La présence de la Renaissance du Bénin (Rb) dans la nouvelle équipe gouvernementale de Yayi Boni ne peut pas laisser indifférent. D’aucuns disent qu’en optant pour ce choix, la Rb s’expose et risque d’en payer négativement les frais.
Plusieurs raisons sont évoquées ici et là, pour justifier le maintien de la Renaissance du Bénin dans le nouveau gouvernement de Yayi Boni. D’abord, l’ex-ministre de l’Environnement, Blaise Ahanhanzo-Glèlè, membre de la Rb vient de passer un moment difficile au gouvernement. Entre autres déconvenue l’ancien maire d’Abomey a passé 3 jours en détention à Brigade économique et financière (Bef), suite au scandale de la construction du siège de l’Assemblée nationale. On ne sait d’ailleurs pas s’il est totalement lavé de tout soupçon, ou s’il est toujours poursuivi. Christian Sossouhounto, son successeur, membre également de la Rb, hérite donc d’une patate chaude. Et s’il ne fait pas attention, il va aussi se brûler les doigts. Déjà, le fait de remplacer un ministre de la Rb par un autre, à la tête d’un même département ministériel n’est pas un fait anodin. Si ce n’était pas une maladresse de plus de la part de Yayi, cela ressemble pratiquement à un piège politique. On peut en conclure que Yayi Boni cherche à piéger le parti des Soglo. Mieux, il y a de folles rumeurs qui circulent quand à sa détermination à leur arracher la mairie de Cotonou. Histoire de montrer son hégémonie. Sur le terrain en tout cas, ses troupes Forces cauris pour un Bénin émergeant (Fcbe), et Marcel de Souza harcèlent constamment la Renaissance du Bénin. Le beau-frère de Yayi a certainement des appétits, et ne s’en cache pas.
L’équilibre fragile de la Rb
Tout porte à croire que les membres de la mouvance présidentielle veulent réduire le terrain de la Rb. Et l’insistance de Yayi Boni à avoir un membre de ce parti dans son équipe gouvernementale prête à équivoque. En remontant un peu plus loin dans le passé, on se rappelle que les rapports entre Yayi et la Rb ont été plus orageux que cordiaux. Le couple Soglo n’étant pas des enfants de chœur en politique, Yayi Boni n’a pas jusque-là réussi à imposer une marche à suivre à leur parti. Et ce n’est pas faute d’avoir essayé. A défaut donc d’avoir pu démanteler le parti des ses mentors, il s’est contenté de diviser la famille, en attirant dans les mailles de son filet le cadet Galiou. Il s’en est suivi une période difficile à vivre pour les Soglo. Réponse du Berger à la bergère, la Rb s’est alors laissée tenter par l’expérience d’une opposition frontale. Le parti à la veille de la présidentielle de 2011, a été l’une des chevilles ouvrières de l’avènement de l’Union fait la Nation (Un). On a alors vu partout dans le Bénin, Léhady Soglo s’afficher avec les barons de l’échiquier politique national. Si l’expérience avec l’Un et le candidat Adrien Houngbédji qui avait défendu les couleurs de cette coalition à la présidentielle de 2011, avait été concluante, l’avenir politique de la Rb se dessinerait aujourd’hui autrement. Malheureusement, il en a été tout autre. Le parti des Soglo est ainsi rentré en crise. Une crise de maturité. A cela s’ajoutent les défections réelles ou annoncées. Celle du député Parfait Houangni en est une.
Le jeu de cache-cache
Tout ceci, mis bout à bout, démontre que sensiblement la Renaissance du Bénin perd du terrain. Et perd aussi son influence. Son identité est d’autant plus floue, qu’elle n’a plus eu l’occasion de gérer les affaires publiques et participer vraiment à travers plusieurs représentants, à l’exercice du pouvoir d’Etat. En conséquence la Rb n’a pas eu l’occasion de s’injecter du sang frais, et de régénérer son idéologie. Le fait que Christian Sossouhounto participe au jeu « peu sérieux » que joue Yayi actuellement, fait peser sur le parti un couteau à double tranchant. Car apparemment, Yayi Boni cherche toujours à en découdre avec les Soglo. Il ne faut pas se leurrer. Sachant que dame Soglo ne le porte pas guère dans son cœur, Yayi sait que la Rb ne peut lui être autrement soumise, ni faire son jeu. Le cri de cœur de Rosine Soglo au Parlement, concernant les velléités de violence et les menaces proférées par Yayi Boni à son domicile, est encore frais dans nos mémoires. La doyenne d’âge de l’Assemblée nationale, peu encline à amuser la galerie, n’a d’ailleurs pas été contredite jusqu’là. Dans son interview débridée du 1er août 2012, l’aigreur, la violence et les propos régionalistes du docteur, ont donné raison à dame Rosine. Donc, on peut arguer, sans risque de se tromper que, entre le président et ses mentors d’entre-temps, c’est un jeu de » je t’aime moi non plus », un jeu de cache cache. On se regarde en chiens de faïence. La guerre n’est pas vraiment déclarée, mais la hache semble suspendue. Dans cette situation d’exister entre deux chaises, une question se pose : comment l’héritier Lehady Vinagnon Soglo parviendra-t-il à tirer son parti vers le haut ? De la réponse à cette question dépendra la survie politique de la Rb.