Le Bénin vit, depuis quelques semaines, une crise sans précédent dans trois secteurs essentiels de sa vie socioéconomique. L’énergie électrique, l’eau et l’essence sont aujourd’hui d’une extrême rareté. Ce qu’il convient d’appeler la crise des « 3E », frappe de plein fouet les Béninois qui, face à la lenteur du gouvernement à y apporter des solutions palliatives, ne savent plus à quel saint se vouer.
Par les temps qui courent, un occidental qui foule pour la première fois le sol béninois, risquerait d’écourter son séjour, sinon de rebrousser chemin dès le lendemain de son arrivée. Il ferait l’amer constat que les conditions de vie sous nos cieux ne sont pas des meilleures.
Pas d’énergie électrique, pas d’eau, pas d’essence. Les Béninois sont, de nos jours, régulièrement privés de ces trois denrées indispensables pour la vie en société. Les désagréments qu’induit cette crise sont considérables. Les villes sont plongées dans le noir pendant une longue durée ; ce qui pourrait favoriser un retour de l’insécurité dans certains quartiers. De même, ces coupures interminables ralentissent le rythme de travail dans l’administration publique en particulier, laquelle est connue pour sa lourdeur, et dans les administrations en général.
Du coup, c’est tout le pays qui tourne au ralenti, l’énergie électrique étant vitale pour tous les secteurs d’activités. Ensuite, les déplacements sont limités du fait de la cherté, sinon de la rareté de l’essence, aussi bien à la pompe qu’au niveau des vendeurs du « Kpayo ». Toutes les énergies sont concentrées dans la recherche de ce liquide précieux. Enfin, l’eau, source de vie, fait aussi défaut. De façon quasi automatique, l’eau de la Société nationale des eaux du Bénin (SONEB) est coupée en même temps que l’énergie électrique de la Société béninoise d’énergie électrique (SBEE). Difficile donc de se laver et de garder son environnement propre.
54 ans d’indépendance ou de dépendance ?
Face à cette situation, le gouvernement ne semble pas prendre le taureau par les cornes. Les Béninois lui reprochent une lenteur dans la réaction. Mais quand on sait que le Bénin est un pays à économie essentiellement fiscale, qui ne produit rien et qui consomme tout, on ne peut tenir grief au gouvernement. En effet, nous sommes ravitaillés en essence de contrebande via le grand voisin de l’Est et la Société nationale de commercialisation des produits pétroliers (SONACOP) s’approvisionne auprès de fournisseurs étrangers. De la même manière, notre pays ne produit pas de l’énergie électrique. La SBEE n’est qu’une société distributrice de l’énergie que nous livrent le Togo, le Nigeria, le Ghana à travers la Communauté électrique du Bénin (CEB). Quant à l’eau, les machines de la SONEB nécessitent de l’énergie électrique pour fonctionner à plein régime. Celle-ci étant défaillante, le système d’approvisionnement en eau en a pris un coup.
Au total, le Bénin présente toujours des signes évidents de dépendance, 54 ans après son accession à la souveraineté nationale et internationale. Les dirigeants présents et futurs doivent en prendre conscience et travailler davantage dans le sens de l’amélioration des conditions de vie des Béninois. En l’occurrence, ils devront œuvrer pour assurer aux citoyens la fourniture permanente de l’énergie électrique, en quantité et en qualité. C’est un préalable déterminant que le deuxième Compact du MCA, espérons-le, aidera à régler pour le bonheur de tous.
Prince AKOGOU