L'affaire de recrutement d'Agents permanents de l'Etat(Ape) au profit du ministère de l'Economie et des finances qui défraie la chronique, vient de connaître un nouveau rebondissement avec la lettre du ministre du Travail et de la fonction publique adressée au Médiateur de la République pour situer les responsabilités. Le moins qu'on puisse dire est qu'elle sonne comme un aveu de la ministre Mèmouna Kora Zaki dans ce dossier ; elle a surtout le don de déchainer la colère et la mobilisation des syndicats…
La lettre du ministre Mèmouna Kora Zaki qui vient en réponse à un courrier de demande d'intervention du Médiateur de la République suite à une saisine de la candidate Lydie Yémangnissè A. Idjouola, victime de la substitution de page, vient situer officiellement l'opinion publique sur ce qui s'est passé dans ce dossier. On retient de sa correspondance que ce sont ses collaborateurs à savoir le Directeur général de la fonction publique(Dgfp) et celui du recrutement des agents de l'Etat(Drae) qui ont procédé, sans son accord, à la substitution de page et de nom du communiqué des résultats qu'elle avait déjà signé sous prétexte qu'une erreur se serait glissée dans ces résultats. " Le seul communiqué que j'ai signé jusqu'à ce jour lundi 14 janvier 2013 et dont j'ai personnellement la copie porte le nom
de Idjouola A.Y. Lydie… Il s'agit donc en conclusion, et sans recevoir mon accord préalable, d'une substitution de page et de nom par mes collaborateurs (Dgfp et Drae) qui demeurent les seules personnes à nous apporter techniquement les clarifications nécessaires… ", a-t-elle écrit dans son courrier. Ce qui veut dire qu'elle les rend entièrement responsables de la situation et affirme que c'est dame Lydie Idjouola qui est admise et non le sieur Hadissou Issa Imorou dont le nom ne figure pas sur le communiqué qu'elle a signé.
Le sens de responsabilité
En principe, après toutes ces clarifications, le ministre Kora Zaki devrait prendre des sanctions ne seraient-ce qu'administratives à l'endroit de ses deux collaborateurs. A défaut de les relever de leurs fonctions puisqu'ils ont été nommés en conseil des ministres, elle peut au moins les suspendre en attendant>
Malheureusement, depuis le 14 janvier 2013, date à laquelle le courrier a été envoyé au Médiateur de la République, jusqu'à ce jour, ces deux directeurs sont encore à leurs postes et continuent d'exercer avec une honteuse indifférence. Ils ne sont nullement inquiétés. C'est la preuve que nous sommes dans une République " bananière ". Sinon, comment comprendre qu'après un tel scandale qui entache leur honorabilité, ils continuent de s'asseoir dans leur douillet fauteuil. Sous d'autres cieux, juste au lendemain de l'éclatement de cette affaire, les mis en cause démissionnent tout simplement pour leur dignité et par amour propre. Mais, nous sommes au Bénin et ils attendent honteusement d'être relevés de leurs fonctions avant de s'en aller.
Bouc émissaires
Abondant dans le même sens, le ministre Mèmouna Kora Zaki doit rendre aussi son tablier car elle n'a pas convaincu et sa lettre la plonge davantage. En effet, dans sa réponse, elle a rejeté toute la responsabilité sur ses deux collaborateurs qui selon elle, supporteraient les déconvenues que pourraient engendrer leur action en cas de contestation des résultats. Ce n'est ni plus ni moins qu'une dénégation de responsabilité. Elle ferait mieux de faire sienne l'assertion de Jean-Pliya qui a écrit dans son roman " La Secrétaire Particulière " que " dans une entreprise, seul le chef est responsable. Il ne doit jamais accuser ses subordonnés " et présenter sa lettre de démission au Chef de l'Etat. Pour son honorabilité entachée par l'organisation de ce concours à polémiques, Mèmouna Kora Zaki devrait pouvoir démissionner. A défaut de le faire elle-même, le Chef de l'Etat doit se séparer d'elle et par voie de conséquence, annuler ce concours pour préserver la crédibilité de l'administration publique. Toutes les conditions sont réunies à cet effet. Ne pas le faire, c'est encourager la fraude et la corruption qui sont pourtant punies par la loi régissant la corruption et autres infractions connexes.
En attendant, des voix s'élèveront dès ce jour pour dénoncer l'autorité ministérielle et exiger l'annulation pure et simple du concours mis en cause. Le syndicat du ministère des finances (Fesyntra) et bien d'autres organisations syndicales organisent donc pour ce jour un meeting de protestation visant à demander l'annulation du dernier concours de recrutement à la fonction publique.