment le bienvenu dans le monde des cotonculteurs. Depuis 2012 qu’il a été institué grâce à la volonté du Chef de l’Etat, il fait le bonheur des cotonculteurs et suscite un grand engouement. Notre souhait est que l’enveloppe allouée à ce crédit par le gouvernement puisse connaître une augmentation au regard des nombreuses demandes que nous n’arrivons pas toujours à satisfaire. Depuis 2012, la production cotonnière n’a fait qu’augmenter, les producteurs aussi n’ont fait qu’augmenter ce qui agi naturellement sur le besoin. Il urge donc qu’à partir de la campagne 2015-2016, la cagnotte qui est mise à la disposition des producteurs pour ce qui est du crédit coton du Fnm connaisse une augmentation subséquente. L’autre doléance que nous voulons exprimer est que le crédit soit mis en place à temps et que les besoins que nous exprimons remontent vite au Fnm afin qu’ils soient pris en compte réellement. Dieu merci, la commune de Cobly n’a pas d’impayés. Et c’est le lieu d’exhorter les localités qui connaissent ce problème à tout mettre en œuvre pour éponger leurs dettes pour la pérennisation de cette intervention du Fnm ».
Propos recueillis par Affissou Anonrin