L’année 2014-2015, au Bénin, émerge dans le lot des dernières années
scolaires, comme une particularité. Elle tient progressivement les
promesses d’une année académique ordinaire, en attendant les résultats
des examens de fin d’année, qui viendront confirmer ou infirmer les
différentes thèses émises quant aux taux de réussite enregistrés par
les années précédentes. Car différentes positions et divers points de
vue se sont fait jour, à propos des fortunes diverses connues par les
années entachées de mouvements de grèves dont les conséquences, de
notoriété publique, ont fortement influé sur les résultats scolaires.
D’aucuns ont accusé le système éducatif dans son ensemble, pendant que
d’autres observateurs et analystes ont cru voir le coupable ailleurs,
les uns accusant les enseignants grévistes, les autres mettant sur le
compte des élèves eux-mêmes les causes justifiant leur insuccès criard
et criant. Mais il suffit d’un regard rétrospectif, responsable et
réaliste, pour comprendre que le débat mérite d’être cerné de plus
près, et que la grève, toute analyse faite, constitue une épine de
taille qui, en tant que telle, inhibe indéniablement l’évolution
souhaitée d’une année scolaire vers les objectifs globaux que
s’assigne le monde scolaire : des résultats encourageants et un niveau
satisfaisant pour les apprenants. Parvenir à ces objectifs, c’est donc
réunir les ingrédients permettant de concocter une année qui unit plus
qu’elle ne désunit les acteurs impliqués dans l’atteinte desdits
objectifs, et c’est ce qui, justement, fait la particularité de
l’année scolaire qui s’achève ; en ce qu’elle a réussi à braver les
embûches qui se sont dressées devant elle, parvenant ainsi à garder
intactes et inviolées les différentes étapes qui font d’une année
scolaire une réussite ; du moins, sur le plan de l’apaisement général,
et des relations entre les syndicats et les autorités
gouvernementales. Il convient, au demeurant, de féliciter tous les
acteurs concernés par cette évolution positive, qui fait le bonheur
des élèves et de leurs parents, et bonne pour le moral de toutes les
populations béninoises. C’est une tendance dont il faut souhaiter la
poursuite, et croiser les doigts, afin qu’elle s’améliore au fil des
années. Car, si l’année 2014-2015 a pu produire une telle situation
nonobstant le contexte sociopolitique extrêmement tendu du Bénin au
cours de la même période, c’est la preuve que le dialogue social peut
être mené autrement, que les élans contestataires parfois excessifs
des centrales syndicales peuvent être maîtrisés, et que les
gouvernants peuvent afficher davantage de disponibilité pour une
meilleure écoute des syndicats. Et, quoiqu’il existe une opinion qui
croit que les syndicalistes ont enterré momentanément la hache de
guerre afin d’éviter de se faire étiqueter, et de se faire attribuer
des couleurs dans la perspective des joutes électorales de 2016, il
est permis de croire également que le sens de responsabilité des uns
et des autres a dû bien prévaloir.
Sébastien DOSSA