500 F Cfa à payer au passage de la frontière Bénin-Togo. 200 F Cfa, 300 F Cfa à payer respectivement à Ahouicodji et à Agbédranfo. C’est à ces scènes un peu coutumières dans notre société, aussi amusantes que surprenantes, que j’ai assisté lorsque je me suis amusé à faire le parcours du simple citoyen qui tente de se rendre dans le pays francophone voisin que je n’ai pas visité depuis plus de 15 ans.
Parcours durant lequel on partage avec les autres passagers les histoires croustillantes et au cours duquel on en apprend sur les habitudes qui perdurent à ces postes frontières de Hillacondji, de Agbedranfo ainsi que d’un côté comme de l’autre des deux nations.
Avant cela, permettez-moi de vous rappeler, à vous qui ne l’avez pas fait depuis quelques mois, que c’est l’histoire du péage de Ahouicodji qui ne répond à aucun des principes de contrepartie d’un service rendu, de justice fiscale ou tout simplement de paiement de l’ usage d’un ouvrage, qui vous réconciliera d’entrée avec les modes de rançonnement devenus si banals en Afrique.
Qu’avez-vous obtenu, de quel service avez-vous bénéficié ou que payez-vous, sauf à pousser un Humm, de résignation, lorsqu’au détour d’un long parcours sur une route de sable vers Ouidah, vous êtes brutalement parachutés sur l’ancienne portion de voie à péages plutôt mal entretenus.
Vous n’avez pas d’autre choix que de vous exécuter bien évidemment, allez 200frs, avant de retomber quelques mètres plus loin dans votre calvaire sablonneux, ce dont s’est ému d’ailleurs il y a quelques mois Jacques Ayadji qui a évoqué les abus dont ce peuple est cupidement la victime, jour après jour.
Les choses ne se passent pas différemment de l’autre côté de la frontière. Une copie servile des modèles béninois des péages a été ainsi rendue aux populations togolaises, notamment à Agbedranfo où rien n’autorise, en termes de confort et de contrepartie de service, ce piège à sous comme il convient simplement de les appeler désormais.
Dans l’absolu les péages servent à entretenir les voies.
Chez nous il semble, pour ceux qui nous gouvernent, que les concessions sont l’occasion pour se servir en toute "transparence" en oubliant les voies.
Les peuples s’émerveillent finalement de tout. J’avais cru entendre que cette ville de Lomé s’est métamorphosée au point où j’ai même pu également croire que ces grandes affiches d’avant élection de l’héritier Président devant ces immenses rues rénovées étaient vraiment l’expression de cette modernité qui fuit décidément l’urbanisation africaine.
Pire, Tel le policier qui vous fait la monnaie ou qui vous rend un reliquat sur un billet, après avoir encaissé sa part, c’est le passage à une caisse unique obligatoire, dont la procession est suffisamment bien organisée à travers des labyrinthes par les deux parties, pour que personne n’y échappe, qui s’est révélé être le pompon de cette traversée.
Là c’est le ballet incessant des billets de 500frs pour les non détenteurs de pièce d’identité et, m’a-t-on dit, pour les non-riverains, auxquels mes yeux ne croyaient pas vraiment ; avec le spectacle suranné de monnayages par l’agent de service qui peut renvoyer deux personnes qui ne se connaissent pas à aller se départager sur un billet de 1000frs, s’il ne les renvoie pas purement et simplement à la case départ, comme si le principe et le montant étaient admis de tous.
Sauf qu’il n’y a aucun reçu ni aucun système de comptage qui pourraient faire croire que les Etat en sont comptables dans l’intérêt des deux peuples.
Quelle honte pour l’Afrique et pour les bons principes ?
Quel sens donner à toutes ces formes de rançonnement qui, comme à tous les autres que nos gendarmes et policiers perpétuent à nos nombreux carrefours, rendant parfois la circulation particulièrement pénibles, dont les fruits sont partagés reconnaît-on par les gradés, ministres et Cabinets présidentiels en haut de l’échelle?
Quels sont ces gouvernants qui professent les grands principes humains et de probité sans se douter qu’on ne les voit pas s’appliquer à eux-mêmes un seul de ces principes ?
Que pensez de ces systèmes où tout le monde donne, là où l’on ne devrait rien donner, alors qu’une communauté d’intérêts des peuples qui est la CEDEAO veille et devrait plutôt y remédier absolument ?
A qui devrait-on se plaindre ?
Pendant ce temps l’argent coule à flots là où il n’y a aucun mérite à en prendre.
Ici ou là-bas, le mal qui nous ronge est profond.
J’ai revu Lomé et ses belles avenues périphériques ; une ville dont les ruelles grouillent de multiples activités comme à son habitude ; une ville qui croupit malheureusement de plus en plus dans la saleté, parlant des ruelles, de sorte que ce même mal qui ronge Cotonou et les villes des autres pays avoisinants apparaît plutôt comme un moindre mal.
A quand le réalisme dans l’urbanisation ?
Je vous parlerai de Porto-Novo la prochaine fois