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Un nouveau président à la tête de l’assemblée nationale du Bénin, et après !
Publié le mercredi 20 mai 2015  |  Autre presse
Siege
© aCotonou.com par CODIAS
Siege de l`Assemblée nationale du Benin




Les députés béninois ont choisi leur président. Adrien Houngbédji, éternel perdant des élections présidentielles est redevenu pour la 3ème fois président d’une assemblée nationale. Le choix a été cornélien. Il y avait deux challengers Adrien 74 ans, ancien avocat exilé et candidat de l’opposition et Komi Kountché, brillant et jeune Économiste-Financier et Expert en Micro finance. La jeunesse contre la vieillesse et la vieillesse a gagné. Je dis malheureusement parce que ce candidat de 74 ans n’a plus rien à proposer aux jeunes béninois. Les députés ont voté, c’est leur choix mais ce choix pose bien de questions. A 74 ans, on n'a plus rien à offrir à son pays. A 74 ans, on est plus en mesure de diriger de grands débats, à 74 ans on est épuisé même si on teinte à longueur de journée sa tête pour faire disparaître la blancheur qui l’envahit. Il faut savoir se ranger et permettre à d’autres de poursuivre l’aventure. Teinter ses cheveux ne rajeunit pas
Jeunes, je ne comprends pas ce choix. Pour moi il y avait mieux à choisir surtout que l’opposition regorge de jeunes talents qui peuvent valablement diriger l’assemblée nationale. Ce choix me parait un vrai choix à défaut. Mais ce choix n’augure pas une bonne lecture de la suite. Adrien Houngbédji a parfois fait des choix politiques contraire à l’éthique. On ne réécrit pas le passé et sur la base de ce passé, l’heureux élu à l’assemblée nationale du Bénin a déjà joué de vilains tours à ses amis. En 1998, il a décidé contre toute attente de soutenir Kérékou, celui-là qu’il a toujours combattu. Il a été nommé premier ministre sans véritable pouvoir. En en décembre 2009, le même Adrien alla chez les Soglo pour une repentance ridicule devant les caméras de télévision. Devant l’ancien président Soglo, qui fêtait ses 75 ans, Adrien s’exclama : « Je dois avouer ne pas toujours avoir été à vos côtés par le passé. Certaines de nos campagnes électorales ont été tumultueuses. J’ai été, je l’avoue, fébrile et inquiet et j’ai manqué de confiance et de perspective face aux soubresauts. Mon souci était de préserver les miens et leurs acquis. De ce souci, découlèrent mes choix. Je ne voulais pas faire du mal. Mais puisque j’ai fait mal j’en demande pardon… ». Cette confession se passait à la veille des présidentielles de 2011. Et on comprend aisément que le leader du PRD se rabaisse chez les Soglo dans le but de capter leur électorat. C’est vrai que Jésus a dit « qui s’abaisse sera relevé » mais cet abaissement n’était ni biblique ni prophétique et comme rien de bon ne sort du mensonge, la suite lui a été fatale. Malheureusement, il a été victime du Ko devant Yayi Boni. Adrien Houngbédji est atteint par la limite d’âge de 70 ans. Son rêve de devenir président du Bénin n’a pas été exaucé.
Aujourd’hui, il tente de rassembler derrière lui une opposition hétéroclite sans véritable leader. Et c’est là que le jeu devient dangereux. Cette opposition s’est liée pour arracher à Yayi le perchoir de l’assemblée nationale mais compte dans ses rangs plusieurs candidats probables aux présidentiels comme Robert Gbian. La lutte risque d’être rude à l’interne.
Au Bénin, négliger la part importante du régionalisme dans les choix des électeurs serait renié son propre nom. En effet, à regarder le choix des électeurs béninois depuis belle lurette, on peut parler simplement de vote régionaliste. Chacun est député de son village et de sa région natale. L’opposition est restée dans ses fiefs du sud et la majorité même si elle a glanée des voix un peu partout est restée maître du Nord et du centre. Ces élections révèlent à nouveau que le Bénin a un palier à franchir pour devenir un modèle démocratique. Mais en remontant dans le temps, le passé nous révèle que la jarre trouée du roi Ghézo n’est pas un symbole à valeur de consensus. C’est difficile pour les vendus esclaves de se retrouver dans un symbole qui ne leur rappelle que de mauvais souvenir, un symbole douloureux pour les miens.
C’est le grand défi à relever au Bénin, celui de faire des fils et des filles du Bénin des bâtisseurs d’un état nation. Et le Bénin doit beaucoup apprendre sur ce chemin si fragile de l’unité nationale. Il ne faut pas chanter l’unité nationale mais cela doit devenir un comportement.
La politique ne saurait être un garage de vieux qui n’ont plus rien à offrir. Mais je comprends le jeu de l’opposition et un adage le résume si bien : A défaut de sa mère, on tête sa grand-mère. L’opposition béninoise a décidé de s’abonner à la vieillesse classe politique. Elle a refusé d’offrir une place à la jeunesse. Elle est bien unie contre Yayi et on espère qu’elle aura les reins solides pour rester uni avec elle-même avec le même zèle et le même courage. Tout sauf Yayi a fonctionné. Maintenant le combat sera interne et c'est là que le jeu devient périlleux.
Si la politique était une équation mathématique, prédire la suite serait chose simple. Mais malheureusement, en politique, le ridicule ne tue pas. Alors avant la fin de cette 7ème législature de 4 ans, il y aura de la transhumance et les déçus iront brouter dans des eaux plus favorables. Ils sèmeront suivant leur intérêt personnel. Et ça sans être prophète, je peux le prédire. Le changement c'est l'engagement. Pauvre politique, pauvre Bénin.



Serge Xavier Oga
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