Maman Rosine Vieyra Soglo n’a pas fait de cadeau à qui que ce soit lors de l’élection des membres du bureau de l’Assemblée nationale, 7ème législature. De Janvier Yahouédéou à Marcel de Souza en passant par Joseph Djogbénou, Augustin Ahouanvoèbla, chacun a eu droit à sa dose, parfois agrémentée d’humour, mais généralement choquante.
Si les déclarations de la doyenne d’âge ont été accueillies avec un sourire bienveillant chez certains députés que Maman Rosine trouvait agaçants et enquiquineurs, elles ont par contre irrité le député Marcel de Souza, ministre du Développement. Informée de la présence de ce dernier à l’Hémicycle qui avait déjà donné sa procuration à l’un de ses collègues du camp Yayi Boni, la doyenne d’âge ne s’est pas embarrassée de scrupules pour lui jeter au visage ce qui suit : « Il avait déjà des cadavres dans sa valise, il ne va pas encore nous fabriquer d’autres valises de cadavres ici ». La réponse de Marcel de Souza a été immédiate : « Maman moi, je n’ai aucun cadavre dans la valise ». Coutumière des piques assassines et n’ayant jamais sa langue dans la poche, Rosine Vieyra Soglo a jeté un pavé dans la marre de Marcel de Souza, qui doit se demander si de telles déclarations s’adressaient directement à lui ou à quelqu’un d’autre. Pourquoi lui ? L’affaire des cadavres dans les valises a été évoquée pour la première fois par l’ancien président de l’Assemblée nationale, Mathurin Koffi Nago, à l’occasion de la création officielle de l’Alliance des Forces démocratiques unies (Fdu) le 14 mars 2015 au Palais des Congrès à Cotonou. Dans un long réquisitoire contre le régime Yayi Boni, Mathurin Nago, alors deuxième personnalité de l’Etat, a déclaré qu’il n’a peur de rien et qu’il n’a pas de cadavres dans les valises. Ces déclarations laissaient transparaître des soupçons de crimes de sang auxquels le nom du régime Yayi Boni est lié. Avant la révélation de cette affaire, beaucoup demandaient des comptes à ce régime sur la disparition de Pierre Urbain Dangnivo et Bernadette Sohoundji, le premier disparu mystérieusement et la seconde, abattue froidement par des malfrats. Après ces actes perpétrés, on y voit l’œuvre de l’équipe dirigeante dont fait partie Marcel de Souza. Les insinuations de Rosine Vieyra Soglo permettent-elles d’établir des responsabilités dans ces disparitions ? Si l’on s’en tient à ses déclarations, elle insinue que Marcel de Souza est concerné par l’affaire des cadavres dans les valises. Ministre du Développement au sein de l’équipe dirigeante et beau-frère du président de la République, on se demande quel serait son degré d’implication ? Rosine Vieyra Soglo et Mathurin Nago sont des personnes ressources à même d’établir des responsabilités.
Fidèle Nanga