Kevin Quenum raconte dans ce post la "nuit électorale" du 19 mai 2015, au Palais des Gouverneurs, à Porto Novo, telle que la rédaction d'Afrika 7 l'a vécue, entre les prophéties de Virgile Ahissou et les admonestations de la "Première Dame-Maman" nationale, Rosine Vieira Soglo...
Peu de Béninois ont dormi dans la nuit du 19 au 20 mai. Qu’ils vivent au Benin ou à l’étranger, ils ont veillé, pour ne pas se faire conter l’événement.
L’enjeu était de taille. Une élection pas comme les autres: une sorte de deuxième tour de la présidentielle de 2011, dont plusieurs Béninois estiment, à tort ou a raison, avoir été spoliés.
Un match à distance entre Yayi Boni, que nombre de ses compatriotes affublent des gais noms de “mécanicien du tripatouillage”, “Docteur ès fraudes” ou encore “le Zorro de l’embastillade”, et Adrien Houngbédji, l’opposant historique, trop soft pour occuper un fauteuil présidentiel qu’il a sans doute gagné en 2011, trop poli pour défier l’homme des mille scandales.
Pour comprendre les enjeux, voici une rapide remontée dans le temps.
En 2011, à la veille de la présidentielle, peu donnaient cher de la peau de Yayi Boni. Trempé dans l’un des plus gros scandales de l’histoire du Bénin, l’affaire ICC Services.
Adrien Houngbédji, fin politicien, avait flairé le coup. L’affaire, pour lui, sentait le JACKPOT. Parallèlement, la classe politique, qui cherchait à prendre sa revanche sur un Yayi Boni trop impérial et trop arrogant, était déterminée à bouter dehors celui qu’on appelait “l’intrus de Tchaourou.”
Adrien Houngbédji ne pouvait rêver de meilleur scenario: l’opposition était réunie autour de lui, la population semblait déjà excédée des cinq ans de Yayi et la perspective d’un deuxième mandat donnait du prurit à une frange importante de l’électorat.
Match retour
Pourtant, en dépit de la débauche de moyens déployés, en dépit de la verve légendaire de Houngbédji, l’homme-verbe, malgré la stratégie de gagne mise en place par l’opposition, nonobstant la dextérité de la campagne de l’opposition, c’est Yayi Boni qui remportera le scrutin, au… premier tour.
La farce était grossière, mais elle est tout de même passée comme une lettre à la poste.
Une menace de l’est, venue de Jonathan-l’Emasculé, a eu raison de la détermination d’une opposition groggy.
Adrien Houngbédji, pour des raisons liées au calendrier électoral, ou a des calculs d’opportunité politique, n’avait pas jugé utile de se présenter aux élections législatives.
Il sera donc absent du parlement pendant quatre ans, mais pas de la scène politique.
Mais, s'en tient-il à sa ligne sempiternelle de la nécessité d’insuffler une certaine dose de dialogue en politique, y compris avec l’ennemi d’hier, que d’aucuns tiennent pour le “voleur de voix”, au sens propre de fraudeur, comme au sens figuré de “taiseur de voix"?
Il se fait bien vite accuser de céder aux sirènes du pouvoir.
Invite-t-il, aux aurores de l’affaire Talon, à garder le calme? L’aile dure de l’opposition réclame sa tête.
C’est que dans ce Bénin fou de Yayi Boni, l’enfer, le diable, c’est le roi.
Houngbédji connaitra une longue traversée du désert, de ce désert au sable chaud, sans oasis, havre ou îlot de répit et semé d’embûches, où la trahison de ses plus proches collaborateurs est vécue avec douleur, mais fatalisme et philosophie.
Adrien Houngbédji, que ses adversaires avaient tenu pour fini et mort, tel le sphinx, renaît de ses cendres, à l’occasion des élections législatives du 26 mars 2015, où son parti réalise, de l’avis des observateurs, un score plus qu’honorable.
Pendant ce temps, le voleur de voix, s’il arrive premier lors du scrutin, commet plusieurs erreurs politiques, dont la moindre n’est pas d’avoir essayé d’embastiller le bouillant député de Cotonou, Candide Azannaï.
Bourde
Entre-temps, l’opposition se réunit de nouveau autour de son leader charismatique. Les amis d’hier lui proposent d’aller au charbon.
On voit en lui le seul qui, avec son habileté politique et sa classe, est à même de barrer la voie aux velléités autocratiques du régime sortant.
En face, Yayi, jamais à court de bourdes, désigne son jeune loup Komi Koutché, pour ravir le perchoir à une opposition qui le convoite avec avidité.
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