L'Autorité nationale de lutte contre la corruption (Anlc) s'est prononcée ce vendredi 29 mai 2015 sur trois dossiers dont le gouvernement l'a saisie. Il s'agit des affaires de présumées malversations à la SBEE et à la SONACOP qui ont entraîné l'emprisonnement puis la libération des directeurs généraux de ces sociétés et de l'affaire concernant Me Hélène Aholou-Kèkè.Concernant le dossier de la SONACOP, le président de l'Anlc, a dit déplorer le non renouvellement du mandat de dépôt contre l'ancien directeur général précédemment mis aux arrêts. C'est l'observation principale qu'ont faite Guy Ogoubiyi et ses collègues. Ils demandent alors au chef de l'Etat de faire situer les responsabilités afin que le non renouvellement réglementaire du mandat de dépôt au bout de six mois de détention d'Expédit Houessou soit expliqué. Ainsi, le Président de la République lui-même sera éclairé de son étonnement de voir le mis en cause libéré. Pour ce qui est de l'affaire concernant l'ancien directeur général de la SBEE, Marius Hounkpatin et certains de ses colloborateurs, l'Anlc s'est refusée à tous commentaires parce qu'une procédure judiciaire est en cours sur le dossier.
Le cas Me Hélène Aholou-Kèkè
A la mi-mars 2015, la presse a fait état de ce que l'avocate Hélène Aholou-Kèkè aurait mal géré des fonds perçus pour le compte de l'Etat béninois. Le chef de l'Etat avait alors saisi l'Anlc pour éclairer l'opinion et indiquer la conduite à tenir. Guy Ogoubiyi s'est longuement attardé sur l'affaire. Elle remonte aux années 1990 quand la justice a condamné l'ancien ministre de l'Intérieur, Mohammed Cissé (d'origines sénégalaises) et consorts à verser à l'Etat béninois une somme de près de six milliards et demi de francs CFA. Seulement 1,7 milliard seront effectivement recouvrés. La procédure de recouvrement des fonds restants a pris des années.
C'est finalement en 2008, avec le concours de Me Hélène Aholou-Kèkè, que le gouvernement a pu faire saisir et vendre des biens de Mohammed Cissé dans son pays, le Sénégal. Cependant, les fonds issus de cette vente n'ont pas totalement été mis à la disposition de l'Etat béninois, l'avocat sénégalais mis à contribution à cette fin par Hélène Aholou-Kèkè ayant opéré des retenues sur lesdits fonds en guise d'honoraires.
Ce qui en reste, soit un peu plus d'un milliard 50 millions de francs, consigné sur deux chèques a été encaissé en août 2008 sur le compte bancaire du cabinet de Me Hélène Aholou-Kèkè, avocate de l'Etat béninois dans l'affaire. Elle à son tour refuse de rétrocéder les fonds encaissés à l'Etat, en tous cas pas avant qu'elle en ait retenu ses honoraires, et d'autres frais correspondants à sa rémunération pour diverses autres prestations rendues à l'Etat béninois. C'est finalement en novembre 2010 qu'elle a viré sur les comptes du trésor public, la somme d'environ 520 millions sans préciser si la restitution était ainsi terminée ou pas. Pour contester, l'Agent judiciaire du trésor effectue une saisie sur tous les biens de Me Hélène Aholou-Kèkè avant de renoncer deux semaines après.
Les observations de l'Anlc
L'Autorité nationale de lutte contre la corruption observe d'abord qu'aucun contrat de prestation n'a été signé entre le gouvernement et Me Hélène Aholou-Kèkè. C'est pour cela, avant d'envisager des poursuites au niveau pénal de son avocat conseil, l'Etat béninois doit au préalable vider le litige d'honoraires qui se pose en ce cas précis. Soucieuse de la non dilapidation des ressources publiques, l'Anlc indique au gouvernement de respecter le délai de deux ans courant jusqu'à fin décembre 2016 pour régler avec Me Hélène Aholou-Kèkè le litige. L'interlocuteur indiqué dans cette circonstance, précise le président de l'Anlc,est le bâtonnier de l'ordre national des avocats du Bénin.