Ingénieurs, techniciens et ouvriers sont déjà actifs sur le chantier de reconstruction du chemin de fer entre Cotonou-Parakou. Les travaux entamés concernent d’abord une première phase de 50 kilomètres lancée hier mardi 2 juin par le président de la République.
Les Cotonois peuvent déjà voir du concret dans le long processus de réhabilitation de la ligne ferroviaire Cotonou-Parakou. Les techniciens de chemins de fer ont entamé la pose des premiers rails, symbolisant le démarrage effectif de la construction d’une première phase de 50 kilomètres, reliant la localité de Pahou à Cotonou puis Porto-Novo. «Nous avons décidé de commencer dès maintenant les 50 premiers kilomètres. Nous allons faire 30 kilomètres de Cotonou jusqu’à Porto-Novo et une vingtaine de kilomètres pour gagner Pahou», indique Vincent Bolloré, PDG du groupe éponyme. L’intérêt de cette première phase, souligne-t-il, c’est d’ouvrir une ligne de transports passagers Cotonou-Pahou et Cotonou-Porto-Novo. «Nous allons vous proposer dès décembre une inter-cité. Nous allons acheter des autorails que nous pensons inaugurer avant décembre prochain», ajoute Bolloré qui n’exclut pas le prolongement de la ligne Est jusqu’à la ville de Badagry au Nigeria.
Le coût total de l’investissement sur Pahou est estimé à plus de 8 milliards de francs CFA. Ces travaux vont consister à l’acheminement de 2 700 tonnes de rails neufs, 42 000 traverses en béton, 35 000 tonnes de ballast, au remplacement complet des rails, traverses et ballast. Il est également prévu la réhabilitation de quatre gares, à savoir Cadjèhoun, Saint Jean, Godomey, Cococodji et Pahou. D’autres matériaux sont annoncés pour poursuivre les travaux sur Porto-Novo qui devra aussi abriter une nouvelle gare. Le rythme de travail indiqué est de 700 mètres de rails par jour.
Pour Vincent Bolloré, l’amélioration de la mobilité à Cotonou et sa banlieue s’inscrit parfaitement dans l’agenda du projet de la Boucle ferroviaire et constituera une réelle avancée pour des milliers de personnes qui sont confrontées chaque jour à l’engorgement du trafic routier pour rejoindre le centre de Cotonou. Pour autant, il entend accélérer le projet afin que la liaison entre le Bénin et le Niger se fasse dans les meilleurs délais. «Nous avons déjà fait 150 kilomètres entre Niamey et Dosso pour un investissement de 60 milliards de francs CFA. Si ce n’est pas pour rejoindre Cotonou, cela n’a aucun intérêt de faire une voie au milieu du désert», insiste-t-il, rappelant qu’il s’agit d’un projet ambitieux de 2700 kilomètres devant ceinturer les cinq pays du Conseil de l’Entente. «Il y a un long plan qui part de Cotonou à Dosso. Nous allons commencer des travaux entre Dosso et Parakou pour que les deux équipes se rejoignent», conclut-il.
«Au-delà des interconnexions routières et énergétiques, nous accordons une place de choix à l’interconnexion des rails. Ce dont nous parlons ici, c’est de la boucle ferroviaire qui va rapprocher les peuples, les économies, avec toutes les retombées économiques que vous savez, une main d’œuvre locale à exploiter déjà formée, et des économies d’échelle à créer», se réjouit le président de la République. Boni Yayi estime que le groupe Bolloré a compris très tôt l’intérêt d’investir en Afrique. Et son investissement semble, à son avis, un pari gagné. «C’est un investissement rentable dans la mesure où il est prévu des trains aussi bien pour les personnes que pour les marchandises. Cela permettra au Bénin d’être considéré comme un hub sous-régional de négoce et de services à forte valeur ajoutée», assure le chef de l’Etat. Boni Yayi soutient que ce qui se joue sur la boucle ferroviaire vient donner du contenu à la vision 2063 de l’Union Africaine.
Pour les 50 kilomètres de rails à poser, Bolloré prend le pari de finir avant décembre prochain aux fins de mettre en service un train interurbain, au bénéfice de Benirail, la nouvelle société créée sous les cendres de l’OCBN.
Gnona AFANGBEDJI