L’Église catholique se retire du processus électoral au Burundi, à une semaine des élections législatives et alors que le pays est plongé dans une grave crise politique, a annoncé jeudi le président de la conférence des évêques dans ce pays.
Après avoir considéré la manière dont ces élections sont organisées et leur évolution actuelle (…), nous, évêques de l’Église catholique, avons estimé qu’il convenait que les prêtres démissionnent et cèdent leur place à ceux qui peuvent continuer le travail au sein des commissions électorales où le clergé occupe des fonctions importantes, a déclaré Mgr Gervais Bashimiyubusa sur la radio catholique Radio Maria.
Il y a quelques jours, nous avons sorti un communiqué qui contenait nos souhaits pour que le processus électoral en cours réponde aux conditions requises pour de bonnes élections crédibles, a indiqué Mgr Bashimiyubusa, lisant un communiqué de la conférence des évêques.
Nous en avons profité pour déclarer que l’Église pourrait se retirer du groupe des intervenants qui organisent ces élections vu que l’Église ne peut pas cautionner des élections pleines de lacunes, a expliqué le prélat, rappelant que le clergé avait dû donner aux prêtres une permission spéciale pour qu’ils puissent participer aux commissions électorales dans les provinces et les communes.
L’Église a également appelé ses fidèles à aller voter le moment venu mais que personne ne vote par menace ou intimidation de quelque nature que ce soit, ou parce qu’il a été acheté d’une façon ou d’une autre. Aux yeux de Dieu, il serait comme un esclave du mal, a-t-il souligné.
Des législatives et des communales sont prévues le 5 juin, avant la présidentielle du 26 juin. Le Burundi est plongé dans une crise politique depuis l’annonce fin avril de la candidature du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat, avec des manifestations quotidiennes à Bujumbura, sévèrement réprimées par la police. Les violences ont fait plus d’une trentaine de morts en un mois.
L’Église catholique, importante force morale au Burundi, avait pris position en mars contre un troisième mandat de M. Nkurunziza.
Cette nouvelle annonce est un coup très dur pour la crédibilité du processus électoral, a jugé un analyste local. Des prêtres sont à la tête d’au moins cinq des 17 commissions électorales provinciales, d’autres sont vice-présidents, beaucoup dirigent également ces commissions au niveau des communes.
Malgré son retrait, l’Église catholique burundaise souligne cependant que ces élections constituent la seule bonne voie pour un renouvellement des institutions.
La conférence des évêques a également appelé les forces de l’ordre et les manifestants anti-Nkurunziza, qui s’affrontent quotidiennement dans les rues depuis plus d’un mois, à ne pas tuer, car c’est un mal absolu.
AFP